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J. Chirac - 1er septembre 1995
Interview du président de la république pour le journal le point
Non . Au contraire tout confirme mon diagnostic . La fracture sociale est là . Elle est notre combat de chaque jour pour des raisons qui sont à la fois morales et économiques . Je constate d' ailleurs que ce diagnostic n' est plus contesté sérieusement par quiconque . Plus personne n' affirme que le chômage est une " variable d' ajustement " . Et l' augmentation de la dépense publique n' est plus considérée comme une réponse au chômage dans une période de fort endettement et donc de taux d' intérêt très élevés . Plus que jamais le changement s' impose .
C' est vrai qu' un certain scepticisme est à la mode . C' est vrai que les Français ressentent quelque impatience et que le changement souhaité leur paraît se faire attendre . Mais je leur demande de lutter contre la tentation du pessimisme . Notre pays a de grands atouts , et nous avons les moyens de les mobiliser . Rien , ni personne ne condamne la société française à glisser inexorablement comme elle le fait depuis quinze ans , vers plus de chômage , plus d' exclusion , plus d' injustice , plus d' assistance .
Mais le volontarisme , ce n' est ni l' improvisation , ni la précipitation , ni la méthode Coué . C' est la mobilisation de l' ensemble du pays derrière un projet compris et admis par tous . Les Français , c' est vrai , sont inquiets et l' inquiétude renforce toujours le poids des conservatismes et avive la crainte du changement . Mais il n' y a pas de perspective dans les solutions traditionnelles . Il faut , je le répète une fois de plus , poser un œil neuf sur les problèmes et imaginer les solutions nouvelles qu' on peut leur apporter . C' est dans cette logique que , depuis trois mois , le gouvernement s' est efforcé d' enrayer l' esprit de fatalisme et d' abandon pour retrouver , à l' intérieur comme à l' extérieur , les marges de manœuvre et de souveraineté indispensables . De la lutte contre l' exclusion par le contrat initiative - emploi , à la résistance en Bosnie , c' est le même esprit qui s' affirme .
Je crois qu' ils sont inquiets , d' abord parce qu' ils ressentent depuis trop longtemps la dégradation de la situation et l' affaiblissement de la France . Ils sont de plus en plus nombreux à vivre dans un climat d' insécurité . Surtout , ils ont le sentiment que tout a été essayé , et sans résultat . Je suis persuadé qu' avec les premiers changements perceptibles , ils retrouveront confiance .
Je suis profondément attristé du départ d' Alain Madelin . C' est un homme qui a des idées et du tempérament . Je n' oublierai pas qu' il m' a été fidèle dans des circonstances difficiles . Mais il faut comprendre que rien n' est plus préjudiciable à la réforme que les effets d' annonce intempestifs . On ne réforme pas en opposant les actifs aux inactifs , les salariés aux fonctionnaires , les patrons aux syndicats , les jeunes aux vieux , les villes aux campagnes .
Je vous rassure tout net . L' ardeur pour la réforme reste intacte . Mais pour réformer , il faut changer les mentalités , notamment au niveau de l' Etat . Les administrations doivent contribuer à la réforme et non la freiner . La dépense publique doit être réduite et rendue plus efficace . Il faut encourager les forces vives sur qui repose l' essentiel de nos perspectives de croissance , demander plus à ceux qui ont les moyens , réduire les injustices , s' attaquer aux privilèges sans les confondre avec les acquis sociaux . Mais la volonté de réformer , seule , ne suffit pas : le gouvernement doit aussi se donner la capacité de le faire , et pour cela , une certaine pédagogie des réformes est nécessaire . C' est la voie qu' a justement choisie Alain Juppé .
Notre protection sociale vit à crédit : 180 Mds F de déficit en trois ans . Elle coûte de plus en plus cher et les Français sont de moins en moins bien protégés , les plus défavorisés surtout . L' égalité devant la protection sociale qu' il s' agisse du chômage , des retraites , de la maladie , n' est plus garantie . De tous ces sujets , il faut aujourd'hui débattre . Les choix qui devront être faits ne sont pas seulement des choix techniques de simple gestion , ce sont aussi des choix de société . Le Premier ministre a défini sa méthode , qui est la concertation avec les partenaires sociaux , les grandes associations , le Parlement , sur les sujets en cause : la réinsertion des exclus , l' avenir des retraites , l' accès aux soins de qualité , l' importance des prélèvements obligatoires . Il ne doit pas y avoir de sujets tabous .
Au terme de ce débat , dès la fin de cette année , les réformes nécessaires seront décidées et aussitôt mises en œuvre .
L' audace dans les solutions n' exclut pas la sérénité de la réforme . Le changement en profondeur n' est pas le changement précipité .
Ne faisons pas semblant de découvrir qu' on parle de " changement maîtrisé " . C' est la définition que j' ai donnée du changement pendant toute la campagne . Il ne faut pas confondre hâte et précipitation , je l' ai dit 100 fois .
Ne faisons pas de procès d' intention . Ce n' est pas sur 100 jours qu' on juge un gouvernement qui a le temps pour lui et inscrit son action dans un septennat qui commence .
Au cours de la campagne présidentielle , j' ai posé un diagnostic et j' ai défendu une conviction qui est aujourd'hui partagée , je le disais tout à l' heure , par une très large majorité des Français : la nécessité du changement . J' ai pris des engagements qui seront tenus . Je veux que la France retrouve les voies du progrès social et que dans 7 ans , on ne puisse plus parler de fracture et que notre pays ait retrouvé son dynamisme . Ce changement est d' ailleurs engagé . Les mesures d' urgence ont été prises par le gouvernement d' Alain Juppé . Le contrat initiative emploi , la revalorisation du SMIC , le triplement de l' allocation de rentrée scolaire pour les familles , les logements d' urgence pour les plus démunis , un premier assainissement des finances de l' Etat , la réforme constitutionnelle . En 100 jours , ce n' est pas si mal ! Contre l' exclusion et le chômage , nous entamons des réformes de structure qui déboucheront dans les prochaines semaines telles que les prêts à taux zéro pour l' accession à la propriété , la prestation autonomie pour les personnes âgées dépendantes , le statut de l' étudiant , le plan de réhabilitation des banlieues , la loi - cadre sur l' exclusion , le plan en faveur des petites et moyennes entreprises et de l' artisanat , la lutte contre la drogue et contre le SIDA . Bref , il y a du pain sur la planche .
Vous savez , il faut aller vite mais il faut aussi donner toutes ses chances à la réforme . Il y a un temps pour la concertation : il doit être suffisant . Il y a un temps pour la décision et pour l' exécution : il doit être court . N' oublions pas également que la France est une des rares démocraties occidentales à disposer - d' ici aux prochaines échéances électorales - du temps et de la stabilité nécessaires pour se réformer .
Les conservatismes s' expriment dans des mentalités et des comportements qui s' opposent aux évolutions nécessaires . Mais , je le répète , il ne faut pas confondre les acquis sociaux qui participent d' une société de progrès et les privilèges qui participent d' une société d' inégalité .
Il faut réformer l' Etat , c' est évident . C' est l' intention du Premier ministre et j' attends des propositions concrètes du séminaire gouvernemental sur la réforme de l' Etat qui va se tenir en septembre .
La place de la France dans le monde , c' est bien l' affaire de tous les Français . La scène internationale a ses exigences et le Président a ses responsabilités . Les grands rendez-vous internationaux , la construction de l' Europe , la gestion des crises imposent leur calendrier . J' ai fait face , avec
le souci de défendre les intérêts de la France et de faire entendre notre voix . Mais la force de la France dépend , avant tout , de son unité donc de sa cohésion sociale et il n' y a pas eu de jour , sachez - le , où je ne m' en sois préoccupé .
Je n' ai ni surestimé , ni sous-estimé ces réactions . Responsable devant la nation de la sécurité de notre pays , après avoir largement consulté les experts compétents , j' ai considéré qu' il était indispensable d' achever le cycle prévu pour nos essais nucléaires et prématurément interrompu en 1992 . Il y va de la fiabilité , de la sécurité , de la sûreté de nos forces de dissuasion , dans un monde qui reste dangereux et incertain . En toute hypothèse , ces réactions , largement médiatisées , restent assez limitées et traduisent un très grand amalgame de craintes irrationnelles et de calculs politiques . Face à ces manifestations , la France a joué la carte de la transparence et du dialogue . Aucun pays n' a jamais été aussi loin dans l' ouverture de son site d' expérimentation à la presse , aux politiques , et surtout aux scientifiques , prouvant ainsi que nos essais sont totalement inoffensifs et n' ont aucune conséquence sur l' environnement .
J' ai donné des instructions pour que les manifestants soient accueillis avec un maximum de cordialité tant qu' ils ne portent pas atteinte aux exigences de la sécurité . Je pense que les choses se passeront bien , quelle que soit la recherche systématique du spectaculaire qui habite l' esprit de quelques-uns .
Dans quelques mois , à l' issue de cette dernière série d' essais , la France signera , comme je l' ai annoncé , le traité d' interdiction totale et définitive des essais nucléaires . Les craintes irrationnelles seront alors dissipées et , j' en suis sûr , la raison l' emportera . J' ajoute qu' une force française de dissuasion sûre et crédible est , à l' évidence , un atout important pour la défense européenne .
Ne soyons pas masochistes ! Aucun pays ne fait davantage que la France pour la recherche d' un règlement de paix dans l' ex-Yougoslavie . Aucun . Les événements de cette semaine en portent témoignages C' est parce que la France a pris l' initiative de créer la Force de réaction rapide que la posture militaire des Nations - Unies en Bosnie a changé . C' est à notre demande que la Conférence de Londres à tracé des lignes rouges autour des zones de sécurité protégées . C' est en application de cette nouvelle règle qu' une opération de grande envergure a pu être conduite conjointement par nos canons et les avions de l' Alliance atlantique , en réaction aux bombardements bosno - serbes contre la population civile de Sarajevo .
Cette crédibilité nouvelle sur le plan militaire doit absolument être accompagnée d' une relance des négociations de paix . Je suis heureux de l' engagement américain , récent et déterminé . Mais là encore , le rôle de la France est décisif : c' est à mon initiative , à Paris , à l' occasion de la visite du Président de la Bosnie , que tous les pays engagés dans la recherche d' un règlement se sont retrouvés pour définir une position commune . Aujourd'hui , j' en suis convaincu , une percée vers la paix est possible . Vous pouvez compter sur la France pour agir sur le terrain diplomatique avec autant de détermination et d' énergie qu' elle en a déployées dans le domaine militaire .
Le Président est d' abord un rassembleur . Il ne peut pas être partisan . Il doit privilégier ce qui unit les Français et combattre ce qui les divise . Il est le gardien de la cohésion nationale , il garantit le pacte républicain qui unit nos concitoyens . Le Président de l' an 2000 doit à la fois être proche des Français , les écouter et les comprendre , mais aussi avoir le recul et la vision nécessaires pour montrer le chemin , définir et faire vivre une ambition commune .
Telle qu' elle est définie par la Constitution et dans un esprit de confiance et d' amitié réciproques . Je veux revenir sur la dérive monarchique qui a caractérisé notre pays pendant trop longtemps . Ce qui suppose , dans la pratique , un meilleur équilibre des pouvoirs entre le Parlement , le gouvernement et le Président .
Oui . Notamment avec la réforme de la Constitution qui donne au Parlement les moyens d' exercer un contrôle plus efficace de l' action gouvernementale . Je suis également très attentif à ce que le Gouvernement puisse exercer la plénitude de ses pouvoirs , tels qu' ils résultent de l' article 20 de notre Constitution . J' ai souhaité , et je mets en pratique un protocole allégé et moins cérémonieux . J' ai dit que l' Etat devait être modeste , et cela s' applique bien sûr aussi à la Présidence .
Ah non ! L' Elysée n' est en aucun cas une instance d' appel à l' égard des décisions qui sont prises par Matignon .
Ils l' ont déjà perdue ! Des ministres j' attends qu' ils soient solidaires de l' action du gouvernement et qu' ils repensent notre façon de voir et de combattre les maux de notre société . Etre ministre ne crée pas des droits mais des devoirs .
Vous savez , j' ai observé qu' en matière de finances publiques ceux qui donnent des leçons sont souvent ceux qui ont le plus alourdi les impôts , laissé dériver les dépenses et accru les déficits .
Depuis des années , les déficits publics , qui creusent la dette , ne cessent d' augmenter dans notre pays . La conséquence est double : des taux d' intérêt très élevés qui asphyxient les entreprises et les ménages , et l' augmentation continue des prélèvements obligatoires . C' est la première explication d' un chômage qui touche la France davantage que les autres pays . En réduisant les déficits pour peser sur les taux d' intérêt , c' est bien le combat pour l' emploi que conduit le gouvernement . C' est aussi le moyen de réduire à terme les prélèvements obligatoires et d' encourager les forces vives du pays . La réforme fiscale est donc bien d' actualité et sera soumise au Parlement dès cette année pour être progressivement mise en œuvre .
Le gouvernement va en proposer les modalités . Je lui ai fixé trois objectifs : favoriser l' initiative et l' emploi , simplifier la fiscalité directe pour la rendre plus juste et plus transparente , et enfin , dès que la situation de nos finances publiques le permettra , réduire les prélèvements obligatoires .
Les Français sont des gens de bon sens , qui comprennent parfaitement qu' il n' y a pas de baguette magique pour transformer les choses instantanément , et qu' une aussi vaste entreprise doit s' inscrire dans une durée raisonnable .
Des mesures ont déjà été prises à l' occasion du collectif budgétaire . Le gouvernement ira plus loin en présentant en novembre prochain , un plan ambitieux pour relancer l' activité des petites et moyennes entreprises et de l' artisanat sans oublier l' artisanat d' art . C' est là que s' expriment le mieux nos capacités de création , d' innovation , d' emploi et d' exportation .
Ce phénomène a des explications conjoncturelles . Ce qui , en revanche , est plus intéressant , c' est de constater la baisse engagée des taux d' intérêt . Baisse qui est due , principalement , à la détermination du gouvernement de poursuivre la réduction des déficits publics . Je pense que nous sommes sur la voie de l' amélioration .
De grâce , ne dressons pas une France contre l' autre ! Et ne désignons pas des boucs émissaires . En fait , c' est le rôle et la place de l' Etat qui est en cause . Tel que je le conçois , l' Etat doit être modeste , efficace , et à l' écoute des Français . Un Etat qui garantit les solidarités et stimule les énergies au lieu de les brider .
Ce n' est pas tant un problème de nombre qu' un problème d' efficacité du système au service duquel ils se trouvent . Il y a des priorités , elles exigent davantage de moyens , je pense aux quartiers difficiles et aux zones rurales . Dans d' autres secteurs , au contraire , l' Etat doit se désengager progressivement . Dans tous les cas , l' Etat doit simplifier la vie des gens .
L' extrémisme cherche toujours à tirer profit des difficultés des gens . C' est un fait . Mais les démarches politiques fondées sur la peur et le rejet de l' autre sont inacceptables , dangereuses et contraires à nos traditions et au génie de la France . La meilleure réponse , c' est d' être très offensif sur les problèmes concrets qui se posent : l' insertion des jeunes , la situation qui est faite aux femmes , la vie et la sécurité dans les quartiers difficiles , la capacité de l' école à assumer ses missions , l' immigration clandestine qui doit être traitée sans complexe et sans faiblesse . Chacun a un rôle à jouer .
Oui , c' est une menace dans le monde d' aujourd'hui parce que l' intégrisme fait son miel de la crise économique , de la perte de sens , de la perte de repères .
On ne peut pas accepter que sur notre territoire des actions tendant à implanter des mouvements intégristes ou à leur servir de base se développent . Nous réagissons en mobilisant tous les moyens nécessaires .
D' abord , en évitant tout ce qui peut alimenter une psychose dans la population . Car c' est là le but et l' espoir des terroristes . Ensuite , en agissant de façon telle que les terroristes sentent une pression constante à laquelle ils ont peu de chance d' échapper . Enfin en mobilisant tous les moyens d' information , de prévention , de répression . Chacun doit aussi comprendre que sa vigilance propre est indispensable .
Pendant cette période douloureuse , l' action du Gouvernement a été tout à fait exemplaire . Il a su mobiliser , unir les efforts de la police et de la justice , et créer des conditions qui devraient permettre de retrouver les auteurs de ces attentats .
Un Président doit mettre le temps de son côté . En faire , en quelque sorte , un allié substantiel . Il doit résister aux impatiences ou accélérer le mouvement des choses selon les circonstances , tout en restant fidèle à l' objectif primordial de respect de son contrat avec le peuple qui l' a élu . Mais avant toute chose , un Président doit être à l' écoute et au contact des Français . Il n' y a pas là place pour l' ennui .