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de la cooccurrence autour du mot choisi dans le discours du qui
C. de Gaulle - 7 novembre 1962
Allocution radiotélévisée
La décision souveraine , que la nation a prise le 28 octobre et qui s' impose à qui que ce soit , peut avoir la plus vaste portée pour l' avenir de la France .
Car la loi constitutionnelle , telle qu' elle a été votée , fait que dorénavant le peuple français élira son président au suffrage universel . Celui à qui notre Constitution confère la charge très lourde d' être réellement le chef de l' Etat en aura après moi l' obligation et la possibilité , grâce au mandat direct qu' il recevra de la nation . Ainsi devra demeurer cet élément capital de permanence et de solidité que comportent nos institutions , je veux dire la présence au sommet de la République d' une tête qui puisse en être une .
D' autant plus que le scrutin souverain du 28 octobre a solennellement confirmé le droit que notre Constitution attribue au chef de l' Etat de soumettre au pays , par voie de référendum , tout projet de loi portant sur l' organisation des pouvoirs publics . La nation , seule maîtresse d' elle-même , a donc jugé définitivement que ses futurs présidents auront la faculté de lui demander à leur tour , comme je l' ai fait 5 fois moi - même , de trancher directement au fond tel problème qui serait essentiel .
Mais aussi , une fois de plus , le référendum a mis en pleine lumière une donnée politique fondamentale de notre temps . Il s' agit du fait que les partis de jadis , lors même qu' une commune passion professionnelle les réunisse pour un instant , ne représentent pas la nation . On s' en était clairement et terriblement aperçu quand , en 1940 , leur régime abdiqua dans le désastre . On l' avait de nouveau constaté en 1958 , lorsqu' il me passa la main , au bord de l' anarchie , de la faillite et de la guerre civile . On vient de le vérifier en 1962 .
Que s' est -il passé , en effet ? La nation étant maintenant en plein essor , les caisses remplies , le franc plus fort qu' il ne le fut jamais , la décolonisation achevée , le drame algérien terminé , l' armée rentrée toute entière dans la discipline , le prestige français replacé au plus haut dans l' univers , bref tout danger immédiat écarté et la situation de la France bien établie au dedans et au dehors , on vit tous les partis de jadis se tourner contre de Gaulle .
On les vit s' opposer tous ensemble au référendum parce qu' il tendait à empêcher que leur régime recommençât . Afin de tenir de nouveau le pouvoir à leur discrétion et d' en revenir au plus tôt aux jeux qui font leurs délices , mais qui seraient la ruine de la France , on les vit se coaliser , sans qu' il en manquât un seul , d' abord au Parlement pour censurer le ministère , ensuite devant le pays pour l' amener à répondre " non " . Or , voici que tout leur ensemble vient d' être désavoué par le peuple français .
Assurément nul ne conteste que les partis de jadis épousent et servent encore divers courants d' opinion , intérêts particuliers , soucis locaux , mérites personnels . Assurément , grâce aux clientèles , aux influences , aux combinaisons , qui sont leurs moyens éprouvés , peuvent -ils encore faire passer nombre des leurs aux élections . Assurément , certains de leurs hommes ont -ils des capacités qui pourraient être utiles au gouvernement du pays , dès lors qu' eux - mêmes voudraient agir dans un système dévoué au seul intérêt national , et l' on sait qu' au long des années du temps de guerre et du temps de paix où je dirigeais les affaires , j' ai , suivant l' opportunité , pris mes ministres dans toutes les formations politiques , tour à tour et sans exception . Mais c' est un fait qu' aujourd'hui confondre les partis de jadis avec la France et la République serait simplement dérisoire .
Or il se trouve qu' en votant " oui " en dehors d' eux et malgré eux la nation vient de dégager une large majorité de rénovation politique . Je dis qu' il est tout à fait nécessaire , pour que dure la démocratie , que cette majorité s' affermisse et s' agrandisse , et d' abord qu' elle s' établisse au Parlement .
Si , en effet , le Parlement , qui détient le pouvoir législatif et le contrôle , devait reparaître demain dominé par les fractions que l' on sait , obstiné à rétablir leur régime d' impuissance de naguère , bref se mettant en contradiction avec la volonté profonde que vient d' exprimer le pays , alors , ayant dans ce cas moins que jamais un caractère réellement représentatif , et d' ailleurs divisé en groupes rivaux et opposés , un tel Parlement ne manquerait pas dès l' abord de foisonner dans l' obstruction , puis de plonger les pouvoirs publics dans une confusion trop connue , en attendant tôt ou tard de faire sombrer l' Etat dans une nouvelle crise nationale .
Au contraire , quel rôle peut jouer le Parlement , si , échappant aux prétentions et illusions des partisans , il veut que continue , avec son concours résolu , l' œuvre de redressement national qui s' accomplit depuis plus de quatre ans !
Française , Français , vous avez le 28 octobre scellé la condamnation du régime désastreux des partis et marqué votre volonté de voir la République nouvelle poursuivre sa tâche de progrès , de développement et de grandeur . Mais les 18 et 25 novembre vous allez élire des députés . Ah ! puissiez -vous faire en sorte que cette deuxième consultation n' aille pas à l' encontre de la première ! En dépit , le cas échéant de toutes les habitudes locales et considérations fragmentaires , puissiez -vous confirmer , par la désignation des hommes , le choix qu' en votant " oui " vous avez fait quant à notre destin !
Françaises , Français , je vous le demande ! Je vous le demande en voyant les choses bien au-delà de ma personne et de mon actuelle fonction . Je vous le demande en me plaçant une fois encore sur le terrain - le seul qui m' importe - du bien de l' Etat , du sort de la République et de l' avenir de la France .
Vive la France !
Vive la République !