C. de Gaulle
C. de Gaulle
G. Pompidou
G. Pompidou
V. Giscard d'Estaing
V. Giscard d'Estaing
F. Mitterrand
F. Mitterrand
J. Chirac
J. Chirac
N. Sarkozy
N. Sarkozy
F. Hollande
F. Hollande
E. Macron
E. Macron


Focus sur le discours :

: voir le discours complet

Cooccurrences
Rechercher un mot et afficher ses cooccurrents





Voir aussi :
Passages-clés
Extraits statistiques basés sur le vocabulaire spécifique du discours

et dont nous pouvons penser que le poids ne nous écrasera pas . Voilà pourquoi nous nous imposons une stabilité financière , économique et monétaire qui nous dispense de recourir à l' aide de l' étranger , nous changeons en or l' excès de dollars importés chez nous par suite

Voir une autre phrase-clé
Qui utilise le plus le mot «indépendance» ?
Distribution statistique du mot chez l'ensemble des locuteurs du corpus.
Les thèmes autour du mot «indépendance»
Analyse multi-couches de la cooccurrence autour du mot choisi dans le discours du qui
C. de Gaulle - 27 avril 1965

Allocution radiotélévisée


Dans le monde d' aujourd'hui , où se posent tous les problèmes , où l' éventuel danger s' élève jusqu' à l' infini , où se heurtent âprement les besoins et les ambitions des Etats , quelle est l' action de la France ?

Reconnaissons qu' ayant été autrefois un peuple colosse , en fait de population , de richesse et de puissance , nous revenons de loin pour jouer de nouveau notre rôle international . Car , il y a une centaine d' années , notre expansion démographique et économique et , du même coup , notre force , commencèrent à décliner . Enfin , se succédèrent les deux guerres mondiales qui nous ruinèrent et nous décimèrent , tandis que deux grands pays , les Etats-Unis et la Russie , parvenaient à leur tour au sommet .

Dans cette situation actuellement diminuée la tentation du renoncement , qui est à un peuple affaibli ce que celle du laisser - aller est à un homme humilié , aurait pu nous entraîner vers une décadence sans retour . D' autant plus qu' ayant pris jadis l' habitude d' être toujours au premier rang , parfois non sans outrecuidance , notre amoindrissement relatif risquait , à présent , de nous faire trop douter de nous - mêmes .

Nous aurions pu nous décourager en comparant à nos statistiques celles qui relatent la population totale de chacun des deux pays géants , ou la production globale de leurs usines et de leurs mines , ou le nombre des satellites qu' ils lancent autour de la terre , ou la masse des mégatonnes que leurs engins sont en mesure d' emporter pour la destruction .

De fait , après le sursaut de confiance et de fierté françaises qui , au cours de la dernière guerre , nous tira d' un abîme mortel et ne dépit des forces vives qui reparaissent chez nous avec une vigueur renouvelée , la tendance à l' effacement s' y était momentanément fait jour , au point d' être érigée en doctrine et en politique . C' est pourquoi des partisans eussent voulu nous rattacher corps et âme à l' Empire totalitaire .

C' est aussi pourquoi d' autres professaient qu' il nous fallait , non point seulement , comme c' est le bon sens , rester des alliés de nos alliés tant que se dresserait à l' Est une menace de domination , mais encore nous absorber dans un système atlantique au sien duquel notre défense , notre économie , nos engagements dépendraient nécessairement des armes , de l' emprise matérielle et de la politique américaines . Les mêmes , dans la même intention , entendaient que notre pays , au lieu qu' il participât , ainsi qu' il est naturel , à une coopération organisée des nations libres de l' ancien continent , fût littéralement dissout dans une Europe dite intégrée et qui , faute des ressorts que sont la souveraineté des peuples et la responsabilité des Etats , serait automatiquement subordonnée au protecteur d' outre-océan . Ainsi resterait -il , sans doute , des ouvriers , des paysans , des ingénieurs , des professeurs , des fonctionnaires , des députés , des ministres français . Mais il n' y aurait plus de France .

Eh bien ! le fait capital de ces 7 dernières années c' est que nous avons résisté aux sirènes de l' abandon et choisi l' indépendance .

Il est vrai que l' indépendance implique des conditions et que celles-ci ne sont pas faciles . Mais comme on peut le voir , nous parvenons à les remplir . Dans le domaine politique , il s' agit que , sans renier notre amitié américaine , nous nous comportions en Européens que nous sommes et que , en cette qualité , nous nous appliquions à rétablir d' un bout à l' autre de notre continent un équilibre fondé sur l' entente et sur la coopération de tous les peuples qui y vivent comme nous . C' est bien ce que nous faisons en nous réconciliant avec l' Allemagne , en proposant à nos voisins des deux côtés du Rhin et des Alpes une réelle solidarité des 6 , en reprenant avec les pays de l' Est , à mesure qu' ils émergent de leurs écrasantes contraintes , les rapports d' active compréhension qui nous liaient à eux autrefois .

Quant aux problèmes qui se posent dans le reste de l' univers , notre indépendance nous conduit à mener une action conforme à ce qui est à présent notre propre conception , savoir : qu' aucune hégémonie exercée par qui que ce soit , aucune intervention étrangère dans les affaires intérieures d' un Etat , aucune interdiction faite à n' importe quel pays d' entretenir des relations pacifiques avec n' importe quel autre ne saurait être justifiés .

Au contraire , suivant nous , l' intérêt supérieur de l' espèce humaine commande que chaque nation soit responsable d' elle-même , débarrassée des empiétements , aidée dans son progrès sans conditions d' obédience . De là , notre réprobation devant la guerre qui s' étend en Asie de jour en jour et , de plus en plus , notre attitude favorable à l' égard des efforts de libération humaine et d' organisation internationale entrepris par divers pays d' Amérique latine , le concours que nous apportons au développement de bon nombre d' Etats africains , les rapports que nous nouons avec la Chine , et cetera . Bref , il y a maintenant une politique de la France , et elle se fait à Paris .

Au point de vue de la sécurité , notre indépendance exige , à l' ère atomique où nous sommes , que nous ayons les moyens voulus pour dissuader nous - mêmes un éventuel agresseur , sans préjudice de nos alliances , mais sans que nos Alliés tiennent notre destin dans leurs mains . Or , ces moyens , nous nous les donnons . Sans doute , nous imposent -ils un méritoire renouveau . Mais nous les payons pas plus cher que ceux qu' il nous faudrait fournir à l' intégration atlantique , sans être sûrement protégés pour autant , si nous continuions de lui appartenir comme auxiliaires subordonnés . Ainsi , en venons -nous au point où chacun des Etats du monde ne pourrait porter la mort chez nous sans la recevoir chez lui , ce qui est , certainement , la meilleure garantie possible .

Dans l' ordre économique , scientifique , technique , pour sauvegarder notre indépendance , étant obligés de faire face à l' énorme richesse de certains , sans cependant nous refuser à pratiquer avec eux des échanges de toute nature , nous devons faire en sorte que nos activités demeurent , pour l' essentiel , sous administration et sous direction françaises . Nous devons aussi soutenir coûte que coûte la concurrence dans les secteurs de pointe , qui commandent la valeur , l' autonomie , la vie de tout ensemble industriel , qui comportent le plus d' études , d' expérimentations , d' outillages perfectionnés , qui requièrent en grand nombre les équipes les plus qualifiées de savants , de techniciens , d' ouvriers . Enfin lorsqu' il est opportun , dans une branche déterminée , de conjuguer nos inventions , nos capacités , nos moyens avec ceux d' un autre pays , nous devons souvent choisir l' un de ceux qui nous touchent de plus près et dont nous pouvons penser que le poids ne nous écrasera pas .

Voilà pourquoi nous nous imposons une stabilité financière , économique et monétaire qui nous dispense de recourir à l' aide de l' étranger , nous changeons en or l' excès de dollars importés chez nous par suite du déficit de la balance des paiements américains , nous avons , depuis six ans , multiplié par six les crédits consacrés à la recherche , nous organisons un marché industriel et agricole commun avec l' Allemagne , l' Italie , la Belgique , la Hollande et le Luxembourg , nous perçons le Mont Blanc conjointement avec les Italiens , nous canalisons la Moselle en association avec les Allemands et les Luxembourgeois , nous nous unissons à l' Angleterre pour construire le premier avion de transport supersonique du monde , nous sommes prêts à étendre à d' autres types d' appareils civils et militaires cette collaboration franco-britannique , nous venons de conclure avec la Russie soviétique un accord relatif à la mise au point et à l' exploitation de notre procédé de télévision en couleurs . En somme , si grand que soit le verre que l' on nous tend du dehors , nous préférons boire dans le nôtre , tout en trinquant aux alentours .

Certes , cette indépendance , que nous pratiquons de nouveau dans tous les domaines , ne laisse pas d' étonner , voire de scandaliser , divers milieux pour lesquels l' inféodation de la France était l' habitude et la règle . Ceux -là parlent de machiavélisme , comme si la conduite la plus claire ne consistait pas justement à suivre notre propre route , ils s' alarment de notre isolement , alors qu' il n' y a jamais eu plus d' empressement autour de nous . D' autre part , le fait que nous ayons repris notre faculté de jugement et d' action à l' égard de tous les problèmes semble parfois désobliger un Etat qui pourrait se croire , en vertu de sa puissance , investi d' une responsabilité suprême et universelle . Mais qui sait si , quelque jour , l' intérêt que ce pays ami peut avoir à trouver la France debout ne l' emportera pas de loin , sur le désagrément qu' il en éprouve à présent ? Enfin , la réapparition de la nation aux mains libres , que nous sommes redevenus , modifie évidemment le jeu mondial qui , depuis Yalta , paraissait être désormais limité à deux partenaires . Mais comme , la liberté , l' égalité , la fraternité des peuples ne trouvent décidément pas leur compte , un autre ordre , un autre équilibre sont nécessaires à la paix . Qui peut les soutenir mieux que nous , pourvu que nous soyons nous - mêmes ?

Française , Français , vous le voyez ! Pour nous , pour tous , autant que jamais , il faut que la France soit la France !

Vive la République !

Vive la France !

Rechercher un autre mot
Vocabulaire spécifique
Les mots les plus spécifiques du discours
indépendance
relatif
éventuel
perçons
professaient
réconciliant
dresserait
écrasera
décimèrent
comportions
ruinèrent
désagrément
reparaissent
tira
scandaliser
outillages
canalisons
relatent
trinquant
nouons
présent
ouvriers
commencèrent
participât
succédèrent
supersonique
appliquions
perfectionnés
amoindrissement
outre-océan

MESURE DU DISCOURS - Logométrie - Mentions Légales - UMR 7320 : Bases, Corpus, Langage - Contact