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Qui utilise le plus le mot «achever» ?
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Les thèmes autour du mot «achever»
Analyse multi-couches
de la cooccurrence autour du mot choisi dans le discours du qui
C. de Gaulle - 24 novembre 1968
Allocution radiodiffusée
La crise monétaire traversée par la France est la conséquence de la secousse morale , économique et sociale qu' elle a subie à l' improviste aux mois de mai et juin derniers , faute que la coopération de tous les participants ait pu remplacer à temps la lutte stérile des intérêts . Quand au milieu de la concurrence mondiale , un pays -je parle du nôtre - qui était en état de croissante prospérité et qui disposait d' une des monnaies les plus fortes du monde , a cessé de travailler pendant des semaines et des semaines , quand on l' a longuement privé de trains , de navires , de transports en commun , de radio , d' essence , d' électricité , quand , pour échapper à la mort par asphyxie , il a dû d' un seul coup imposer à son économie des charges salariales énormes , écraser son budget de dépenses soudainement accrues , épuiser son crédit en soutiens précipitamment prodigués aux entreprises devenues défaillantes , rien ne peut faire que ce pays -là , même s' il a su s' arrêter au bord du gouffre , retrouve aussitôt l' équilibre . Mais jusqu' à ce qu' il l' ait retrouvé , rien ne peut empêcher qu' il y ait , au dedans et au dehors , nombre de gens qui suspendent la confiance qu' ils avaient en lui et tâchent de faire passer leurs intérêts à eux avant l' intérêt public . Naturellement c' est la monnaie nationale qui risque alors de faire les frais de cette odieuse spéculation .
Cependant , en dépit du mauvais coup qui lui avait été porté , notre économie s' est ressaisie . Le travail a repris partout . L' expansion se développe de nouveau . Le commerce extérieur s' accroît . Cela , grâce au ressort naturel de notre peuple et à certaines mesures appropriées . D' autre part , les Etats les mieux pourvus viennent de nous ouvrir des crédits considérables , qui peuvent encore être augmentés et qui s' ajoutent aux réserves qui nous appartiennent en propre . Enfin on voit venir le jour où , à force d' expériences fâcheuses , le monde entier sera d' accord pour établir un système monétaire impartial et raisonnable , mettant chaque pays , dès lors qu' il le méritera , à l' abri des mouvements subits et absurdes de la spéculation . Bref , nous avons , en toute vérité , pour le présent et pour l' avenir , tout ce qu' il faut pour achever le rétablissement commencé et repasser en tête du peloton .
C' est pourquoi , tout bien pesé , j' ai , avec le gouvernement , décidé que nous devons achever de nous reprendre sans recourir à la dévaluation . Dans la situation à la fois troublée et pleine d' espérances où nous nous trouvons aujourd'hui , une pareille opération risquerait fort d' être non pas du tout un remède , mais l' artifice momentané d' une ruineuse facilité et la prime payée à ceux qui ont joué notre déclin . Mais à côté de certains concurrents qui sont , eux , très actifs et en très bon ordre , le maintien de notre monnaie exige absolument que nous nous remettions , à tous égards et dans tous les domaines , en équilibre complet .
Au point de vue économique , cela veut dire que , sans revenir sur l' accroissement des rémunérations tel qu' il a été fixé au printemps , nous refusons d' imposer , à ce titre , à notre économie des charges nouvelles , dès lors qu' elles l' empêcheraient de redevenir vigoureuse et concurrentielle . Cela veut dire que , simultanément , nous entendons tenir les prix des produits fabriqués , des aliments et des services . Cela veut dire que , pour rendre positive la balance de nos paiements , nous allons développer d' office la capacité d' exportation de nos entreprises , notamment en les allégeant de certains impôts qui pèsent à l' excès sur leurs prix de revient .
Au point de vue financier , le découvert du budget de 1969 , qui avait été d' abord évalué à plus de 11 milliards et demi , sera ramené à moins de six milliards et demi , grâce en particulier à la réduction des dépenses de fonctionnement de nos administrations , à celle des subventions fournies aux entreprises nationalisées , à celle de nos ambitions du moment , quant à notre équipement civil , militaire et universitaire . En même temps les crédits octroyés par l' Etat seront adaptés et limités aux besoins réels de l' expansion nationale . Il va de soi que les contrôles nécessaires devront jouer avec rigueur , tant pour ce qui est des changes qu' en ce qui concerne la perception effective de tous les impôts existants .
Au point de vue de l' ordre public - car la crise est survenue à partir du moment où il avait été troublé et ne cessera pas si l' on peut douter qu' il soit désormais maintenu - les mesures voulues doivent être prises pour que c' en soit dorénavant fini , aussi bien dans nos facultés et nos écoles , que dans les rues de nos villes et sur les routes de nos campagnes , de toutes agitations et exhibitions , de tous tumultes et cortèges , qui empêchent le travail et scandalisent les gens sensés , et pour que chacun de ceux qui ont un devoir à accomplir , une place à tenir , une fonction à remplir , le fasse consciencieusement .
Françaises , Français , ce qui se passe pour notre monnaie nous prouve , une fois de plus , que la vie est un combat , que le succès coûte l' effort , que le salut exige la victoire . Si , comme nous le pouvons et comme nous le devons , nous gagnons celle-ci en y participant tous ensemble , alors nous serons en mesure de mener à bien , comme il le faut , les transformations , les réformes , les progrès , qui feront de nous , à coup sûr , un grand peuple exemplaire des temps modernes . Car , à travers nos épreuves , quelles qu' elles soient et quelles qu' elles doivent être , voilà le but national .
Vive la République ! Vive la France !