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Extraits statistiques basés sur le vocabulaire spécifique du discours
Qui utilise le plus le mot «maison» ?
Distribution statistique du mot chez l'ensemble des locuteurs du corpus.
Les thèmes autour du mot «maison»
Analyse multi-couches
de la cooccurrence autour du mot choisi dans le discours du qui
F. Mitterrand - 6 mars 1995
Interview à france trois à jarnac
On m' en a proposé plusieurs . Je n' ai fait aucun effort d' imagination . Il y a eu des propositions dont certaines portaient mon nom : je ne l' ai pas souhaité . Et je trouvais que " l' Orangerie " , qui est le nom même du lieu , Quai de l' Orangerie , au bord de la Charente , que j' ai toujours connu depuis ma petite enfance , s' adaptait le mieux . Et en plus c' est beau , l' Orangerie !
Comme je l' ai expliqué tout à l' heure , j' ai réparti en 4 fondations l' ensemble des objets que j' ai reçus pendant mes septennats . Les objets divers ,-dont certains objets très intéressants , d' autres moins , peu importe ,-cela constitue le fonds du musée de Château-Chinon , qui est un musée relativement important . Les livres : j' en ai envoyé 18000 environ , pour l' instant , au centre culturel Jean Jaurès à Nevers . Les tableaux : ils sont allés au musée de peinture de Clamecy . Pourquoi ces trois villes ? Clamecy et Château-Chinon sont les deux principales villes de la circonscription que j' ai représentée et Nevers est la capitale du département de la Nièvre , département dont j' ai été l' élu pendant trente-5 ans . C' est donc toute ma vie publique qui se trouve là et j' ai voulu marquer ma gratitude à l' égard des habitants de ce département . Mais je ne pouvais pas oublier mon département d' origine , auquel je suis très attaché . J' ai donc mis à part les estampes , c'est-à-dire toutes les images imprimées par le cuir , par le bois ou par la pierre , et qui représentent un certain nombre d' œuvres originales intéressantes . J' y ai ajouté une quarantaine de sculptures , de façon à agrémenter l' exposition .
: Ces discours sont à la disposition de tout le monde .
: Je crois que c' est un lien évident : donc il faut s' y reporter . Je ne peux pas m' expliquer à moi-même ce que je suis et ce que je ressens sans retrouver tout ce qui m' a formé ici , en Charente : les images d'abord , les sensations , les impressions , les souvenirs de famille et puis l' environnement amical . Tout cela est lié et fait partie de moi .
: C' est vrai , jamais vraiment . Il y a toujours la maison , il y a les tombeaux de mes parents , grands-parents , arrière-grands-parents . C' est dire combien les racines sont profondes .
: Non . Je suis Saintongeais , j' ai les qualités et les défauts des habitants de ce pays mais la question ne s' est pas posée car je n' ai pas de demeure à Jarnac . La maison familiale appartient à l' une de mes sœurs , aujourd'hui . Tandis que Latché , c' est chez moi et c' est donc un peu différent . Mais j' aurais aimé habiter Jarnac . C' est la vie qui a fait les choses autrement .
: J' aurais été très fier de montrer la maison de mes parents , qui fut celle de mon enfance . Non , non , cette pudeur ne va pas jusque -là .
: Vous me posez là une question bien calée ! Je ne peux pas vous le dire . Mes origines , par mon père , sont berrichonnes et si j' ai dit qu' on était du pays de son enfance c' est parce que je n' ai pas vécu dans le Berry . J' ai vécu dans le pays de ma mère , ici même . Et si j' aime aller dans le Berry retrouver les traces de ma famille paternelle , il est vrai que tout ce qui est en moi se rattache à Jarnac ou à différents paysages de la Charente que j' ai connue autrefois . Alors , insaisissable ? Je ne sais pas . Je suis Charentais même si , en voyant les discours rassemblés ici , je pense que j' ai trop parlé , au fond , pendant ces quatorze ans . Mais je n' ai pas un naturel tellement bavard . J' aime bien me taire , et c' est vrai qu' il y a une forme de discrétion charentaise dont j' ai pris ma part .
: Oui , quand même ! Mais ici , je ne connaissais pas la montagne , ici , je ne connaissais pas la mer . Il fallait aller jusqu' à l' autre bout de la Saintonge . Pendant longtemps , j' ai cru que le monde s' arrêtait à la distance où pouvait me conduire ma bicyclette .
: Très bien , très bien ! Quelquefois , je les reconnais moins bien , parce que toute une vie moderne est passée par là : regardez les routes pour aller de Jarnac à Cognac . Mais je connais les détours et je passe par là .
: C' est saintongeais ! D'ailleurs , toutes les vieilles histoires saintongeaises m' ont été contées par des Saintongeais . L' un des mes arrière-grands-pères , qui s' appelait Beaupré Lorrain , a été , avec Burgaux des Marets , l' un de ceux qui ont essayé de ressusciter le dialecte charentais , le patois . Il le parlait fort bien , d'ailleurs ! Et j' ai trouvé , à travers ces fables , ces contes , ces récits , beaucoup d' exemples qui montrent que l' on considérait déjà depuis longtemps que la ténacité et la patience étaient charentaises .
: Non , pas du tout , ce sont les circonstances . A l' époque , c' était Félix Gaillard qui était député de la circonscription de Cognac et Jarnac . Je le connaissais d'ailleurs bien , j' avais avec lui des relations très cordiales . Mais il ne m' est pas venu à l' idée de venir le combattre ici .
: J' aurais bien aimé .
: Je n' ai pas de regret parce qu' ensuite j' ai vécu une vie politique passionnante dans la Nièvre , qui m' a beaucoup apporté .
: Cela , c' est autre chose . Je suis Saintongeais , essentiellement . Ma vie politique s' est déroulée entièrement dans le Nivernais et dans le Morvan . J' ai été leur représentant pendant trente-5 ans et l' on pourrait dire à la limite que je le suis toujours : donc , pendant quarante-neuf ans . Tout cela crée naturellement des attaches très fortes . Mais c' est une greffe , pas tout à fait le tronc original . Quant à Latché , c' est la maison , la maison familiale . J' y trouve beaucoup de plaisir , j' aime les Landes . C' est une qualité d' une nature un peu différente : je vais là-bas , mais je ne suis pas de là-bas .
J' y viens souvent . Je ne suis pas revenu depuis quelques mois mais je suis bien content aujourd'hui .
Il n' y a pas eu de rupture parce que les Jamaïcains ont été très gentils avec moi . Et si , dans l' ensemble de leurs suffrages , pour leurs élections locales , ils sont , en effet , de la couleur ou de la teinte que vous venez d' indiquer , lorsqu' il s' est agi de moi , ils m' ont toujours apporté un concours très important . Et j' étais très fier de cela . Ce n' était pas tellement pour moi , mais c' était en souvenir de ma famille ou peut-être à cause de l' amitié naturelle de gens du même pays , qui dépassait les idéologies .
Oui , on dit cela . Il ne faut pas trop répéter les mêmes choses .
Une forme de civilisation , que je vois dans le paysage , dans le langage , dans les mœurs , dans l' architecture : oui , c' est une forme de civilisation qu' on ne trouve pas partout .
Je crois que j' ai engagé beaucoup de constructions , de restaurations , et que j' ai eu la chance d' avoir le temps de le faire . Je pense que ce qui restera le plus , qui marquera le plus , cela sera tout de même la restauration du Louvre et l' ensemble de ses aménagements : la Cour carrée , la Cour Napoléon et puis les Jardins des Tuileries qui , comme vous le savez , vont être complètement remaniés . Mais , naturellement , je citerai la Bibliothèque de France parmi les travaux très importants que j' ai engagés , non seulement par le volume de l' édifice mais aussi par la signification culturelle qu' elle représente , puisqu'elle sera reliée à toutes les universités .
: Non , non . J' ai été très mauvais à la télévision , je m' y suis fait peu à peu et je ne sais pas quoi en penser maintenant . Mais il m' a fallu des années pour m' habituer à parler à des machines . Vous voyez , pour l' instant , je vous parle et j' ai complètement oublié qu' il y avait une machine qui nous écoutait , nous enregistrait et allait projeter cette image au loin : mais j' ai mis longtemps à l' oublier . Alors , c' est à la machine que je parlais et naturellement on parle mal à une machine .
: Pour l' instant , la campagne se déroule entre les candidats concurrents et je dois veiller à préserver , à la présidence de la République , tout ce qui peut signifier un consentement national qui , autrement , risquerait d' être déchiré par tous les bords . Alors , je m' efforce à la discrétion . Je m' y intéresse : je trouve tout à fait normal que des hommes et des femmes de qualité souhaitent obtenir le consentement populaire . Je l' ai souhaité moi-même , et je n' éprouve-comment dirais -je ? -aucun regret , car la vie est ainsi faite , de ce que , aujourd'hui , ce soient , après moi , d' autres qui se disputent la responsabilité principale . M' exprimerai -je avant le premier tour de scrutin ? Je vous dirais que je n' en sais rien . Je n' ai pas d' idées préconçues . Mes idées , on les connaît : on ne peut pas supposer que je vais apporter mes suffrages aux conservateurs , même si j' ai de l' estime pour eux . Mon choix se fera très facilement . Mais on aura l' occasion d' en reparler .
: Non , non . Vous en parlez beaucoup vous-même . C' est intéressant !
: Et merci aux Charentais !