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Qui utilise le plus le mot «prospérité» ?
Distribution statistique du mot chez l'ensemble des locuteurs du corpus.
Les thèmes autour du mot «prospérité»
Analyse multi-couches
de la cooccurrence autour du mot choisi dans le discours du qui
C. de Gaulle - 31 décembre 1964
Allocution radiotélévisée
En 1964 , la France a vécu en paix , à l' intérieur et à l' extérieur . Par contraste avec tant d' autres périodes de son histoire qui avaient été marquée par le trouble et le malheur , elle ne s' est gaspillée , ni au dedans en vaines agitations , ni au dehorsen conflits stériles . Aussi l' essor de renouveau , dont elle est maintenant animée , lui a -t -il permis d' avancer largement en fait de prospérité , de puissance et d' influence . Pourvu qu' au cours de 1965 notre pays maintienne la même stabilité et la même activité , je suis sûr que l' année qui commence sera une étape importante de son extraordinaire développement .
En fait de développement , le bilan est catégorique . Au fond , chacun le sait . Mais il est bon de donner quelques chiffres . Par rapport à 1958 , l' année 1964 a vu le produit national accru de 35 pour 100 . Je parle du produit réel , évalué après défalcation de toutes les augmentations de prix .
Dès lors , la France , au train où elle va , sera , en moins d' une génération , deux fois plus riche qu' elle n' était . Pendant le même espace de six ans , le revenu moyen des Français , calculé en valeur absolue , a monté d' au moins 25 pour 100 . C' est le cas , notamment , pour diverses catégories qui avaient pu , naguère , paraître défavorisées : agriculteurs , fonctionnaires , agents des services publics .
Cela veut dire que , si les choses continuent , qu' un bébé qui vient au monde ce soir , pourra , à partir de sa majorité vivre deux fois mieux que ses parents ne vivent aujourd'hui .
Tandis que notre progrès collectif nous met à même d' améliorer ainsi l' existence de chacun , nous l' employons également à accroître massivement les grands investissements sociaux .
Si l' on chiffre en monnaie constante les crédits qui leur sont alloués par le seul budget national , on voit qu' en 1965 , par comparaison à 1958 , l' Etat augmente ceux qu' il consacre : au Logement de 50 pour 100 , à la Santé publique , de 68 pour 100 , au Travail , de 80 pour 100 , à l' Agriculture , de 128 pour 100 , à l' Education nationale de 518 pour 100 , à la jeunesse et aux Sports , de 216 pour 100 , à la Recherche scientifique , de 518 pour 100 .
Assurément , nous avons à faire mieux encore , notamment pour le logement , et nous le ferons sans nul doute à mesure de nos moyens . Mais cette amélioration , jamais atteinte jusqu' à présent , de la prospérité générale , de la condition de chacun et de la vie collective , en vérité tout le monde le constate , même si , du fait qu' on la vit au jour le jour , on la discerne plus ou moins bien , ou si , les désirs croissant avec les progrès , on n' en est jamais satisfait , ou si , enfin , les nostalgies , les rancœurs , les démagogies partisanes affectent de la mettre en doute .
Sans avoir à prophétiser , j' annonce , qu' à moins de graves secousses chez nous ou ailleurs , 1965 verra la prospérité nationale , bénéficier de l' avance solide que lui permettent le plan de développement économique et social actuellement en vigueur , le budget de sincérité et d' équilibre qui vient d' être adopté , la stabilisation des prix et du crédit qui est et restera naturellement appliquée , enfin , et par dessus tout le travail du peuple français .
Eh ! oui , le travail ! En effet , étant donné que les limites de nos souhaits s' élargissent de jour en jour , que notre démographie s' élève sans cesse en raison de la natalité et de l' immigration -en 1964 , 565000 habitants de plus dans la métropole , plus tard sans doute un million par an - qu' il est de notre devoir et , à terme , de notre intérêt de contribuer à l' avance des peuples encore dépourvus , que la concurrence s' engage sur le marché sans douanes , de six pays européens , que la pression de la puissance économique américaine s' exerce jusque chez nous , il est clair qu' il nous faut produire toujours plus et toujours mieux , épargner et investir constamment et davantage , pousser sans relâche nos recherches scientifiques et techniques sous peine de nous enliser dans une amère médiocrité et d' être colonisés par les participations , les inventions , les capacités étrangères .
Mais il n' y a rien là , -bien au contraire , -qui puisse intimider la France nouvelle où pousse une jeunesse fort heureusement nombreuse et ambitieuse . En 1965 , nous ne relâcherons donc pas notre effort qui , au dedans , nous vaut le progrès et qui , au dehors , est la condition de notre indépendance .
Je dis notre indépendance . Cela signifie que notre pays , qui ne cherche à dominer personne , entend être son propre maître . Or l' année qui finit a montré , et celle qui s' ouvre confirmera que , tout en redevenant nous - mêmes dans les domaines de la politique , de l' économie , de la monnaie , de la défense , autrement dit en rejetant tous systèmes qui , sous le couvert du " supranational " , ou bien de l'"intégration " ou encore de l'"atlantisme " , nous tiendraient en réalité sous l' hégémonie que l' on sait , nous sommes tout disposés à la coopération amicale avec chacun de nos Alliés , nous faisons progresser l' Union de l' Europe occidentale , nous demeurons très actifs quant à l' aide que nous apportons aux peuples en voie de développement , nous prenons avec l' Amérique latine , continent au très vaste avenir et particulièrement proche de nous par l' esprit et par le cœur , des contacts de plus en plus étroits , nous renouons avec la Chine , nous multiplions enfin nos rapports avec les Etats européens de l' Est à mesure que leur évolution interne les oriente vers la paix .
Une conséquence évidente de ce redressement vis-à-vis du monde est que jamais tant d' hommes sur terre n' ont tant attendu de nous , ni éprouvé tant d' attrait pour la France .
Certes , la vie est la vie , autrement dit un combat , pour une nation comme pour un homme . Il y a , il y aura , toujours et partout , des difficultés à vaincre , des efforts à déployer , des peines à supporter , afin d' avancer en fait de dignité , de justice , de fraternité . Mais , tous ensemble , nous sommes un peuple , dont l' évolution moderne rend les enfants chaque jours plus solidaires pour le meilleur et pour le pire . Ce que ce peuple accomplit commande notre sort particulier . Ce qui arrive à l' un ou l' autre compte dans le destin commun . C' est pourquoi , Françaises ! Français ! en exprimant en notre nom à tous nos meilleurs vœux au pays , c' est à vous que je les adresse et , en souhaitant à chacune et à chacun de vous une bonne et heureuse année , je la souhaite à la France .
Vive la République !
Vive la France !