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Les thèmes autour du mot «déficits»
Analyse multi-couches
de la cooccurrence autour du mot choisi dans le discours du qui
J. Chirac - 26 octobre 1995
Tv-interview
Bonsoir .
Je voudrais joindre mes remerciements aux vôtres à son intention .
Oui , j' ai beaucoup d' estime pour Boris Eltsine et je souhaite que cet incident ne soit qu' un incident . Ce que je peux vous dire , -je ne suis pas médecin naturellement - c' est qu' il y a trois ou 4 jours j' ai passé deux jours avec lui et il était dans une excellente forme . Je souhaite que ça continue .
Politiquement , c' est un homme qui veut la réforme et qui souhaite la démocratie et la paix . Et il faut être très attentif - j' ai eu l' occasion d' en parler plusieurs fois et , il y a deux jours encore , avec Bill Clinton - à ne pas humilier les Russes , à ne pas leur faire peur , à ne pas déconsidérer leur Président . C' est un grand peuple , c' est une grande nation , il ne faut pas l' oublier .
Tout a été dit ou écrit sur cette affaire .
L' Algérie est dans une situation difficile , chacun le sait , et pourtant les Algériens que je connais bien et pour qui j' ai de l' estime et de l' amitié , ont le droit à une vie normale , au développement , à la liberté , à la démocratie . Et j' avais volontiers accepté de rencontrer le Président Zeroual pour essayer de voir avec lui , je dirais , de façon amicale et surtout sans faire aucune ingérence dans les affaires intérieures de l' Algérie , comment pourrait se dérouler un processus conduisant à une véritable démocratie et permettant le développement .
Le Président Zeroual a eu une exigence , c' est - à - dire la présence des caméras de télévision et des photographes que je ne souhaitais pas en raison de la campagne électorale qui venait de débuter le matin même . Et , comme je vous l' ai dit , la France ne voulait pas faire d' ingérence . C' était un entretien de travail .
Ce n' est pas notre problème , c' est le problème des Algériens . Notre préférence , en revanche , elle va vers la mise en œuvre d' un système démocratique auquel les Algériens ont droit et auquel la très grande majorité des Algériens aspire .
Oui , je le crois .
Je le crois . C' est légitime .
J' imaginais que ces réactions seraient vives , notamment en raison de certaines organisations qui ont pour vocation et pour métier d' alimenter ce type de réactions .
Vous savez , je crois qu' on a beaucoup exagéré . Je prendrai un exemple : nous avons suivi extrêmement attentivement tout ce qui concernait les ventes françaises à l' étranger dans tous les pays , y compris ceux qui étaient le plus critiques à notre égard , et nous n' avons observé aucune trace d' une réaction dans ce domaine .
Même sur des produits symboliques , aucune trace . Alors , je crois qu' il ne faut rien exagérer . Mais je vais vous dire : ma vocation , c' est d' assurer la défense des Français . J' ai considéré que l' achèvement de nos essais était essentiel , incontournable pour assurer la fiabilité et la sûreté de notre force de dissuasion .
. Vous savez , je ne prends pas mes décisions en fonction des réactions des uns et des autres , je les prends en fonction de l' idée que je me fais de l' intérêt de la France et des Français , à qui il appartiendra ensuite de juger .
Je suis aujourd'hui raisonnablement optimiste . Les discussions ont commencé aux Etats-Unis entre le groupe de contact et les trois principaux intéressés . J' ai encore rencontré les intéressés à New York pour la réunion de l' ONU . Je suis raisonnablement optimiste .
Je suis passé par des phases de pessimisme et de crainte et des phases d' optimisme et d' espoir , successivement . Aujourd'hui , je suis dans une phase d' optimisme et d' espoir .
Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir . J' ajoute que , de mon point de vue , c' est inévitable .
La France se trouve aujourd'hui dans une situation qui est la suivante : pendant très longtemps , pendant 15 ans , 20 ans , la France a dépensé plus qu' il n' était raisonnable et elle a accumulé des déficits .
Oui . Je ne suis pas en train de faire porter la responsabilité à quiconque . C' est une constatation . Nous n' avons pas été les seuls . Nos partenaires ont fait une politique de la même nature pendant longtemps mais , début 1993 , nos principaux partenaires , notamment les Anglais et les Allemands , ont engagé avec beaucoup de courage une politique de réduction des déficits , c' est - à - dire d' une gestion rigoureuse de leurs finances publiques , et c' est un exercice auquel , aujourd'hui , nous sommes contraints de nous livrer .
Or , vous savez , dans une famille , quand on s' aperçoit que l' on a tout d' un coup des dettes que l' on ne peut plus supporter , on a forcément des réactions , des comportements , une amertume , des difficultés , que l' on retrouve au niveau d' un pays aujourd'hui . Nous avons une période d' adaptation inévitable et , il ne faut pas s' y tromper , elle durera un ou deux ans , et consiste à remettre de l' ordre dans nos finances publiques .
Notre économie est bonne et elle est saine . Je prendrai deux exemples :
Nous avons l' une des inflations les plus faibles du Monde .
Nous avons un commerce extérieur très fortement excédentaire .
Ce qui prouve que nos entreprises travaillent bien , qu' elles sont compétitives , qu' il y a chez nous de la capacité , de la créativité , que les gens travaillent . Donc , notre économie permet d' avoir confiance . Ce qui ne va pas , ce sont nos finances . Nous avons mal géré nos finances . Et l' importance de nos déficits , aujourd'hui , a plusieurs conséquences :
la première , c' est que pour les combler nous sommes obligés de faire peser une charge plus lourde sur ceux qui travaillent . Ce qui décourage ceux qui travaillent , décourage l' investissement , décourage la consommation . Le résultat , c' est que le chômage s' accroît et , quand le chômage s' accroît , le coût des dépenses sociales s' accroît .
C' est un cercle vicieux qu' il faut casser . C' est cela notre problème et c' est cela notre objectif . J' ajoute que la conséquence de ces déficits , c' est que nous avons aujourd'hui des taux d' intérêt très élevés parce que cette absence de confiance à l' intérieur due à cette situation financière se répercute aussi à l' extérieur .
Peut - être ! J' ai dit , tout au long de ma campagne , que la France vivait au-dessus de ses moyens et qu' il était indispensable de réduire nos déficits pour réduire le chômage . Lequel était à l' origine de tous les problèmes sociaux et notamment de la fracture sociale auxquels nous sommes confrontés . Je n' ai pas changé d' avis . Mais vous avez peut-être raison en disant que j' ai sous-estimé l' ampleur du problème . Il faut aujourd'hui faire un réajustement . Vous savez , c' est ce qu' ont fait les Allemands avec beaucoup de courage un an avant leurs élections législatives , il y a deux ans . Il faut aujourd'hui que nous fassions de même .
On ne peut pas être une grande puissance et avoir des déficits . La maîtrise des déficits est une nécessité si l' on veut être maître de son destin , si on ne veut pas être entre les mains de ses partenaires ou de ses créditeurs . Or , moi , je suis le garant de l' indépendance nationale et l' indépendance nationale , cela exige la maîtrise des déficits .
Il n' est pas possible d' imaginer que nous puissions rendre la confiance à l' intérieur - et nous y viendrons quand nous parlerons des taux d' intérêt .
Et la confiance à l' extérieur qui est également très importante si nous continuons à avoir une gestion qui n' est pas rigoureuse de nos finances publiques .
Oui , j' entends bien ! D' abord , parce qu' il n' y a pas de plafonnement , il y a un certain nombre de dispositions qui font que , de toute façon , les fonctionnaires ont un accroissement de leur salaire .
Par rapport aux autres catégories de la population , ils ne seront pas brimés . Et ce serait profondément injuste qu' ils le soient .
J' ai toujours dit que le salaire n' était pas du tout l' ennemi de l' économie . Si l' on veut que l' économie prospère , il faut qu' il y ait des gens qui achètent et des gens qui investissent . Pour acheter , qu' est -ce qu' il faut ? Il faut d' abord avoir un peu d' argent et , ensuite , vouloir le dépenser et non pas l' épargner . Avoir un peu d' argent , cela veut dire avoir des salaires qui progressent . Vouloir le dépenser et non pas l' épargner , cela veut dire avoir confiance et ne pas avoir des taux d' intérêt tels qu' on a intérêt à épargner plus qu' à dépenser . Et c' est là aussi un cercle vicieux qu' il faut casser .
Le problème des fonctionnaires est un problème différent parce que , dans la maîtrise des dépenses publiques , l' essentiel doit être fait par l' Etat qui , lui-même , dépense trop dans notre pays .
Or , la fonction publique est évidemment un élément de l' Etat , donc nous devons réduire les dépenses de l' Etat , ce qui ne veut pas dire naturellement réduire la situation des fonctionnaires ou les traitements des fonctionnaires .
Non , je ne dirais pas cela .
. Je crois surtout qu' il faut que tout le monde soit traité de façon égale .
Nous avons un problème de justice sociale . Je l' ai dénoncé pendant toute ma campagne et je n' ai pas , un instant , l' intention de l' oublier . Moi , j' ai fait une campagne pour la lutte contre les injustices sociales et pour favoriser les forces vives , c' est - à - dire ceux qui travaillent , ceux qui investissent , ceux qui produisent : les salariés , les classes moyennes , les entrepreneurs , les paysans , et cetera . Je n' ai pas l' intention de changer d' un iota et donc tout le monde doit être traité de la même façon . Traité de la même façon , cela veut dire qu' il faut exonérer des efforts les plus démunis , qu' il faut que ceux qui ont les moyens fassent davantage d' efforts et qu' il ne faut pas décourager ceux qui travaillent .
Par l' action . C' est la politique que mène et que doit mener le gouvernement . Pour ma part , je l' y encouragerai fortement .
Je ne fais pas une politique pour tel ou tel type de catégories et je n' ai pas l' intention .
Et je n' ai pas l' intention de subir la moindre pression de la part de quelque lobby que ce soit . Et nous n' allons pas ce soir rentrer dans le détail de chacune des revendications des uns et des autres .
Ce que je dis simplement , c' est que , s' agissant de la dépense , l' Etat doit donner l' exemple en réduisant fortement les dépenses qu' il a laissé se développer de façon excessive . Qu' en ce qui concerne la recette , il faut bien comprendre qu' elle a atteint , en France , -les impôts , les charges - un niveau qui devient paralysant et que si nous avons été obligés de faire des ajustements pour réduire les déficits , il est essentiel de viser une situation , au plus tard dans deux ans , qui sera une situation où on commencera à baisser les impôts et les charges . Et qu' enfin vous avez une situation qui exige de la justice sociale et économique . Ce qui veut dire que les efforts doivent être d' abord assumés par l' Etat , ensuite , par ceux qui ont les moyens de le faire . Ils ne doivent pas décourager ceux qui produisent et qui travaillent et qu' ils doivent épargner ceux qui sont les plus démunis .
Voilà le cadre général de l' action que j' ai fixée à l' Etat .
Je vous ai dit qu' il y avait des priorités . Plus on augmente la charge fiscale ou sociale , plus on tire l' économie vers le bas , c' est vrai , donc , plus on crée du chômage . Mais il y a des priorités . Aujourd'hui , je le répète , la France a un problème qui n' est pas un problème de nature économique , notre économie se porte bien , elle est dynamique , elle est vigoureuse , elle exporte , elle a un problème financier , elle a des déficits . Et donc la priorité , c' est la réduction des déficits et , pour cela , il faut prendre des mesures qui peuvent être en contradiction avec ce que l' on veut faire plus tard , de façon à rétablir les équilibres . C' est un effort à faire pendant deux ans .
. N' employez pas des mots de cette nature qui n' ont pas de sens . C' est un effort global de la Nation pour réduire des déficits qu' on a laissé se développer .
Je suis sûr qu' en deux ans on y arrivera , et je vais vous en apporter la preuve . Indépendamment de tout autre considération , il faudra bien que nous soyons arrivés à cet équilibre dans deux ans , ne serait -ce que pour entrer dans la monnaie unique européenne conformément aux engagements que nous avons pris . Donc , nous y arriverons .
Mais mon objectif , quand je lutte contre les déficits , quand j' en fais la priorité absolue , ce n' est pas un objectif de monnaie unique , d' Europe , c' est la lutte contre le chômage qui , lui-même , est générateur de dépenses supplémentaires et de fracture sociale . Et , par conséquent , cette lutte contre les déficits passe d' abord , c' est vrai , par une forte réduction des dépenses mais aussi un certain accroissement des recettes pour conduire à une situation d' équilibre dans deux ans , à partir de laquelle pourra être engagée -ce qui est mon objectif essentiel - la réduction des charges fiscales et sociales .
Il est évident qu' il y a des moments ou des situations , dans lesquels il faut faire des ajustements qui sont d' ailleurs tout à fait modestes . Je souhaite , dans le cas que vous venez de citer , que la médiation engagée arrive à un résultat qui permette aux étudiants d' étudier convenablement à Rouen .
Ce n' est pas que l' on peut y arriver , monsieur Duhamel , c' est qu' on ne peut pas ne pas y arriver .
Je suis le garant de la Sécurité sociale qui est une ou , peut-être , la conquête majeure des temps modernes pour notre pays . Et , donc , j' en suis le garant .
A partir de là , on ne peut pas vivre avec une Sécurité sociale qui accumule les déficits , sinon on met en cause le système même , et c' est extrêmement dangereux . Donc , il faut , là encore , réduire les déficits . Et nous avons deux ans pour le faire également . Ce que nous devons savoir , c' est si nous avons le courage de redresser et d' assainir nos finances dans un délai de deux ans . ça , c' est capital . Je reconnais que ce n' est pas populaire . Il faut du courage pour le faire . Je n' en manque pas . Il faut ensuite du temps pour permettre de récolter les fruits de ce que l' on aura semé , et j' ai le temps !
Les plans -il y en a eu effectivement 17 ou 18-de redressement ont été fondés simplement sur l' idée qu' il fallait augmenter un peu la recette , alors on augmentait les cotisations , et qu' il fallait diminuer la dépense , alors on diminuait un peu les prestations . Ce qui d' ailleurs a eu pour conséquence de faire porter l' effort sur les plus démunis et ce qui a joué en faveur de l' exclusion .
C' est autrement qu' il faut s' y prendre . C' est en faisant les réformes de structure nécessaires .
J' oserai prendre un exemple : ce n' est pas mettre en cause la qualité des soins que l' on donne ou que l' on reçoit , que de dire qu' il est absurde de prescrire trois médicaments quand on sait très bien qu' un seul suffit ! Si l' on pouvait seulement récupérer tous les médicaments inutiles qui existent dans toutes les pharmacies de toutes les familles de France , vous voyez l' économie que l' on ferait pour la Sécurité sociale .
Ce n' est pas médire que de dire qu' il est absurde d' aller voir trois médecins , alors que le premier a prononcé son diagnostic .
Je pourrais multiplier ainsi les exemples dans tous les domaines où notre machine , probablement d' ailleurs par son ampleur , par le système même , produit des dysfonctionnements , c' est - à - dire engendre des gaspillages . Eh bien , il faut maîtriser cela . Il faut le maîtriser en concertation avec les organisations syndicales et patronales , avec l' ensemble de ceux qui sont concernés . C' est à ce prix que l' on sauvera notre Sécurité sociale .
Mais je continue à dire exactement la même chose . Vous avez aujourd'hui des gens qui vous disent : il faut faire une maîtrise comptable . Autrement dit , il faut quantifier la dépense .
Dire : les Français ont droit à tant pour se soigner . C' est absurde . D' abord parce que les Français ont le droit de faire des choix dans leurs dépenses et veulent se soigner bien , que les techniques pour se soigner sont de plus en plus chères , que l' on vit de plus en plus vieux et que , par conséquent , on a de plus en plus besoin du médecin , qu' il y a de nouvelles maladies qui , hélas , se développent et qui coûtent très chères . Bref , il est absurde de vouloir quantifier , de vouloir faire une maîtrise quantitative de la dépense .
En revanche il faut , aussi bien au niveau de l' hôpital qui représente la moitié des dépenses de santé , qu' au niveau de la médecine de la ville , avoir une maîtrise coordonnée des choses qui permettent d' éviter les gaspillages qui sont très nombreux .
Honnêtement , je n' en ai pas le sentiment aujourd'hui . Mais cela , c' est un autre problème . Il appartiendra au gouvernement de décider . Et après avoir consulté les présidents des Assemblées , le cas échéant , de me proposer une procédure . Elle n' est pas à l' ordre du jour .
Le chômage augmente avec les déficits et non pas le contraire . C' est parce que les déficits existent que l' on fait peser davantage de charges sur ceux qui produisent , qui sont ainsi moins incités à créer de l' emploi .
Et , deuxièmement , car il va falloir y venir , c' est parce que ces déficits existent que nous avons les taux d' intérêt les plus élevés du monde . Et cela , c' est le cœur du problème français .
Le problème français , je vous l' ai dit , n' est pas économique , il est financier . Les déficits génèrent des comportements de défiance et ils génèrent des taux d' intérêt très élevés .
En réduisant les déficits . Et à partir de là on relance l' économie .
Oui . Absolument . C' est - à - dire que nous devons inspirer confiance .
A juste titre la Banque de France qui est maintenant , et c' est normal , comme dans tous les grands pays , une institution totalement indépendante et respectée , a fait de l' assainissement financier le préalable à toute baisse des taux . Et elle a raison .
D' ailleurs il faut dire que les marchés ont la même option et disent la même chose , et nous ne sommes pas il y a 10 ans ou 15 ans , nous sommes dans un monde où les marchés sont libres .
Par conséquent , il faut d' abord faire les efforts nécessaires . J' ai fait ce qu' il fallait pour qu' il y ait une assurance que les efforts seraient faits , que les déficits seraient réduits et donc que les conditions permettant la baisse des taux seraient remplies .
La France a les taux les plus élevés du monde . Par conséquent les conditions étant remplies , je suis persuadé que les taux baisseront . Et c' est à partir du moment où les taux baisseront que la confiance reviendra , que les ménages ne seront pas incités à placer leur argent et à l' épargner plutôt qu' à consommer , que les investisseurs seront incités à investir plutôt qu' à placer leur argent pour avoir des taux élevés , et tout est susceptible de repartir .
Permettez -moi de vous dire deux choses :
-la première , c' est que je n' imagine pas qu' à partir du moment où chacun , sur les marchés internationaux , à la Banque de France , chez les acteurs économiques , consommateurs ou investisseurs , a pris conscience du fait que l' ordre serait mis dans nos finances , que les déficits seraient réduits au niveau où ils doivent l' être , -vous aurez observé d' ailleurs , phénomène rare dans notre Histoire , que le Parlement est très actif pour soutenir cette politique de réduction des déficits .
Ecoutez , cela prouve que les parlementaires qui sentent ce que pense l' opinion publique , ont conscience que l' opinion publique sait qu' il faut faire cela . Et à partir de là vous aurez une baisse des taux d' intérêt . Et c' est là que nous retrouverons notre possibilité de reprise . C' est comme cela que nous lutterons contre le chômage .
Alors , vous me dites , deuxièmement : le mark ? Mais , en effet , Monsieur Duhamel , comment peut -on aujourd'hui -je sais bien d' ailleurs que ce n' est pas votre sentiment , vous êtes parfaitement averti de ces choses . Vous faites un peu de provocation . Vous avez raison .
Bien sûr . Aujourd'hui vous avez en France une inflation inférieure à celle que connaît l' Allemagne . Vous avez , pour la première fois depuis longtemps , un commerce extérieur franco-allemand favorable à la France , c' est - à - dire que nous avons un excédent sur l' Allemagne . Cela veut dire que nous sommes compétitifs . Cela veut dire qu' il n' y a pas de problèmes de parité entre le franc et le mark . Cela veut dire qu' il n' y a aucune espèce de raison de dévaluer le franc . Aucune raison objective .
. parce qu' elle est trop longue ?
Monsieur Duhamel , c' est évidemment un avantage . J' ajouterai : c' est une très vieille conviction française . La stabilité des taux de change a toujours été , en France , considérée comme une vertu . Souvenez -vous des réactions du Général quand il y avait instabilité des taux , quand le dollar s' est mis à flotter . La monnaie unique n' est d' ailleurs que l' expression de cette stabilité des taux . C' est une nécessité . Sinon il y a une incertitude qui décourage .
Hier , vous aviez de sympathiques producteurs de fruits et légumes qui sont venus manifester à Paris .
et qui ont fait à la Pyramide du Louvre , une pyramide de fruits et légumes . Qu' est -ce qu' ils disaient ? Si vous les avez écoutés . Ils disaient : " Nous voulons la stabilité de la monnaie . Nous ne voulons plus de ces mouvements monétaires erratiques qui se font à notre détriment . Nous voulons la monnaie unique " Voilà ce qu' ils disaient . Et ils avaient raison .
Je voudrais espérer que nous ferons mieux ! Si nous assainissons suffisamment nos finances , nous aurons des taux qui auront baissé et une relance de l' économie qui devrait normalement nous permettre de créer davantage d' emplois .
J' ajoute que , là aussi , c' est le cercle vertueux contre le cercle vicieux . Quand vous créez de l' emploi , vous diminuez le déficit de la Sécurité sociale . Le déficit de la Sécurité sociale est essentiellement dû au chômage .
Non . On ne peut pas tout mener de front . Il faut faire des choix . La fracture sociale a une origine : c' est le chômage . Ce n' est pas la seule , mais c' est l' origine essentielle . Donc , toute politique de réduction de la fracture sociale passe par une lutte contre le chômage . Cela veut dire qu' il faut faire des choix .
Le gouvernement , je me permets de le faire remarquer , les a faits . On a beaucoup glosé lorsque le gouvernement a lancé le Contrat initiative emploi qui concerne les travailleurs qui sont au chômage depuis plus d' un an , c' est - à - dire ceux qui deviennent fragiles et qui sont menacés par l' exclusion .
C' était une priorité de lutte contre l' exclusion .
Attendez ! En quelques mois , 80000 emplois , dont 70 % , sont des emplois à durée indéterminée , c' est - à - dire de vrais emplois . Et nous pensons qu' en un an , c' est - à - dire en juillet prochain , ce chiffre sera passé à 350000 . ça , c' est une vraie mesure de lutte contre la fracture sociale .
Les programmes de logements d' urgence qui sont en train de s' achever , et de logements d' insertion , vont dans le même sens : 20000 logements .
De la même façon , le prêt à taux 0 qui démarre très fort , a quoi pour objectif ? De permettre de donner satisfaction , en termes d' accession à la propriété , à des gens qui , aujourd'hui , logent dans des logements sociaux qu' ils pourront libérer au profit des plus démunis qui en ont besoin et qui ne peuvent pas y accéder . ça aussi , c' est un élément important de lutte contre la fracture sociale .
La prestation d' autonomie : on pouvait s' interroger , vous voyez , Monsieur Duhamel , sur la prestation d' autonomie , on pouvait se dire : est -il normal , alors que l' Etat fait une forte pression sur ses déficits , qu' il diminue ses dépenses , qu' il exige une discipline , de créer une prestation nouvelle ? Des gens de parfaite bonne foi , à juste titre , se sont posés la question .
Oui , mais permettez -moi de vous dire : dans un pays où un nombre croissant de personnes âgées sont dans une situation de dépendance , où un nombre considérable de nos parents , ce sont nos parents , terminent leur vie dans des conditions indécentes , il était essentiel - cela aussi , c' est la lutte contre l' exclusion - de faire en sorte qu' on leur donne un peu plus de dignité , un peu plus d' amour .
Donc ce sont des dépenses prioritaires . Autrement dit , la lutte contre la fracture sociale , cela suppose qu' on fasse des priorités - comme nous allons les faire - pour lutter contre la dérive de certains quartiers dans les villes ou dans la loi de lutte contre l' exclusion .
On peut essayer . Ce sont des zones auxquelles il faut tendre la main et dans lesquelles il ne faut pas faire de provocation . Cela consiste d' abord à essayer d' y réinsérer de l' économie , du travail , de l' emploi , notamment en créant dans ces zones , une exonération fiscale totale pour inciter .
Ensuite , il faut réinsérer , et au plus haut niveau de la qualité , les services publics dans ces zones .
Il faut ensuite aider massivement toutes ces admirables associations qui y travaillent et petit à petit , ensuite , arrivera l' ordre public , mais qui ne peut pas être en premier , parce qu' à ce moment -là cela prend des allures de provocation et les effets sont mauvais .
Non , je ne crois pas . Regardez : les attentats terroristes ont été assumés par les Français de façon admirable . On me disait encore à New York où j' ai rencontré beaucoup de monde , hier soir à Bonn , que les Français avaient impressionné le monde par leur calme face à la tragédie des attentats . Il n' y a pas eu de réaction du type de celle que vous évoquez contre les uns ou contre les autres .
J' ajoute que ceux qui pourraient être visés dans le cas particulier , c' est la communauté musulmane . Or la communauté musulmane en France est une communauté , pour l' immense majorité , qui est de rite sunnite - malekite , qui est une communauté modérée , qui veut s' intégrer , qui n' a rien à voir avec le terrorisme ou avec la contestation .
Ce serait monstrueux .
Ni directement , ni indirectement .
Quand on fait le CIE pour les chômeurs de longue durée , la prestation d' autonomie pour nos parents , les logements d' insertion , le prêt à taux 0 pour le logement , lorsqu' on augmente le SMIC comme nous l' avons fait , je ne crois pas qu' on puisse parler de pause sociale .
Je crois en revanche qu' il faut parler de choix sociaux . Je vous l' ai dit tout à l' heure : nous devons lutter contre les injustices sociales , il y a un effort global à faire pour remettre de l' ordre dans la maison , et cet effort devra être supporté par tous , chacun en fonction de ses moyens , c' est - à - dire que ceux qui peuvent contribuer contribueront , ceux qui ne peuvent pas ne contribueront pas , et ceux qui travaillent ne seront pas découragés .
Je vous disais tout à l' heure , Monsieur Duhamel , que la France a toujours été favorable à la stabilité des changes , toujours . Et la stabilité des changes et le sérieux dans la gestion des affaires sont les deux exigences pour le développement , la force et la grandeur de notre pays . La monnaie unique , qu' est -ce que c' est ? C' est tout simplement l' expression moderne de la stabilité des changes , et donc c' est une chance .
Vous savez , toute la politique franco-allemande est fondée sur une réalité : c' est que cela ne peut marcher qu' à une condition , que la France et l' Allemagne soient dans le même état de santé . Si nous ne sommes pas dans le même état de santé , c' est mauvais et pour l' un et pour l' autre . N' oubliez pas que nous sommes le premier client et le premier fournisseur de l' Allemagne . Donc si nous nous trouvions affaiblis par rapport à l' Allemagne , l' Allemagne serait automatiquement affaiblie elle aussi . Donc notre intérêt commun , pour des raisons de liens économiques et d' échanges , est d' avoir le même état de santé .
Je suis un Européen réaliste . J' ai toujours pensé que face au développement dans le monde de très grands ensembles , l' Europe ne sauvegarderait ses valeurs , ne sauvegarderait son existence même et son indépendance , que si elle renforçait sans cesse les liens qui unissent les pays qui la composent . Et je suis pour une Europe élargie , qui représente l' ensemble de notre Continent , c' est - à - dire un retour à la famille européenne .
J' imagine que vous faites allusion aux sondages qui sont défavorables au gouvernement .
. au Président de la République .
Oui . Eh bien , moi je vais vous dire une chose : je n' ai pas été élu pour être populaire et mon action n' a pas pour objectif de soigner ma popularité . Mon action a pour objectif de redresser une situation difficile . Nous avons des atouts majeurs , nous avons des faiblesses majeures . Mon ambition , c' est de valoriser nos atouts et de réduire nos faiblesses , et je le ferai . Alors naturellement il y faut du courage , naturellement il y faut du temps : j' ai les deux , et naturellement c' est impopulaire , au moins au début , je l' espère .
Je crois qu' Alain Juppé a toutes les qualités pour mener avec courage , détermination et intelligence , une politique difficile , ce qu' il fait .
. malgré le harcèlement dont il a été l' objet et , je vous le dis très franchement , qui m' a profondément choqué .
L' avenir vous le dira , Monsieur Duhamel .
Je ne suis pas là pour faire un gouvernement . Si le Premier ministre a , de ce point de vue , des intentions , j' imagine qu' il m' en fera part . Ce n' est pas le cas pour le moment .
Je sais d' expérience que la conduite des affaires d' un Etat est chose difficile . Peut - être avais -je un peu sous-estimé la difficulté , peut-être .