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J. Chirac - 10 mars 2003

Interview televisee de chirac president de la republique par patrick poivre d'arvor (tf1) et david pujadas (france 2) palais de l'elysee


D' abord , bonsoir et merci d' être ici tous les deux . Il faut voir dans quel monde nous voulons vivre . Nous voulons vivre dans un monde multipolaire , c' est - à - dire avec quelques grands groupes qui aient entre eux des relations aussi harmonieuses que possible , un monde dans lequel l' Europe , notamment , aura toute sa place , un monde où la démocratie progresse , d' où l' importance à nos yeux capitale de l' Organisation des Nations Unies pour donner un cadre et une impulsion à cette démocratie et à cette harmonie , un monde où les crises inévitables puissent être gérées aussi bien que possible , qu' il s' agisse des crises régionales ou des crises que l' on appelle de prolifération , c' est - à - dire face à des pays qui , tout d' un coup , se mettent à construire ou à fabriquer des armes ou à acheter des armes de destruction massive , et enfin un monde qui privilégie le respect de l' autre , le dialogue des cultures , le dialogue des civilisations , et qui essaie d' éviter les affrontements .

Alors , dans ce contexte , nous nous sommes trouvés dès l' origine face à un problème , un Iraq qui , à l' évidence , possédait des armes de destruction massive , entre les mains d' un régime indiscutablement dangereux et qui présentaient par conséquent un risque certain pour le monde . Il était donc essentiel de désarmer ce régime , ce pays , d' éliminer ses armes de destruction massive .

Pour le désarmer , il y avait deux voies . La voie de la guerre , naturellement , mais aussi la voie du contrôle et de la contrainte , celle qui consistait à aller sur place , avec l' autorité de l' ONU , pour maîtriser ces armements , les trouver et les détruire . Et la communauté internationale , à l' unanimité , en votant au Conseil de Sécurité la résolution 1441 , a pris une décision qui consistait à dire : " nous allons désarmer l' Iraq de manière pacifique , c' est - à - dire par les inspections .

Nous allons nommer des inspecteurs , et eux nous diront si cette voie est possible ou si elle ne l' est pas " .

Un pays qui a le passé et la structure politique de l' Iraq est toujours un pays dangereux . Mais le pays n' est véritablement dangereux que s' il a les moyens d' agresser , que s' il a les moyens d' attaquer .

Le problème était de s' assurer qu' il n' avait plus ces moyens ou en tous les cas que ces moyens pouvaient être maîtrisés et détruits . L' ONU a donc envoyé les inspecteurs . Je voudrais vous rappeler que c' est une technique qui n' est pas à son coup d' essai .

Jusqu' en 1998 , depuis 1991 , il y a eu un régime d' inspections qui , hélas , a été interrompu par maladresse . Il y a eu un régime d' inspections qui a détruit plus d' armes en Iraq que toute la guerre du Golfe et qui , notamment , a permis d' éradiquer complètement , pratiquement complètement , vraisemblablement , selon les dires en tous les cas des inspecteurs , le programme nucléaire de l' Iraq .

Il y en a certainement . On est en train de détruire des missiles à portée excessive . Il y a probablement d' autres armes .

Premièrement , je ne le crois pas . Je pense que les inspecteurs , qui sont des experts compétents et en qui nous pouvons avoir toute confiance , considèrent aujourd'hui qu' en leur donnant le temps et les moyens nécessaires , c' est ce que monsieur Blix a dit lors de la dernière réunion du Conseil de Sécurité , c' est ce qu' il estime aujourd'hui , avec un renforcement de la coopération de l' Iraq , qui n' est jamais suffisante , naturellement , mais qui s' est améliorée , on pouvait atteindre l' objectif fixé , c' est - à - dire l' élimination des armes de destruction massive .

Certainement .

Vous le dites . C' est intéressant .

Non , les inspecteurs disent que la coopération s' est améliorée et qu' ils sont en mesure aujourd'hui de poursuivre leur travail .

Et c' est ça qui est capital . Ce n' est pas à vous ou à moi de dire si les inspections sont efficaces , si l' Iraq est suffisamment coopératif . Il ne l' est pas , d' ailleurs , je vous le dis tout de suite pas suffisamment . Mais ce n' est pas à vous ou à moi de le décréter , c' est aux inspecteurs à qui l' ONU a confié la charge de désarmer l' Iraq de le dire . Il faut que les inspecteurs nous disent : " nous pouvons continuer et , dans un délai que nous estimons à quelques mois , je dis quelques mois parce que c' est ce qu' ils ont dit , nous aurons achevé notre travail et l' Iraq sera désarmé " . Ou alors , qu' ils disent et qu' ils viennent dire au Conseil de Sécurité : " nous sommes désolés , mais l' Iraq ne coopère pas , les progrès ne sont pas suffisants , nous ne sommes pas en mesure d' atteindre notre objectif , nous ne pourrons pas garantir le désarmement de l' Iraq " . Cas auquel il appartiendra au Conseil de Sécurité et à lui seul de décider ce qu' il convient de faire . Mais dans ce cas , naturellement , hélas , la guerre deviendrait inévitable . Elle ne l' est pas aujourd'hui .

Oui , ça , c' est un autre problème . Il y a d' autres régimes qui pourraient également être mis dans la même situation .

Je ne vais pas aujourd'hui établir une liste mais , enfin , naturellement , vient à l' esprit le régime de la Corée du Nord qui n' est en rien meilleur que celui de l' Iraq et qui a des armes de destruction massive , notamment nucléaires , qui , elles , ne sont pas une possibilité , qui sont hélas une certitude .

Qu' est -ce que nous voulons ? Il faut dire ce que l' on veut . Sinon , on aurait pu dire : " on veut d' abord et avant tout changer le régime iraquien " . Ca , c' était une autre discussion , un autre problème , qui aurait mérité tout de même , vous le reconnaîtrez , une concertation , notamment au niveau des Nations Unies . Ce que l' on a dit , c' est : " on veut désarmer l' Iraq " . On veut désarmer l' Iraq . On a choisi à l' unanimité une voie pour le désarmer . Aujourd'hui , rien , rien ne nous dit que cette voie est sans issue et , par conséquent , il faut la poursuivre dans la mesure où la guerre , c' est toujours un ultime recours , c' est toujours un constat d' échec , c' est toujours la pire des solutions , parce qu' elle amène la mort et la misère . Et nous n' en sommes pas là , de notre point de vue . C' est la raison pour laquelle nous refusons de nous engager sur une voie qui conduirait automatiquement à la guerre tant que les inspecteurs ne nous aurons pas dit : " nous ne pouvons plus rien faire " . Or ils nous disent le contraire .

C' est moi qui ai proposé que la prochaine réunion du Conseil de Sécurité se tienne au niveau des chefs d' Etat et de gouvernement . Pourquoi ? D' abord pour une raison essentielle . C' est que , s' agissant de décider de la guerre ou de la paix , avec toutes les conséquences que cela comporte sur le plan humain , sur le plan économique , sur le plan politique , et avec tous les risques que cela fait courir à la fois aux hommes , aux femmes , aux enfants , à la région , il me paraissait légitime que la décision soit prise par les chefs d' Etat et de gouvernement eux - mêmes . Cela me semblait dans leur responsabilité . C' est une proposition que j' ai faite . Nous verrons bien , il y a des discussions qui sont en cours et nous verrons bien la décision qui sera prise . Il y avait une deuxième raison qui , à mon avis , sera de toute façon inévitable , en ce qui concerne une discussion au Conseil de Sécurité au sommet , c' est que , je vous l' ai dit tout à l' heure , il y a d' autres crises dans le monde . Des crises régionales , comme le Moyen-Orient , enfin je veux dire le problème israélo - palestinien , ou des crises de prolifération comme celle de la Corée du Nord . Et il y en a hélas d' autres . Il me paraît important et utile que ce problème de la maîtrise des crises soit évalué au plus haut niveau de la responsabilité démocratique des pays .

J' irai dans la mesure où on prendra la décision , collectivement , de faire une réunion de ce niveau .

Nous verrons en fonction des discussions qui ont lieu actuellement pour savoir si , finalement , il y a intérêt pour une majorité de chefs d' Etat ou de gouvernement d' être présents .

Non , ma décision n' est naturellement pas prise . Je n' ai pas à imposer ma volonté en matière de procédure . J' ai fait une proposition qui me paraissait justifiée par l' importance de l' enjeu . Je comprends très bien que d' autres aient d' autres convictions . Je vous l' ai dit , je suis pour la concertation et pour le dialogue et pour l' élaboration en commun des solutions les plus conformes à la démocratie et à la dignité de l' Homme . Je ne suis pas pour imposer un point de vue .

Non , je n' irai pas seul , bien sûr . Mais en fonction ...

De quoi s' agit -il ? Aujourd'hui , nous sommes dans un système qui est celui de la résolution 1441 . C' est - à - dire que la communauté internationale , s' exprimant par le Conseil de sécurité à l' unanimité des quinze membres du Conseil , notamment sur proposition de la France qui a été très active dans l' élaboration de cette résolution , a décidé de désarmer , d' atteindre l' objectif qui est commun à tous , le désarmement de l' Iraq , par des moyens d' inspection , de détection puis de destruction des armements de destruction massive

Là , on est dans ce contexte et , de notre point de vue , les rapports des inspecteurs confirment qu' il n' y a pas lieu de changer , qu' il faut poursuivre sur cette voie et que l' objectif peut être atteint en poursuivant cette voie . Certains de nos partenaires , qui ont leurs raisons , considèrent qu' il faut en réalité en terminer vite et par une autre approche , celle de la guerre .

Cela avait conduit à proposer une nouvelle résolution qui fixe un ultimatum . On a d' abord parlé du 17 mars , ensuite on a évoqué une possibilité d' amendement des Anglais pour reculer un peu la date de l' ultimatum , peu importe . Autrement dit , on passe d' un système qui était celui de la poursuite des inspections pour désarmer l' Irak à un autre système qui consiste à dire : " dans tant de jours , on fait la guerre " .

La France ne l' acceptera pas et donc refusera cette solution .

Qu' est -ce que cela veut dire , le droit de veto ?

D' abord , il faut savoir ce que cela veut dire . Je répète : la France s' opposera à cette résolution . Alors , maintenant , qu' est -ce que cela veut dire ? Il y a quinze membres au Conseil de sécurité . 5 membres permanents et dix membres qui changent tous les deux ans .

Pour qu' une résolution soit adoptée , il faut qu' elle ait une majorité de 9 membres . Alors , première hypothèse , qui est aujourd'hui , ce soir , la plus probable , cette résolution n' a pas une majorité de 9 membres .

Moi , je vous donne mon sentiment . Ma conviction , c' est que ce soir cette résolution comportant un ultimatum , et donc donnant le feu vert international à la guerre , n' a pas une majorité de 9 voix .

A partir de là , c' est exactement cela . A partir de là , naturellement , la France prendra parti . Il y aura des nations qui voteront non , dont la France . Il y en aura qui s' abstiendront . Mais , en tous les cas , il n' y aura pas , dans cette hypothèse , une majorité . Donc , à ce moment -là , il n' y a pas de problème de veto .

Alors , deuxième hypothèse , un certain nombre de gens changent d' avis par rapport à ce que je crois être leur sentiment ce soir . A ce moment -là , il peut y avoir effectivement une majorité de 9 voix ou plus qui sont pour la nouvelle résolution , celle qui autorise la guerre pour dire les choses simplement . A ce moment -là , la France votera non . Mais il y a une caractéristique , c' est cela que l' on appelle en réalité le veto , c' est que , lorsque l' un des 5 membres permanents , les Etats-Unis , l' Angleterre , la Russie , la Chine , la France , votent non , même s' il y a une majorité , la résolution n' est pas adoptée . C' est ce que l' on appelle le droit de veto .

Ma position , c' est que , quelles que soient les circonstances , la France votera non parce qu' elle considère ce soir qu' il n' y a pas lieu de faire une guerre pour atteindre l' objectif que nous nous sommes fixé , c' est - à - dire le désarmement de l' Iraq .

Ne vous laissez pas influencer par les polémiques . Je le répète : la guerre est toujours la pire des solutions . Et la France , qui n' est pas un pays pacifiste , qui ne refuse pas la guerre par principe , qui le prouve d' ailleurs en étant le premier contributeur de forces de l' OTAN actuellement , notamment dans les Balkans , la France n' est pas un pays pacifiste . La France considère que la guerre , c' est la dernière étape d' un processus , que tous les moyens doivent être utilisés pour l' éviter en raison de ses conséquences dramatiques . C' est le droit de vie et de mort .

Tout d' abord , le droit de veto a été très souvent utilisé .

Le droit de veto a été très souvent utilisé . La France l' a utilisé depuis l' origine dix-huit fois , la dernière en 1989 , il s' agissait à l' époque de la crise du Panama . L' Angleterre a dû l' utiliser trente-deux fois et les Etats-Unis soixante dix-sept fois . Donc , ce que vous appelez le droit de veto , c' est - à - dire le non s' opposant à une majorité , ce n' est pas un phénomène exceptionnel , c' est dans la nature des choses , c' est dans la règle internationale , c' est dans le droit international .

J' ai le sentiment qu' aujourd'hui les Russes et les Chinois , qui sont dans la même situation que la France pour ce qui concerne la possibilité de dire un non définitif , sont disposés , si les choses se présentent de cette façon -là , c' est - à - dire avec une résolution ouvrant droit à la guerre , sont disposés , je le pense , à avoir la même attitude que la France .

Vous savez , là aussi , on est dans la polémique ou dans l' instant . Je vous ai dit que la France n' était pas un pays pacifiste .

Elle n' est pas non plus un pays anti-américain , c' est absurde d' imaginer cela . Nous avons deux siècles d' histoire commune , de partage des mêmes valeurs . Nous nous sommes toujours trouvés ensemble dans les moments difficiles , la main dans la main , et nos relations et notre amitié ont des racines profondes dans les peuples , bien au-delà des situations événementielles . Donc , aucun risque que les Etats-Unis et la France , que le peuple américain et le peuple français se disputent ou se fâchent .

Monsieur Poivre d' Arvor , cela n' a pas de sens .

D' abord parce que je connais trop les Américains pour imaginer qu' ils puissent utiliser ce genre de méthode

Sur des détails . Ils sont un pays libéral , ce n' est pas l' Etat qui décide d' un embargo économique . C' est un pays libéral et , surtout , nous ne sommes plus dans les années 1960 - 1970 , nous sommes dans un monde mondialisé , globalisé , avec des organisations internationales . Le commerce , aujourd'hui , cela relève de l' Organisation Mondiale du Commerce , cela relève de l' Union européenne . Si les Américains voulaient prendre des dispositions à l' égard de la France , il faudrait qu' ils les prennent à l' égard de toute l' Europe , y compris l' Angleterre . Donc tout cela n' est pas sérieux . Alors , je ne dis pas qu' il n' y a pas de conséquences épidermiques .

Je suis tout à fait convaincu du contraire . D' ailleurs , je note que le Président George Bush l' a dit de façon très claire , et à mon avis du fond du cœur . Il y a deux jours , en évoquant sa divergence de vues sur le problème iraquien avec les Français et les Allemands , il a dit de la façon la plus claire : " les Français et les Allemands sont nos amis et le resteront " . Naturellement ! Nous avons une divergence de vues , ne nous laissons pas aveugler par l' instant . Ne sacrifions pas nos principes et nos valeurs parce que , dans un instant donné , il y a un élément de crise .

Je ne peux pas me prononcer sur ce point car je n' ai pas à me substituer à la décision , ou à interférer dans la décision , que prendront les Américains . Nous avons des contacts téléphoniques presque quotidiens , soit au niveau de nos conseillers diplomatiques , de nos ministres , à notre niveau .

Naturellement , Nous leur avons dit de faire attention , qu' on ne pouvait pas être porteur de valeurs de démocratie , de dialogue et ne pas utiliser tous les moyens pour éviter une guerre . Et que si la communauté internationale ne donnait pas son aval , ce serait un précédent dangereux pour les Etats-Unis que de passer outre . Vous me direz : " ils ont déplacé 200000 hommes " . Mais ils ont gagné , déjà ! J' ai eu l' occasion de le dire il n' y a pas longtemps au Président Bush . Il est hautement probable que , si les Américains et les Anglais n' avaient pas déployé ces forces , aussi importantes , il est hautement probable que l' Iraq n' aurait pas donné cette coopération plus active qu' exigeaient les inspecteurs , qu' ils ont constatée et que , probablement , elle a été obtenue à cause de cette pression . Donc , on peut dire qu' en réalité , dans leur stratégie de désarmement de l' Iraq , les Américains ont atteint leur objectif , ils ont gagné .

Je ne vois pas comment ils la perdraient . Vous savez , atteindre son objectif sans faire la guerre , cela ne peut pas conduire à perdre la face .

Nous ne sommes pas engagés et nous ne le serons pas s' il n' y a pas une décision de l' ONU , naturellement .

Aucun moyen militaire .

Cela va de soi . Cela fait partie des relations normales qui existent entre pays alliés . Les Américains sont nos alliés . Nous ne sommes pas d' accord avec eux sur une guerre immédiate dans cette région du monde , en Iraq , cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas des alliés . Si les Américains ont besoin de survoler notre territoire , il va de soi qu' entre alliés ce sont des choses qui se font .

Il n' y avait pas de rapport . Cela , c' était un coup de main ou un coup de force sur un pays étranger , parfaitement ciblé , pour une opération . Et , à l' époque , je n' avais pas cru , et le Président Mitterrand non plus j' étais Premier Ministre , mais François Mitterrand était Président de la République -nous n' avions pas cru devoir donner notre autorisation . Mais cela , c' était un problème très particulier .

Personne ne peut dire à l' avance quels sont les résultats d' une guerre . Il est rare qu' ils soient positifs . Il y a d' abord des femmes , des hommes , des enfants morts et il y a ensuite , dans le cas particulier , le risque d' éclatement du pays , avec tout ce que cela comporte comme incertitudes . Ensuite , il faut recréer un peu le calme dans une région qui est hélas traumatisée depuis longtemps , qui est fragile et qui n' a vraiment pas besoin d' une guerre supplémentaire .

Donc , on ne sait pas quelles sont exactement les conséquences d' une guerre . Mais ce qui est sûr , c' est qu' après une guerre , il faut effectivement réparer les choses .

C' est - à - dire qu' on le lui demandera ! Il faut reconstruire , à la fois matériellement et aussi politiquement . Et cette reconstruction , elle , alors , elle ne peut se faire que par l' ONU . On n' imagine pas quelqu' un assumant seul le rétablissement d' une situation viable dans ce pays et dans cette région , y compris les Etats-Unis .

Cela , c' est une hypothèse hasardeuse .

Je ne sais pas ce que veulent faire les Américains , mais je dis que c' est une hypothèse hasardeuse . En revanche , ce qui est sûr , c' est qu' il faudra que l' on s' associe tous pour réparer , si j' ose dire , les dégâts . La France , bien évidemment , y aura sa place et assumera ses responsabilités . Mais nous préférerions , je le répète une fois de plus , atteindre l' objectif que s' est fixé la communauté internationale , c' est - à - dire le désarmement de l' Iraq . Et , à partir du désarmement de l' Iraq , ne vous y trompez pas , la fin du régime . Car le désarmement suppose une transparence . Et les dictatures ne résistent pas longtemps à la transparence .

Nous préférons le faire par la voie de la paix plutôt que par la voie de la guerre , si tant est qu' elle puisse être efficace . Je voudrais vous rappeler sur ce point que c' est une position constante de la part de la France depuis le début de cette crise . Nous avons été très actifs pour l' élaboration de la décision du Conseil de Sécurité quand il a adopté , à l' unanimité , la résolution 1441 .

Cela , c' est la polémique , et moi , je n' entre pas dans la polémique . Je ne souhaite surtout pas polémiquer avec les Américains .

Mais là , nous arrivons à un problème de principe . Nous ne sommes pas du tout en conflit avec les Etats-Unis , nous n' avons aucune raison d' avoir un conflit avec les Etats-Unis . Mais là , nous sommes sur un problème de principe , je dirais , un problème moral . Est -ce que l' on va faire la guerre alors qu' il y a peut-être un moyen de l' éviter ? La France , conformément à sa tradition , dit : " s' il y a un moyen de l' éviter , il faut l' éviter " . Et nous ferons tout pour cela .

Faisons attention aux excès .

Je ne l' ai pas approuvée .

Je ne le crois pas .

Je ne le crois pas . D' abord parce que je n' ai jamais pensé que l' Europe était un chemin de roses . L' Europe , c' est un chemin difficile , escarpé , semé d' embûches . Et vous observerez que , depuis que nous l' avons emprunté , nous avons toujours progressé . Quelles que soient les difficultés et quelles que soient les embûches . Et chaque fois qu' il y a eu crise , nous sommes sortis renforcés dans le processus européen . Je prends l' exemple qui nous occupe aujourd'hui . Nous avons fait des efforts , après le marché unique , après un certain nombre d' autres réformes et après la monnaie unique , pour nous engager sur la voie de la politique étrangère et de défense commune . Nous savions très bien que nous aurions là - encore des difficultés . Elles sont apparues avec l' affaire iraquienne . Je vous rappelle , pour vous donner un exemple , alors que nous prenions à l' évidence deux positions différentes , que les Anglais et nous , nous nous sommes réunis pour notre dernier sommet franco-britannique au Touquet .

Et nous avons constaté notre divergence de vues sur cette affaire iraquienne et progressé très sensiblement sur tout un ensemble de décisions , qui sont passées un peu inaperçues à cause de la crise iraquienne , mais qui nous ont permis de progresser sur la voie de la défense commune . Ma conviction c' est que la crise-avec un petit " c " -que connaît l' Europe à cause de ces divergences de vues .

Non , ne le croyez pas ! Vous savez , j' ai une longue expérience de l' Europe . Je connais bien l' Europe . Je sais comment elle fonctionne . Je suis peut-être l' un de ceux qui savent le mieux comment elle fonctionne . Elle ne sera pas du tout divisée , dès que la crise sera terminée . Et elle trouvera dans ce remords de ne pas avoir pu concevoir une position unique une force nouvelle pour arriver à l' objectif qu' elle s' est fixé . C' est toute l' histoire de l' Europe . L' histoire de l' Europe est jalonnée de crises dont chaque fois , elle est sortie renforcée . Et ce phénomène se produira encore . Tout simplement parce que chacun a conscience que , si nous voulons - c' est ce que je vous disais au début - si nous voulons un monde multipolaire où l' Europe compte et existe , il faut qu' elle soit réellement bien associée . Et elle le sera .

Sur ces trois points , le terrorisme d' abord . Il est certain que , s' il y a guerre , les premiers vainqueurs seront probablement ceux qui souhaitent l' affrontement , le choc des civilisations , des cultures , des religions , et qu' une guerre de cette nature ne peut à mes yeux que conduire à un développement du terrorisme . C' est en tous les cas hautement probable .

Vous savez , là , on ne sait rien . La France a été douloureusement touchée par le terrorisme , elle en a l' expérience . Et , par conséquent , elle se méfie peut-être plus que d' autres . En tous les cas , ce que je peux vous dire , c' est que , dans ce domaine , il me semble que la guerre est un élément qui fera éclater la coalition mondiale anti-terroriste . Car il ne faut pas oublier tout de même qu' une très grande majorité des pays et des peuples du monde est hostile à cette guerre , une très , très grande majorité . La France n' est pas isolée , beaucoup s' en faut . Donc le terrorisme risque effectivement d' avoir une impulsion nouvelle dans ce contexte . Ce que je peux vous dire , c' est que le gouvernement français a pris un ensemble de dispositions aussi efficaces que possible , face à un phénomène aussi imprévisible , afin que le terrorisme ne puisse pas se développer . Je remarque d' ailleurs que , depuis deux ou trois mois , un certain nombre d' opérations spectaculaires , et dont la plupart ont été publiques , d' ailleurs , ont permis de neutraliser des réseaux terroristes qui étaient réellement dangereux .

Au moins ceux - ci ont été neutralisés .

Vous dites les tensions .

La France est un pays qui a toujours eu pour vocation d' intégrer ses enfants et qui ne veut pas accepter le communautarisme .

Et donc , tout ce qui peut développer ce mal doit être combattu . Nous essayons de faire le maximum pour que la compréhension , le respect de l' autre - hélas trop souvent ignoré - le dialogue , notamment entre les religions , entre les communautés , entre les cultures , en France et dans le monde , permettent d' éviter ces affrontements stériles , dangereux et cruels .

Enfin , vous me parlez de l' économie , à juste titre . Il est certain que ce bruit de bottes , si j' ose dire , n' est pas favorable à l' économie . Et nous voyons bien que la croissance diminue , avec les conséquences que cela comporte , dramatiques , sur l' emploi , que les investissements attendent , sont différés , que la confiance n' est pas présente , que la consommation en souffre et que , par conséquent , c' est vrai , la machine économique a du mal actuellement , et c' est lié pour une large part à la situation internationale et aux perspectives de guerre . Alors , là encore , il faut essayer d' agir de la façon le plus efficace possible . Et je crois que le gouvernement , de ce point de vue , a pris non seulement la bonne voie mais la seule voie possible , c' est - à - dire celle qui consiste à associer une politique en faveur de l' emploi , pour des raisons sociales , et une politique de libération des énergies , pour encourager l' économie et notamment l' investissement ou la consommation . Je crois que le gouvernement le fait avec détermination . Le Premier Ministre a dans ce domaine , incontestablement , une espèce de détermination , de volonté , et je crois qu' il fait de ce point de vue tout ce qui peut être fait .

Attendez , le Général de Gaulle n' a jamais fait de l' opposition aux Etats Unis . Le Général de Gaulle a même été présent , aux côtés des Etats-Unis , le premier , chaque fois qu' il y a eu une crise .

Non , il ne s' est pas opposé pour s' opposer aux Etats Unis .

Oui , il a affirmé les intérêts de la France .

Je ne peux être que flatté , en tous les cas , de cette comparaison que vous voulez bien faire . Mais j' essaie de prendre mon inspiration propre .

Je n' en sais rien . Ce que je sais , c' est que , même si c' était un pour mille ou un pour un million , ça ne diminuerait en rien ma détermination à tout faire pour que l' on puisse régler le problème iraquien sans faire la guerre .

Je vous remercie .

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