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J. Chirac - 15 décembre 2004

Tf1-journal de 20 h


Bonjour , Monsieur Poivre d' Arvor .

Alors demain , nous avons effectivement le Conseil européen qui va nous permettre de répondre à la question que vous posez : ouverture des négociations pour une éventuelle entrée de la Turquie dans l' Union européenne .

Ce sujet a fait l' objet d' un débat important en France , et c' est un débat légitime . C' est pourquoi je voulais dire aux Françaises et aux Français , par votre intermédiaire , dans quel état d' esprit j' étais pour aller à ce Conseil européen .

La question qu' il faut se poser , c' est : est -ce que l' Europe , et notamment la France , ont ou non intérêt à ce que la Turquie les rejoigne ? Ma réponse est oui , si .

Oui , si la Turquie remplit la totalité des conditions qui s' imposent à tout candidat à notre union .

Quand vous réfléchissez à ce qu' on a voulu en faisant l' Union européenne , l' Union européenne , c' est d' abord un projet pour la paix et la stabilité . Après des siècles de guerres , d' horreurs , nous voulons laisser à nos enfants une région en paix , stable , sans guerre .

L' Union européenne que nous avons voulue , c' est aussi l' enracinement de la démocratie , des droits de l' Homme , des libertés , à nos yeux , capitales .

Et c' est enfin la volonté d' avoir les meilleures conditions d' un développement économique et social .

Alors , au regard de ces trois critères , je crois que nous avons intérêt à avoir la Turquie , si elle remplit toutes les conditions . Il est évident que sur le plan de la sécurité , de la stabilité , de la paix , avoir avec nous ce grand ensemble , à nos portes , aujourd'hui , est tout à fait positif . L' avoir rejeté représenterait certainement un risque d' instabilité , d' insécurité à nos frontières qu' il faut , sans aucun doute , éviter .

C' est aussi le moyen de s' assurer que ce grand ensemble à nos portes , verra définitivement consolider les progrès qu' il a faits mais qui doivent être poursuivis , dans le domaine de la démocratie , des libertés , des droits de l' Homme , de l' égalité des hommes et des femmes , de la liberté religieuse , du respect des droits des minorités , etc .

Je vais vous le dire , mais avant je voudrais vous dire que c' est aussi un élément très important de développement économique . C' est un énorme marché , c' est un pays puissant économiquement . Nous avons intérêt à l' avoir avec nous et non pas contre nous .

J' ajoute enfin que l' Europe est un peu petite face aux grands ensembles du monde , de la Chine , de l' Inde , de l' Amérique du nord , et elle serait , sans aucun doute , renforcée dans sa puissance pour demain par la présence de la Turquie .

Alors , naturellement , cela suppose que la Turquie adhère à tout ce que nous souhaitons . C' est - à - dire qu' elle transforme profondément ses valeurs , ses modes de vie , ses règles .

Elle a sans doute fait un effort considérable . C' est vrai . Elle est loin du terme de cet effort car , comprenez bien que " négociation " , effectivement , cela ne veut pas dire " adhésion " . Cela veut dire que la Turquie devra encore faire des efforts considérables , qui vont durer dix ans , quinze ans , vingt ans , je ne sais pas , mais certainement pas moins de dix ou quinze ans , pour reprendre tout ce que nous appelons l' acquis communautaire , c' est - à - dire toutes les règles , les valeurs , les modes de vie qui sont les nôtres tant sur le plan des droits de l' Homme que sur le plan de l' économie de marché . Toutes les valeurs et les règles qui sont les nôtres .

Et pour cela , elle doit faire des efforts considérables . Il y a trente chapitres qui développent ce qui doit être fait . Il y a 88000 pages de législation qu' elle devra adopter . C' est un effort considérable .

Alors quand vous me dites : peut -on trouver une autre solution ? On peut toujours trouver des solutions , c' est le travail des diplomates . Mais je n' y crois pas , car demander .

Monsieur Poivre d' Arvor , demander à un pays , comme la Turquie , un grand pays riche d' une longue histoire , de faire des efforts aussi considérables pour arriver à un résultat aléatoire ou partiel , ce n' est évidemment pas raisonnable . Et nous prendrions une très lourde responsabilité vis-à-vis de l' histoire si , face à un peuple qui nous dit : " nous adoptons toutes vos valeurs , toutes vos règles , tous vos objectifs " , nous leur disions : " eh bien , non . Au total , nous allons être négatifs " .

Ils n' accepteront jamais . C' est un peuple fier et c' est un peuple qui a conscience de faire des efforts gigantesques dans notre direction . Nous ne pouvons pas , dans l' hypothèse où ils font ces efforts , où ils rejoignent les Européens sur tous les points , leur dire : " ah , mais non . Vous ne serez pas à part entière " . C' est une lourde responsabilité que nous prendrions vis-à-vis de l' histoire .

Vous savez , vous aurez observé que la très grande majorité de nos partenaires sont pour l' ouverture des négociations et souhaitent qu' elles puissent aboutir .

Même si cela peut être loin . Cela , c' est un fait .

Vous aurez également observé , Monsieur Poivre d' Arvor que depuis 1963 , date à laquelle on a fait le Traité d' association et où on a déclaré que la Turquie avait la vocation à entrer dans l' Europe , depuis 1963 , pas un seul chef d' Etat , pas un seul Premier ministre français n' a contesté la vocation européenne de la Turquie . Pas un seul . Alors , je reconnais qu' il y a un débat , il faut l' assumer . Je souhaite participer à ce débat et dire aux Françaises et aux Français comment il se présente . Mais je souhaite , aussi , ne pas attiser les passions .

Monsieur Poivre d' Arvor , nous sommes en France un pays de droit . Il y a une loi qui a été votée , d' ailleurs , presque à l' unanimité aussi bien du Sénat que de l' Assemblée Nationale , qui parle de génocide . Par conséquent , c' est la loi .

L' essentiel , c' est que toute notre histoire est jalonnée d' efforts de réconciliation et de paix . Je vous disais tout à l' heure que l' Europe c' était d' abord , au départ et toujours , un effort de réconciliation , de paix , de respect de l' autre et d' ouverture aux autres , qui s' est traduit partout , par un effort de mémoire important . Cet effort doit être fait , bien entendu , par la Turquie et je suis sûr qu' elle le fera . Et pour nous , cela est très important parce qu' au-delà des termes , au-delà des mots , ce qui est important c' est de savoir que la France , en 1915 , a ouvert ses portes , qu' elle a accueilli beaucoup d' Arméniens qui sont très nombreux .

La communauté arménienne française est totalement intégrée . Ce sont des Français comme vous et moi , naturellement , mais ils ont aussi une mémoire , une sensibilité qu' il faut respecter , comme tout un chacun . Et leur nombre , leur importance , le drame qu' ont vécu leurs familles , qui reste dans leur mémoire , doit être respecté . Et tout ceci suppose un effort de mémoire de la part de la Turquie , c' est évident . Je ne doute pas , bien sûr , qu' elle le fera .

Vous savez , toute l' histoire de la Turquie , depuis l' Empire romain , a été la recherche d' un choix entre l' Asie et l' Europe . Tantôt elle a penché vers l' Asie , tantôt elle a penché vers l' Europe . Si bien que la question qui se pose aujourd'hui , ce n' est pas de savoir si elle est d' Asie ou d' Europe . La question qui se pose aujourd'hui , c' est de savoir quel est l' intérêt de l' Europe . C' est cela qui nous importe .

Est -ce que son intérêt , c' est que la Turquie penche pour les prochaines générations vers l' Europe ou vers l' Asie ? Je vous dis que notre intérêt , c' est qu' elle penche vers l' Europe , nos valeurs , notre conception des droits de l' Homme , de la paix , de la démocratie , et non pas vers l' Asie où elle risquerait d' emprunter une autre voie qui , probablement , générerait ou pourrait générer de l' instabilité ou de l' insécurité pour l' Europe .

Sortons d' une réflexion qui conduit forcément au manque de respect des autres , à la guerre des religions , à la guerre des civilisations , à la guerre des cultures , avec tout que cela comporte comme conséquences qui , hélas , apparaissent aujourd'hui dans le monde , y compris dans leur forme la plus odieuse qui est le terrorisme . Ayons une conception plus humaine , c' est - à - dire , respectons les autres . La Turquie est un pays laïc . La laïcité en Turquie a été décrétée en 1923 . C' est un pays laïc qui respecte les autres religions comme nous respectons nous - mêmes les religions . Alors , restons en là , je vous en prie . Ne provoquons pas des heurts de cette nature . Nous avons tout à y perdre , à commencer par la dignité .

Je ne suis pas inquiet parce que je ne conçois pas le développement européen en termes d' affrontements , mais en termes de recherche de synthèse , de recherche d' intérêts communs . C' est exactement ce que nous faisons , c' est tout l' esprit de la communauté . Naturellement , les questions de vote , etc .. -que la Constitution telle que , je l' espère , les Français vont l' adopter , a pour conséquence d' améliorer sensiblement , je le dis au passage , la position de la France par rapport à ce qui se passerait si la Constitution n' était pas adoptée ou si elle n' avait pas été élaborée . Les modalités de l' intégration de la Turquie , le cas échéant - cela se passera dans dix ou quinze ans- , devront être prises en compte et là nous aurons , à nouveau , un traité d' adhésion . Parce que je voudrais vous rappeler une chose dans le débat que vous avez évoqué au début de notre propos , monsieur Poivre d' Arvor , n' oublions pas que nous allons ouvrir des négociations probablement . .

Dans l' année 2005 .

La date sera arrêtée par le Conseil européen . Ce n' est pas un problème majeur parce qu' il y a des préparatifs nécessaires qui prendront un peu de temps . Donc , disons en 2005 . N' oubliez pas deux choses , indépendamment du fait que ce sera très long , que ça va durer dix ou quinze ans . Mais , premièrement , c' est une négociation d' Etat à Etat . Cela veut dire qu' en permanence , pendant toute la période depuis l' ouverture des négociations jusqu' à leur fin , chaque Etat , chaque nation , chacun des Vingt-cinq membres de l' Union européenne peut décider que ça ne marche pas et bloquer la totalité des négociations . Il faut l' unanimité . Donc , chaque nation conserve son entière liberté , je le dis aux Français , parce que je ne suis pas sûr qu' on le leur ait expliqué . Chaque nation , et notamment la France , conserve depuis le début des négociations jusqu' à leur fin , c' est - à - dire pendant les dix ans , quinze ans , vingt ans qui seront nécessaires , le droit de tout arrêter .

Deuxièmement , nous allons avoir , vous le savez , une réforme constitutionnelle qui va passer dans quelques semaines pour reconnaître la Constitution , le nouveau Traité constitutionnel , que nous allons soumettre au référendum . Et dans cette réforme constitutionnelle , il est prévu qu' au-delà des pays qui ont déjà engagé des négociations d' adhésion , toute nouvelle adhésion devra être sanctionnée pour l' adoption du Traité d' adhésion qui sera nécessaire , pas par la voie parlementaire , mais obligatoirement par la voie référendaire . Ce qui veut dire en clair qu' en toute hypothèse , chaque Française et chaque Français conserve son droit à s' exprimer et que les Français auront , comme les autres d' ailleurs auront , le dernier mot .

Je crois qu' il faut intégrer toutes ces données pour dire : " ayons l' esprit ouvert , ne jetons pas le manche après la cognée " .

Nous devons d' abord faire la réforme constitutionnelle .

Ne préjugeons pas de ce que fera le Parlement . Je souhaite que cela soit fait . Mais enfin , n' en préjugeons pas . Dès que ce sera suffisamment engagé , j' indiquerai aux Françaises et aux Français la date qui me paraît , ou que j' aurai retenue , comme étant la mieux à même d' ouvrir le référendum sur le Traité constitutionnel .

L' histoire ne se répète pas , et ce n' est pas à travers les sondages que l' on assume des responsabilités politiques , quel que soit l' intérêt ou l' importance qu' ils peuvent avoir . Ce que je veux dire , en revanche , c' est que ce référendum va être très important . Très important pour l' Europe , et pour la France en Europe . La France a toujours été un moteur de la construction européenne dont je le répète , l' objectif , c' est l' enracinement de la paix , de la démocratie , des droits de l' Homme . Et j' espère qu' elle continuera à assumer cette responsabilité de moteur . Pour cela , il faut qu' elle dise oui au référendum sur le Traité constitutionnel . Je le souhaite . Ce que je souhaite également , c' est que , pour une fois , on ait vraiment conscience qu' il s' agit d' une réponse importante à une question importante . Et qu' il ne doit pas être assumé dans un contexte politique avec des préoccupations qui n' ont rien à voir .

Non . Il faut vraiment que ce référendum ne soit pas détourné de sa vocation , tant il est important , par des considérations qui n' ont rien à voir avec lui .

Les socialistes ont eu raison de souligner que ce référendum ne devait pas être détourné de son objectif . C' est une question suffisamment importante pour que chacun en assume la réponse selon sa conscience , et non pas selon des considérations qui n' ont rien à voir avec la question posée .

Monsieur Poivre d' Arvor , je vous l' ai dit . C' est dans quelques semaines que la modification de la Constitution , qui est présentée par le Gouvernement pour d' ailleurs permettre la ratification du Traité constitutionnel , prévoira que pour les pays qui , après ceux qui sont aujourd'hui en procédure si j' ose dire d' adhésion , pour les nouveaux adhérents aux premiers rangs desquels se trouve la Turquie , c' est par le référendum et non pas par la voie parlementaire que le Traité d' adhésion devra être approuvé . C' est - à - dire , je le répète , qu' en toute hypothèse , les Françaises et les Français gardent le dernier mot dans cette affaire . En toute hypothèse .

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