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J. Chirac - 5 février 2001
Interview aux derniÈres nouvelles d'alsace
... Cette rencontre était à la fois importante et utile . Nous étions heureux de nous rencontrer . Nous avions besoin de nous parler , de réfléchir aux prochaines étapes de la construction européenne . Nous avons décidé de renforcer notre travail en commun et de nous concerter encore plus étroitement sur l' avenir de l' Europe , sur l' approfondissement de la construction européenne . La question , aujourd'hui , est " que sera l' Europe à 25 ou à 30 ? Va -t -elle garder sa cohésion ? Y aura -t -il une adhésion des peuples européens ? " Tout cela fera l' objet d' un grand débat démocratique , un débat que j' avais souhaité dans mon discours au Bundestag du 27 juin dernier . Un débat que nous avons décidé à Nice , que nous allons engager le plus rapidement possible , que nous voulons engager .
Nous devons maintenant dessiner le nouveau visage de l' Europe . C' est un problème d' institutions , bien sûr , mais ce n' est pas qu' un problème d' institutions . L' important c' est ce que nous voulons faire , une Europe - continent , une Europe - puissance . L' important , ce sont les valeurs que défend cette Europe , ce sont les principes de fonctionnement qu' elle adopte . L' important , c' est l' affirmation de cette communauté de peuples et de nations qui constitue un ensemble vivant de mieux en mieux organisé , de plus en plus solidaire . Alors , intégration , approfondissement , au-delà des mots , c' est une réalité que nous devons façonner et qui est aussi la réponse à la mondialisation qui marque notre temps . Sur cette vision générale , il y a un accord profond entre Français et Allemands .
Oui . Certes il peut y avoir des difficultés . Au sommet de Berlin , sous la présidence allemande , nous avions eu des divergences de vues sur les problèmes agricoles et les problèmes de financement . À Nice , nous avons eu des discussions sur la répartition des voix au Conseil . Cela peut se comprendre . En revanche , sur la vision de la construction européenne , nous avons vérifié , au cours de notre discussion de Blaesheim , qu' elle était commune . Avec le Chancelier et le Premier ministre , nous avons décidé de nous voir plus régulièrement , toutes les 6 à huit semaines .
" L' attelage franco-allemand " est indispensable à la construction européenne . Si la France et l' Allemagne tirent à hue et à dia , l' Europe n' avancera pas . Ce n' est pas du tout l' affirmation de je ne sais quel directoire franco-allemand qui s' imposerait à l' Europe , c' est une simple constatation . Si nos deux pays s' entendent , il n' y a pas de frein au progrès de l' Europe . S' ils s' opposent , il y a un risque sérieux de blocage . Ce sera encore plus vrai après l' élargissement .
En effet , dès l' arrivée du chancelier Schröder , j' avais évoqué , en septembre 1998 , la nécessité de refonder la relation franco-allemande parce qu' on ne peut pas uniquement fonder une relation sur des souvenirs , il faut la fonder sur une volonté commune , sur des ambitions et sur des espoirs . Je crois d' ailleurs que c' est un sentiment partagé par nos concitoyens , qui sont parfaitement conscients de la nécessité d' avoir un moteur franco-allemand pour assurer une impulsion permanente à la construction européenne .
Je ne crois pas que ce soit en termes de compétition entre la France et l' Allemagne que se pose le problème essentiel , celui de la construction européenne . C' est en termes de capacité à entraîner l' ensemble européen . Et sur ce point , il n' y a pas lieu , à mon sens , de faire de différence entre la France et l' Allemagne . Notre approche commune de la construction européenne s' enracine dans le passé , mais se fonde d' abord sur les exigences de l' avenir .
Le système de repondération qui a été adopté à Nice n' est pas aussi complexe que vous le dites . Les deux critères complémentaires ne joueront que très peu en pratique . En fait , ce système est moins lourd que la double majorité que certains de nos partenaires proposaient . Pour le reste , il y a un acquis important : d' abord , les coopérations renforcées . Jusqu' ici , elles étaient inutilisables . Maintenant , elles sont possibles . Un groupe de huit Etats dans l' Europe de demain pourra , à condition d' être ouvert et de respecter l' acquis communautaire , être un vrai moteur de progrès , montrer la voie , donner l' exemple et entraîner le reste de l' Europe .
C' est le cas des majorités qualifiées . Désormais , près de 90 % des décisions communautaires vont relever de la majorité qualifiée . Là aussi , c' est un progrès . On aurait pu aller plus loin encore , mais il y avait des oppositions dans beaucoup de pays . Il faut être réaliste : entre le possible et le souhaitable , il y a toujours le raisonnable et je crois qu' à Nice , on a atteint le raisonnable .
Pour la Commission , nous l' aurions préférée plus réduite , mais la plupart des pays voulaient garder leur commissaire . On risquait d' avoir une Commission démesurée avec l' élargissement . Finalement , elle aura 26 membres au plus . C' est peut-être un peu trop , mais c' est le meilleur compromis . J' ajoute que , dorénavant , le Président de la Commission verra ses pouvoirs renforcés et sera élu à la majorité qualifiée et non plus à l' unanimité . Donc , là encore , progrès .
Enfin , la repondération . Au fil des élargissements , il y avait eu une espèce d' éparpillement de la capacité de décision . La repondération décidée à Nice permet de conserver à l' Europe élargie de demain une vraie capacité de décision .
Naturellement , on peut toujours faire mieux , mais ce qu' il fallait , c' est que l' Europe continue d' aller de l' avant , avec un traité qui puisse être ratifié par les quinze pays afin de permettre l' élargissement . D' ailleurs les pays candidats ne s' y sont pas trompés et ont tous applaudi .
Ma conviction , c' est que la repondération des voix , la réforme des coopérations renforcées , les progrès de la majorité qualifiée et les décisions prises sur la Commission permettront , sans aucun doute , la gestion de l' Europe élargie . D' ailleurs les Allemands partagent ce sentiment . Maintenant que nous nous sommes donnés les moyens d' avancer , il faut préciser notre ambition . Dans mon discours au Bundestag , j' avais indiqué comment je voyais la nécessaire évolution de l' Europe . Les réformes qui devaient être mises en œuvre pour affirmer nos valeurs , celles de la Charte des droits de l' Union , pour mettre en œuvre le principe de subsidiarité et pour simplifier les textes . Tout cela exige un travail de refondation , qui devrait aboutir à l' élaboration d' une Constitution . Vous avez observé que la déclaration de Nice sur l' avenir de l' Union reprend l' essentiel des propositions que j' avais faites au Bundestag . Or ce sont principalement les Allemands qui sont à l' origine de cette déclaration . C' est dire à quel point l' inspiration était commune .
J' avais parlé aussi au Bundestag d' un grand débat nécessaire , un débat démocratique . Il faut qu' avant de préparer cette prochaine étape , celle de 2004 , nous ayons ce débat . Nous devons faire en sorte que l' adhésion des peuples soit plus forte que par le passé . Ce débat doit associer tous les citoyens , le Parlement européen , les parlements nationaux , toutes les forces vives des nations , les associations , les organisations syndicales et professionnelles , les médias , les universitaires , les jeunes .
Il faut organiser ce grand débat pour permettre de sensibiliser , de mobiliser l' ensemble de nos concitoyens , mais surtout d' entendre , parce que c' est souvent la voix de la sagesse , ce qu' ils expriment , ce qu' ils sentent , ce qu' ils ressentent . Autrement dit , il faut démocratiser le débat européen qui trop souvent a été limité à des cercles de fonctionnaires , d' intellectuels , de politiques . Il faut le démocratiser comme on voit se démocratiser , aujourd'hui , le débat sur la mondialisation . Car l' Europe est bien l' affaire de tous . C' est une nécessité , qui répond à l' évolution naturelle de notre société : démocratiser les débats .
On a fait un procès injuste à la présidence française . J' ai évoqué les décisions de la Conférence intergouvernementale , qui ont ouvert la porte à l' élargissement . C' était capital : imaginez ce qu' aurait été un échec ! Mais il y a d' autres domaines dans lesquels la présidence française a fait faire à l' Europe des progrès importants . Les Quinze se sont dotés d' une Charte des droits fondamentaux de l' Union . Les progrès en matière de défense ont été considérables . Nous avons adopté l' agenda social , ce qui était loin d' être évident . Nous avons réglé deux problèmes qui étaient des " serpents de mer " : le paquet fiscal et le statut de la société européenne . Nous avons renforcé la coordination des politiques économiques .
Nous nous étions aussi fixé des priorités pour ce qui concerne la vie quotidienne des citoyens européens . Elles se sont traduites dans les faits : adoption des mesures sur la sécurité maritime , plan contre la vache folle et création de l' autorité alimentaire européenne , directive pour lutter contre le blanchiment de l' argent sale , aide à la production audiovisuelle , aide à la mobilité des étudiants , déclaration sur la spécificité du sport Bref , un ensemble de décisions concrètes . Je remarque qu' il est rare qu' on en prenne autant au cours d' une seule présidence . La France peut être fière de sa présidence .
Je voudrais d' abord vous dire que la France , le Gouvernement et moi - même n' accepterions aucune mise en cause du statut européen de la ville de Strasbourg . Je rappelle que nous avons obtenu , lors du Conseil européen d' Amsterdam en 1997 , la confirmation du siège du Parlement européen dans la capitale alsacienne et son inscription dans le traité . J' ai mal compris la décision du Parlement . Ses pouvoirs de co-législateur ne cessent d' augmenter . On comprend mal comment les parlementaires européens peuvent concilier cet accroissement de leurs tâches et la diminution de leur temps de travail .
Sur le plan juridique , l' essentiel est que cette réduction , très regrettable je le répète , des sessions plénières ne s' accompagne pas d' un allongement des sessions extraordinaires à Bruxelles .
Il n' y a pas à s' inquiéter . S' agissant des sessions parlementaires , il n' en a jamais été question à Nice . S' agissant des réunions du Conseil européen , la capitale belge , parce qu' elle accueille déjà la plupart des Conseils des ministres , est bien équipée pour cela . Tenir les Conseils européens , plusieurs fois par an , dans des pays différents , pose un problème d' organisation et de coût qui ira croissant avec l' élargissement . D' où la solution raisonnable qui est d' en faire le plus possible là où les équipements existent , c' est - à - dire à Bruxelles . Cela n' est en rien de nature à modifier l' équilibre entre les trois capitales de l' Europe , Strasbourg , Bruxelles et Luxembourg .
C' est un sujet qui demande études et discussions avec les pays et les régions concernées . Mais le problème que soulèvent le plus souvent les parlementaires européens , c' est celui de la desserte aérienne . De nouveaux appels d' offres ont été lancés pour subventionner des liaisons plus nombreuses à destination de grandes villes européennes , suite à une consultation des parlementaires . Ces liaisons devraient être opérationnelles rapidement .
Parallèlement , des travaux sont engagés sur la mise en réseau des aéroports voisins de Strasbourg et sur l' allégement des contraintes du trafic aérien dans cette partie nord-est de la France . Soyez assurés de la détermination absolue , à la fois la mienne et celle du gouvernement français , avec l' aide des collectivités territoriales alsaciennes , de faire le maximum pour conforter matériellement le siège strasbourgeois du Parlement européen
Quand , il y a un peu plus de deux ans , j' ai parlé de défense européenne , cela a provoqué un certain scepticisme . Or , rarement projet aura été mis en œuvre aussi rapidement . Et je ne crois pas qu' on puisse parler de réticences britanniques , bien au contraire ! N' oublions pas qu' un des premiers pays avec lequel la France a travaillé dans ce domaine , c' est le Royaume Uni . Nous avons pris une position commune , inattendue pour beaucoup , à Saint-Malo . Cette impulsion majeure s' est conjuguée avec les efforts menés depuis longtemps , notamment avec l' Allemagne , qui est notre partenaire traditionnel en la matière
Le schéma a été défini à Helsinki et les décisions concrètes ont été arrêtées à Nice . Les organes de décision ont été créés . En 2003 , nous aurons la capacité de projeter 60000 hommes et nous avons défini les relations avec l' OTAN . C' est un grand acquis
Le projet actuellement à l' étude au ministère français des Affaires étrangères n' a évidemment pas du tout pour objectif de diminuer nos moyens en Allemagne . Il veut au contraire améliorer leur efficacité , rendre plus compétitifs nos centres culturels , mettre les technologies nouvelles au service de notre rayonnement culturel sur l' ensemble du territoire allemand . Cela suppose une modernisation de notre réseau
C' est évidemment un élément essentiel de la construction européenne . C' est le retour à une situation que nous avons connue : une grande culture européenne fondée sur la libre circulation des hommes et des esprits . L' obstacle auquel nous nous heurtons n' est pas matériel , il est linguistique . Je suis toujours très triste de voir que , malgré nos efforts conjoints , trop peu de Français parlent allemand , en dehors de l' Alsace , et trop peu d' Allemands parlent français . Nous avons donc un immense effort à faire en matière de langues .
J' ai remarqué qu' on est friand de querelles sémantiques . Il y a eu la querelle sur la fédération et la confédération , jusqu' à ce qu' on se rende compte que les mots n' avaient pas le même sens en français et en allemand . On a tenté de lancer le débat sur le mot " intégration " . Cela n' a pas beaucoup de sens .
Toute l' évolution européenne est fondée sur l' intégration : depuis la politique agricole commune jusqu' à l' euro , en passant par le marché unique . C' est , petit à petit , par l' intégration qu' on est arrivé aux progrès de la construction européenne . De grâce , n' ayons pas peur des mots ! Je m' exprimerai à nouveau sur tout cela , au cours de cette année .
J' avais parlé d' approfondissement . Nous sommes là sur la même notion . Ce qui est important , c' est d' approfondir en élargissant , tout en respectant l' identité de chacun . Et surtout que les peuples y soient vraiment associés . Nous sommes arrivés au moment où c' est à eux de manifester leur volonté .
Les peuples sont bien conscients que la paix est essentielle et que le meilleur moyen de la garantir au niveau de notre continent , c' est l' intégration européenne . On voit bien , quand on évoque l' Histoire ou qu' on regarde aujourd'hui les Balkans , le danger de la parcellisation de l' Europe .
Les peuples européens veulent aussi la démocratie . Ils ne veulent plus revoir de régimes autoritaires . Vous avez vu le grand soupir de soulagement qui s' est exprimé lorsque Milosevic est tombé ! Il faut donc enraciner la démocratie . Et le seul moyen , c' est de le faire dans le cadre d' une Europe élargie et solide .
Le progrès économique et social sera d' autant plus facile , rapide , important , que nos économies seront mieux intégrées . Pensez qu' il y a quinze ans , la France avait encore un contrôle des prix , des changes , du commerce extérieur ! Les progrès , dus largement à l' Union européenne , ont été considérables . Ils doivent se poursuivre pour améliorer le niveau et la qualité de l' emploi et pour lutter contre l' exclusion . Et l' élargissement y contribuera
Un des grands succès de l' Europe des Quinze , c' est ce que l' on appelle la politique de cohésion . Les avantages qu' en ont retirés des pays comme l' Espagne , le Portugal , la Grèce ou l' Irlande ont rejailli sur l' ensemble de l' Europe . L' augmentation du niveau de vie de ces pays se traduit par une augmentation de leur commerce extérieur . Tout cela est lié . Dans l' élargissement de l' Europe , nos concitoyens sentent bien qu' il y a une source de progrès considérable .
Vous le voyez , notre ambition est grande . Une Europe juste et solidaire , une Europe - continent , une Europe - puissance , une Europe de culture , tout ceci suppose une adhésion forte des Européens . D' où l' importance capitale de la démocratisation du débat sur l' avenir de l' Union . C' est la prochaine étape .