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de la cooccurrence autour du mot choisi dans le discours du qui
F. Mitterrand - 16 janvier 1985
Entretien télévisé
Elle le complique , elle ne le compromet pas de telle façon que le plan ne puisse être poursuivi .
Ca ne va pas jusque là .
Vous avez raison , ils l' ont récusé de la façon la plus claire , mais ils n' ont pas récusé la phase intermédiaire , rendez-vous a été pris devant les électeurs , précisément , les électeurs de cette Nouvelle-Calédonie , et chacun de ses partis , chacune de ses fractions , chacun des individus aura certainement à coeur de participer au scrutin .
Il paraît rapide à certains : serait -il bon pour la France et pour la Nouvelle-Calédonie de faire durer trop longtemps cette controverse ?
C' est précisément là le problème , monsieur Amar , vous avez mis le doigt dessus .
Voyons , il y a là-bas 2 communautés , bien circonscrites , et une troisième fraction de population assez mêlée : la première de ces communautés , la plus ancienne , ce sont des Mélanésiens , les Canaques , la deuxième-plus récente mais qui , cependant , a pris racine depuis plus d' un siècle -ce sont des Français d' origine , des Européens , des blancs , et la troisième ce sont des personnes qui sont venues de l' immensité du Pacifique , qui ont traversé les mers , qui habitaient dans d' autres îles , qui ont cherché à vivre là .
Les premiers représentent environ 62 , 63000 habitants , les deuxièmes en représentent 53000 , les troisièmes , à eux tous-Polynésiens , Wallisiens , Vietnamiens , et d' autres encore-environ 30000 .
Voilà des intérêts dont il est évident qu' ils sont contraires-faut -il même dire contradictoires-et puis , il y a les intérêts de la France .
Si l' on veut réussir-quiconque à ma place voudrait servir les intérêts de la France , bien entendu , et chacun l' a cherché , c' est mon rôle aujourd'hui-comment accorder ces populations hostiles en cherchant à répondre à chacune des communautés et à chacun des intérêts ? C' est ce qu' a fait le plan de monsieur Pisani , dont il faut bien imaginer qu' il a été proposé après avoir été examiné par le Premier ministre et par moi-même .
Un peu plus , un peu moins , c' est l' objet même de la négociation puisqu'une négociation est ouverte , a été interrompue , peut reprendre , mais beaucoup de choses en moins , beaucoup de choses en plus , et c' est de nouveau l' explosion .
Vous me direz : c' est déjà l' explosion ,
Non , je pense qu' elle est tout à fait déplorable , et elle ancre la fraction canaque dans un refus qui n' est pas simplement un refus verbal : visiblement , on sent que c' est une population frappée au coeur .
Mais la nécessité de servir les intérêts de l' île et de sa population , dans son ensemble prévaudra chez les vrais responsables .
Il y a des leçons d' histoire , assurément .
C' est en 1956 , vous venez de le rappeler , que le gouvernement de l' époque , auquel j' appartenais-mais je n' étais pas l' auteur de cette proposition , c' était monsieur Gaston Defferre-a institué un système qui promettait beaucoup et qui a beaucoup promis dans l' ensemble des autres territoires d' Outre mer , l' Afrique en particulier : cela consistait à créer un gouvernement , un gouvernement territorial , local , dont le chef était le gouverneur ou le haut commissaire , et dont les responsables avaient pratiquement compétence sur tous les problèmes de l' île ,
c' était en 1956 .
Mais , madame , je tiens à dire quelque chose , parce que ceux qui nous écoutent doivent bien comprendre ce drame , indépendamment des antagonismes , des éléments de racisme qui existent un peu partout : en 1956 , on avait réussi à créer une situation qui avait parfaitement accordé les différentes fractions en présence : 1956 , cela va faire 30 ans .
En 1958 , il y a eu le vote d' une Constitution , la Constitution de la France , de la République française , et chacun de ces territoires , la Nouvelle-Calédonie entre autres , a pu choisir communauté ou indépendance : elle n' a pas choisi l' indépendance .
Je vais revenir à aujourd'hui , mais on doit comprendre le passé pour saisir l' exaspération des forces en présence et aussi les erreurs graves du passé .
L' exaspération trouve sa racine dans le fait qu' en 1956 , on avait fait un immense progrès , qu' en 1958 , on le confirme : c' est le général de Gaulle qui cherche à avoir la coopération de la Nouvelle-Calédonie pour qu' elle reste française , alors qu' elle a le choix de l' indépendance et les dirigeants qui sont Canaques à l' époque , disent : oui , on reste à la condition que vous nous gardiez ce statut .
Oui , naturellement ! le ministre de l' époque s' y rend , donne toutes les garanties et dit même : ce sera mieux ! Et 5 ans plus tard , en 1963 , on supprime tout , on rend toute l' autorité au gouverneur-fonctionnaire d' autorité venu de la métropole -on expulse les ministres locaux : c' en est fini -on n' a donc pas cru , on ne croit plus d' une certaine façon à la parole de la France .
Il y aura une décision populaire mais il est certain que-si l' équilibre des intérêts , tel que l' a présenté monsieur Pisani au nom du gouvernement de la République , est rompu -on se trouvera devant une nouvelle situation qui ne pourra pas échapper à l' affrontement .
Mais bien entendu , le rôle du gouvernement sera de veiller à ce que , le vote étant acquis , les dispositions soient prises pour que toutes les chances qui resteront de la conciliation puissent encore être jouées .
On ne peut pas dire cela , le projet est un bloc : il comporte d' une part non pas le terme d' indépendance-ceux qui sont là bas diront ce qu' ils voudront-mais la reconnaissance d' un fait de souveraineté , de souveraineté fondée sur l' origine , deuxièmement , il y a des sécurités , des garanties , des droits acquis par ceux qu' on appelle les " Caldoches " qui sont les Français d' origine et qui sont toujours Français .
D'abord la réussite de la mise en place de cet accord , car il y a un troisième terme -vous m' avez interrompu avant que je ne l' expose : premier terme , celui qui concerne les Canaques , deuxième terme , celui qui concerne les Caldoches , les habitants d' origine européenne et leurs descendants , et troisièmement , l' intérêt de la France .
L' intérêt de la France , selon le plan , est affirmé de telle sorte qu' elle garde une capacité de décision dans le domaine de la sécurité , de la défense , dans le domaine des affaires étrangères , dans le domaine de la justice , dans le domaine de la sécurité intérieure .
C' est une combinaison qui ressemble fort , avec quelque évolution , à celle d' il y a 30 ans .
On ne peut donc dire l' indépendance , on doit dire indépendance-association avec la présence de la France et il serait sage que chacun de ceux qui m' écoutent-car on nous écoute pour l' instant là-bas , ou on nous écoutera dès que cela sera possible de nous entendre -il est important que chacun sache que les intérêts fondamentaux des uns et des autres seront préservés-et cela ce n' est pas un miracle qui le prouvera-et que tout le reste risque , vous l' avez dit , d' être pire .
Comment ! mais je l' ai prise depuis le premier jour !
Encore plus ! c' est un souci quotidien que partage le Premier ministre , dont le Premier ministre a pris directement la responsabilité dans l' action quotidienne mais , bien entendu , il m' informe .
Mais oui , madame , j' irai en Nouvelle-Calédonie .
Demain .
Demain jeudi .
Monsieur le Président , vous croyez au risque de contagion de l' affaire calédonienne sur la Polynésie française dont le chef d' état-major des armées a encore souligné hier l' importance stratégique ?
Oui , bien que cette intervention ait été interprétée de façon abusivement polémique car le général Lacaze , que je vois très souvent , avec qui je parle de ces choses , qui est un homme très responsable , que nous venons de proroger dans ses fonctions de chef d' état-major des armées -il en a la qualité-faisait de la prospective et situait son analyse sur les années de l' an 2000 .
Oui , il est évident qu' il est fort important pour la France de disposer un peu partout dans le monde d' un certain nombre de points où la population fait confiance , où elle est en mesure de défendre son rayonnement , ses intérêts , sa présence .
Alors , la contagion , madame , vous avez raison de vous poser la question , qui ne se la poserait pas ? Je me la pose aussi : comment est -ce que je la résous dans mon esprit ? Je pense que nous sommes là dans une situation très particulière .
Les 3 groupes dont nous venons de parler , s' opposent , sur le plan racial , avec toute une série d' aspects qui ont été traités , il faut le dire , avant notre arrivée et nos responsabilités du pouvoir .
Le drame de 1963 , j' en ai parlé tout à l' heure mais à partir des années qui ont suivi , on a essayé du côté de Paris , du côté du gouvernement , du côté du Président de la République , de rattraper les fils qui avaient été arrachés et c' est ainsi qu' au cours du dernier septennat des dispositions prises en 1976 , puis en 1979 et 1981 ont restitué au gouvernement local bien des attributions qui lui avaient été enlevées .
Nous , nous sommes allés un peu plus loin , mais il y a ces 3 communautés , rien ne changera à ce fait là .
Or , dans les autres territoires et plus encore dans les autres départements -vous pensez sans doute à la Martinique , à la Guadeloupe , à la Guyane , à la Réunion , c' est normal et on peut dire , certains disent la Corse -il faut que le gouvernement ait bien conscience , et il l' a , que le problème doit être posé en termes extrêmement précis .
En Nouvelle-Calédonie , il n' y a pas un peuple à la base : il y a les Canaques , et puis un autre d' origine française , si je puis dire , qui a pris une conscience collective , et c' est là que se situe le drame : dans les autres territoires , les fonctionnaires , les Français d' origine sont très peu nombreux : la population de la Guadeloupe , par exemple , ou de la Martinique , est une population essentiellement antillaise , créole , bien que le terme soit inexactement employé .
Ce sont des départements français , c'est-à-dire que leurs droits , que leur situation juridique est différente , mais c' est un seul peuple et ce seul peuple s' est exprimé , s' exprime , s' exprimera dans de très nombreuses circonstances .
Les élections ne manquent pas en France et dans les territoires lointains de la France : dans toutes ces circonstances , jusqu' alors , tous ceux qui se sont réclamés de l' indépendance ont été électoralement écrasés , ils ne représentent pas grand chose : une force de violence , mais limitée , et pas une force démocratique d' expression , de telle sorte qu' on doit faire une différence très profonde .
La contagion doit être refusée parce que un peuple qui s' exprime et qui conclut à chaque occasion qu' il veut rester français , sa volonté doit être respectée .
Le problème de la Nouvelle-Calédonie -nous en parlons depuis quelques minutes -je crois que chacun l' a compris , c' est que la victoire électorale , à quelques milliers ou centaines de voix près , ne résout pas , à elle seule , le problème : voilà ce qui fait la gravité de cette situation sur laquelle il me semble que les responsables français , l' opinion française , devraient chercher une certaine harmonie car cela nous concerne tous .
C' est dans ce but que j' y vais , j' y vais pour dire ce que je crois être la raison et j' y vais pour soutenir les efforts du haut-commissaire , du délégué du gouvernement , monsieur Pisani .
Ce serait parfaitement constitutionnel .
Je crois qu' il faut que les Français , en tout cas , prennent conscience de la difficulté , de l' ampleur , de la gravité de ce problème , pour que chacun des Français se fasse son opinion : il serait désastreux que ce soit l' indifférence qui prévale .
Je pourrais le faire , l' envisager , c' est une autre affaire .
Je peux le faire , je ne l' ai pas envisagé .
Je ne souhaiterais pas que la pratique du référendum tombât en désuétude , mais je ne veux pas non plus créer un artifice .
Je ne cherche pas à tout prix à avoir un scrutin , un vote favorable des Français sur telle ou telle question .
Mais , on me prête beaucoup de choses , et avec usure , monsieur Du Roy ! Moi , je vous réponds ici : je pourrais le faire -il est possible qu' il soit bon de le faire -je n' ai pas pris de décision dans ce sens .
Ah , non , non ! Je n' ai pas dit que ce serait un artifice , j' ai dit que je ne ferai pas d' artifice , je ne poserai pas de question arbitraire , ou simplement pour des besoins de tactique politique intérieure : si cela touche aux intérêts de la France et s' il est bon que la France se prononce , je le ferai .
Elle entre dans cette catégorie .
Ce n' est pas un problème d' une gravité extrême , mais enfin juridiquement , constitutionnellement , c' est .
Vous voulez parler de quel référendum ?
Vous pensez au référendum sur l' Algérie , peut-être ?
Oui .
Ils n' ont pas tous été très concluants .
Impopulaire , vous permettez : mettez cela entre guillemets .
Il est certain qu' il y a une majorité de Français qui n' approuvent pas la politique que nous menons et que je mène donc : de là à parler de popularité ou d' impopularité .
attendez la suite .
Je suis tout à fait prêt , moi , à aborder cette phase , et on verra bien le résultat .
En plus , moi , je n' attends rien , je ne demande rien .
Je demande simplement à remplir mon devoir : j' ai été élu pour 7 ans , je remplirai mon devoir pendant le temps qui m' est donné .
Pour le reste , et au-delà , ça ne figure même pas dans mon subconscient .
Je cherche à servir la France et les Français .
Vous avez prononcé une expression très juste : dans le sens de la proportionnelle , sans aucun doute , et j' infuserai , à des degrés divers , de la proportionnelle dans la plupart de nos élections , qu' elles soient locales -on l' a fait pour les municipales-ou qu' elles soient législatives .
Cela existe déjà pour le Sénat , dans de nombreux départements et d'ailleurs , sur le plan régional , ce sera ainsi .
Chaque fois que nous aurons l' occasion de commencer à instiller de la proportionnelle dans nos modes de scrutin actuels , ce sera bien .
Non , c' est variable .
J' ai dit : dans toutes les élections , il y aura une part de proportionnelle .
Si l' on parle précisément des législatives , c' est le débat dont le gouvernement se charge , ce n' est pas mon travail , mais ce sera certainement un scrutin dont la finalité sera proportionnelle .
Voilà : j' ai dit " finalité " exprès , cela ne m' est pas venu à l' esprit comme ça .
Il peut y avoir un processus majoritaire , mais finalement il faut que les formations politiques se retrouvent .
Une considération dont j' ai la charge : si vous lisez bien la Constitution -je crois que c' est dans l' article 3 -vous verrez que , parmi les obligations qui sont les miennes , il y a le fait que le suffrage est universel et qu' il est égal .
Or , il y a des circonscriptions-une circonscription en tout cas qui me vient à l' esprit-de 160000 personnes , et d' autres de 26000 : est -ce que c' est égal ? eh bien , non : le citoyen de cette circonscription n' est pas l' égal de celui de la première , celui des 160000 n' est pas l' égal de celui des 26000 .
Il faut donc retoucher cela-pas trop retoucher , comme on dit " pas trop charcuter " -mais si on ne veut pas " trop charcuter " les circonscriptions qui , alors , voteraient pour les députés d' une façon majoritaire , il faut que cela se rattrape quelque part , et c' est cela , la proportionnelle .
Je ne sais pas où vous placez l' instabilité !
Je suis tout à fait pour la stabilité , mais quand vous dites : " vous allez instaurer l' instabilité " , j' ai l' impression qu' on me promet l' instabilité si jamais l' opposition l' emportait au mois de mars 1986 !
Eh bien , voilà , c' est ce à quoi je travaille , monsieur Du Roy , vous seriez un très bon conseiller dans cette affaire !
Mais moi , je me refuse à examiner cette hypothèse , je ne me place pas dans cette hypothèse : je fais mon travail , je le fais vraiment , je crois , avec conscience , selon les convictions que j' ai .
Ces convictions peuvent choquer tels et tels Français , mais je les respecte , j' espère qu' ils me respectent aussi : cela , c' est le jeu démocratique , c' est normal .
Je crois à la politique que je mène , je crois à la politique qu' à l' heure actuelle conduit le gouvernement , et je crois à l' intelligence , à la générosité et au courage des Français : tout cela réuni peut faire que votre pronostic soit finalement infirmé .
Oui ! Je pourrais donner de très bons conseils !
Ah ! si vous appelez " le bon chemin " un énoncé de thèses , de thèmes , de programmes ou d' idées , j' attends de les connaître .
Pour l' instant , on ne propose rien de très particulier aux Français , sinon un " remake " -comme on dit en franglais-une resucée de ce que l' on a déjà connu .
S' il s' agit des personnes , je pourrais dire un peu la même chose mais enfin , il y a des personnes éminentes , et elles ont parfaitement capacité à assumer la responsabilité de la France .
Non , non , je m' y refuse : je regarderai tout cela à l' arrivée et , à ce moment -là , si vous voulez , je vous dirai ce que j' en pense .
Pour l' instant , je ne me mêle pas de cela .
J' ai beaucoup d' estime pour la plupart de ces dirigeants , de l' estime personnelle quant à leurs capacités , quant à leurs qualités , même si je n' accepte pas leurs choix politiques .
Nous ne sommes pas dans une guerre civile , nous ne sommes pas retournés aux Guerres de Religion , cependant , je refuse de me placer dans cette hypothèse , parce que je crois que le gouvernement et que ceux qui le soutiennent peuvent démontrer qu' ils ont bien travaillé pour la France et pour les Français .
Si vous voulez bien , je me place sur un plan un peu différent aujourd'hui .
Je veux dire que , depuis 3 ans et demi , je suis Président de la République : je suis , je le crois , très fidèle à ce que je suis moi-même , aux combats que j' ai menés auparavant , je n' ai pas changé d' options , je n' ai pas changé de conception , mais j' ai en charge la France et je ne veux pas non plus faire le travail d' un chef de parti : je ne suis pas le chef d' un parti .
Une majorité de Français s' est prononcé en ma faveur en 1981 , elle m' a fixé la durée de mon mandat , et je n' entends pas me mêler des accords entre les partis , de savoir qui ferait partie de la future majorité -ce n' est pas mon affaire-mais j' appellerai les Français à se prononcer sur un certain nombre de thèmes et je crois les Français assez raisonnables , assez responsables et assez courageux pour admettre avec moi qu' il existe , en dépit de tout ce qu' on peut croire , de larges bases .
Il existe une majorité-cela paraît tout simple , cela paraît presque tout bête de le dire-sur les valeurs démocratiques , sur la République , sur la justice et , en particulier , sur la justice sociale .
Oui , mais c' est le combat démocratique normal et , de cela , je ne me mêle pas .
Les choix présidentiels sont des choix qui touchent aux intérêts généraux de la France dans sa politique intérieure , dans sa politique extérieure : l' indépendance , la souveraineté de la France partout défendue , le prestige ou les rayonnements de la France , et puis ce sont aussi un certain nombre de thèmes que j' ai appelés démocratiques , par exemple le refus du racisme , le désir ou la volonté de développer le sens de la famille : toutes ces valeurs -là , ce sont celles dont j' ai la garde , quant au débat électoral , eh bien ce sont d' autres qui le mèneront .
Qui voudra choisir une direction pour s' y rendre en commun , qui voudra et qui pourra , c'est-à-dire ne sera pas en trop grave contradiction avec ces objectifs , sera le bienvenu : où prend -on les militaires , sinon parmi les civils , ai -je dit autrefois ?
En tant que campagne proprement dite , non , en tant que direction à définir , oui .
Ce n' est pas mon langage .
Nous y sommes tous les 2 , nous y sommes ensemble et en parfait accord : cela , c' est une vue un peu abstraite .
Je trouve cela très bien , je trouve cela très bien : s' il en était au même point que moi , ce serait dommage pour lui et ce serait dommage pour la France .
Pour moi , personnellement , je pense que ce n' est pas tout à fait la part que je mérite , mais enfin , cela , c' est une vue qu' on appellera d' amour-propre peut-être , mais je crois que c' est véridique -je souris , disant cela , mais je crois que c' est véridique -je crois que le travail et ses résultats seront constatés par les Français .
Enfin je souhaite que le Premier ministre puisse apparaître aux Français comme une valeur sûre et durable .
Cela m' arrive .
Je considère souvent que les jugements qui sont portés sur mon action sont injustes , naturellement -il y a la part du jugement personnel , qui mérite d' être critiqué-j'accepte le débat , mais j' ai la conviction profonde que l' action que nous menons est nécessaire au pays , et nous allons en parler , parce que je suppose que , quand nous allons examiner les problèmes économiques et sociaux , avec des éléments extrêmement précis , on va bien voir que nous sommes engagés sur le bon terrain , et de la façon qui convient , mais que c' est dur et que rien ne remplacera la résolution , l' énergie , le courage et l' ambition .
Ce n' est pas juste non plus , mais je comprends qu' on puisse s' y méprendre .
Ce n' est pas tellement ainsi que sont les institutions adoptées en 1958 : c' est une Constitution qui a modifié le régime parlementaire .
Quand le Président de la République a été élu en droit à partir de 1962 , en fait à partir de 1965 , au suffrage universel , le général de Gaulle qui était le Président de cette époque a défini , en termes très élargis , les pouvoirs de la Constitution , non pas tels que la Constitution le disait , mais tels qu' il les comprenait .
Donc , un usage s' est créé et cet usage est allé très loin , pendant 20 ans , de telle sorte que l' administration , même les citoyens , ne sont quand même pas fâchés d' avoir quelqu'un qui se trouve là et qui puisse trancher un certain nombre de choses-c'est d'ailleurs son devoir en matière de politique étrangère et de défense-mais il n' a pas les mêmes obligations dans les autres domaines .
Moi , je considère que cela devrait être modifié et je le modifie tous les jours , dans ma pratique , je n' ai pas changé de mode de vie -je suis le Président de la République , mais je n' ai pas changé de mode de vie-et je suis totalement insensible au charme de la monarchie mais c' est vrai que le Président de la République a un grand pouvoir , et ce pouvoir , je l' exerce .
Pas du tout : je défie quiconque d' en apporter la démonstration .
Je ne veux pas discuter sur les mots , surtout avec mes propres amis qui ont employé le mot " rigueur " , mais il est certain que , seule , une gestion rigoureuse , stricte , parfois dure , permettra de donner à la France les chances qu' elle avait dissipées , je ne veux pas dire qu' elle avait perdues , parce que la France ne perd pas ses chances : elle les a , elle est solide , quels que soient ceux qui la dirigent .
Voilà ce que je peux vous répondre là-dessus .
Je suis convaincu , en effet , que la politique que je mène -nous allons en parler d' une façon tout à fait précise maintenant-répond à l' intérêt de la France .
Il n' y a aucune raison de changer , il faut au contraire persévérer .
à peu près tous les paramètres économiques montrent que les résultats arrivent , les bons résultats arrivent après avoir connu une période difficile .
Je vous en prie , monsieur Gallard .
C' est mon objectif , on y arrive par paliers : qu' est -ce que cela veut dire ? On abuse souvent de ce genre de documents -je vais m' expliquer d' une façon très simple-ici , ce sont les années : on a commencé en 70 , 71 , 72 , 73 jusqu' en 1984 et 1985 , mais la ligne est encore en pointillé si j' ose dire .
Cela , ce sont les pourcentages : de combien les prix en France augmentent -ils d' une année sur l' autre ? Ils étaient très bas , les prix , en 1970 , ils ont insensiblement monté pour atteindre , en 1974 , 15 % , c' est énorme .
Et puis ensuite , c' est monté , c' est descendu , c' est toujours resté au-dessus de 9 % : c' est monté en 1980 et 1981-qui a été notre plus mauvaise année c'est-à-dire au moment de la fin du dernier septennat , au moment où je suis arrivé ici à l' Elysée -nous sommes montés à cette pointe , et cette pointe a continué à s' accentuer pendant 2 , 3 , 4 mois , et notre action a commencé là , à peu près là .
à partir de là-c'était 1982 , 1983-c'est 9,7 puis 9,3 : nous en sommes aujourd'hui , comme on l' a proclamé à 6,7 , c' est à dire que c' est l' augmentation la plus faible depuis 1971 .
Personne ne le nie , mais je préfère le dire .
Monsieur Gallard m' a posé une question .
Je le connais , c' est un journaliste très honnête , mais il ne faut pas non plus qu' il soit trop habile .
En perspective , nous avons fixé , pour 1985 , environ 4 , 4,5 à peu près .
Quand on regarde cette courbe , on s' aperçoit que , depuis le début de la crise -la crise , c' est 1973 1974 -nous avons obtenu les meilleurs résultats , ce qui prouve-et c' est ce que je voulais dire-que notre politique commence à produire ses fruits .
Alors , vous me dites : mais les autres ?
Personne ne comprend rien à ce que vous dites .
Ce que je veux expliquer ici , c' est qu' en dehors d' une année-peu importe laquelle , personne ne cherchera à chipoter là-dessus-une seule année , nous venons d' atteindre cette fois -ci l' écart le plus faible entre l' Allemagne et la France .
Pourquoi parle -t-on de l' Allemagne ? -pourquoi en avez -vous parlé ? -parce que c' est notre principal client , notre principal fournisseur , notre principal concurrent , notre voisin et un pays puissant , c' est une très bonne comparaison .
Le maximum de l' écart a été , dans ces mauvaises années là , de 8 et un peu plus .
Aujourd'hui , c' est écart est de un peu plus : 4,7 .
Donc , nous avons réduit l' écart : lorsque vous multipliez par 2 , par 3 , je ne comprends pas ce que vous voulez dire .
Trop important , madame , mais ce que je veux expliquer , ce n' est pas que tout va bien -ce serait ridicule de ma part -je veux dire que nous avons beaucoup fait , mais qu' il reste beaucoup à faire .
Je ne suis satisfait d' aucun résultat .
Quand on aura réduit l' inflation à 4 % , ce sera bien .
On est à 6,7 % ce n' est pas bien .
Quand on aura réduit le déficit du commerce extérieur à zéro , ce sera bien .
On est encore -on va en parler tout à l' heure-entre 20000000000 et 25000000000 : c' est trop , ce n' est pas bien .
Il nous reste beaucoup à faire , mais cela va dans le bon sens , monsieur Gallard , et aujourd'hui , nous en sommes à l' écart le plus faible avec l' Allemagne que vous citez , précisément .
Et cela me pose , cela nous pose un gros problème évidemment .
C' est pourquoi il ne faut pas relâcher notre action , il faut persévérer .
Et l' an prochain , nous aurons les Allemands en point de mire .
Nous approcherons aux alentours de 4 et demi , les Allemands seront peut être à 2 ou 2 et demi , 3 : Ils ont un petit " boom " , enfin un faible " boom " de croissance , ils auront un peu plus de difficultés à tenir l' inflation , on va se rejoindre .
Je ne fais pas de pronostic , madame .
Ce que je peux vous dire , c' est qu' on en a subi , des coups , avec l' affaire du dollar , et que le Franc se porte très bien : nous avons accrû nos réserves en devises , nous avons plus de dollars et de devises de toutes sortes en réserve à l' heure actuelle , plus qu' on n' en avait avant mon arrivée .
C' est beau d' avoir cela en réserve .
Le mark , pour l' instant , a été plus attaqué par le dollar que le Franc , mais il est évident que la relation Franc mark reste une grande préoccupation , car dès lors que le dollar subirait des fléchissements , il faudrait redoubler d' énergie pour supporter la concurrence .
Mais j' y suis prêt et les Français avec moi , j' en suis sûr .
Non .
C' est possible , mais je ne peux pas en dire plus : nous libérerons les prix industriels à mesure que l' inflation baissera .
On en a déjà réduit 70 % , mais il en reste .
Je souhaite vraiment revenir à la liberté des prix industriels .
Je ne le ferai pas imprudemment : je ne veux pas mettre par terre ce travail que les Français ont payé , qu' ils ont fait .
C' est dur , cette course à la chute de l' inflation , c' est dur , c' est payé même en pouvoir d' achat de sorte que je ne veux pas casser cela , alors que cet effort des Français va être récompensé , casser tout d' un coup une mécanique si difficilement mise en place .
Il faut bien s' entendre sur la notion de pouvoir d' achat .
Il y a des comparaisons qui ont été faites encore aujourd'hui sur le salaire horaire , dont la progression s' est ralentie .
L' inflation est finalement , à l' heure actuelle , encore plus forte avec 6,7 % que ne l' est la progression du salaire horaire .
Voilà une comparaison mais il y en a une autre , il y a ce qu' on appelle le revenu disponible des ménages -on ne va pas ennuyer ceux qui nous écoutent avec des mots technocratiques : cela veut dire qu' une famille , un citoyen gagne un salaire , un traitement , et a des prestations sociales s' il en a besoin , cela veut dire que d' un autre côté , il paie des impôts , des charges sociales , des cotisations .
Si on compare les 2 , il y a depuis 1981 un gain de pouvoir d' achat qui dépasse 5 % et si l' on compare la France à l' Allemagne , à l' Angleterre et aux autres pays européens , on s' aperçoit que c' est la France qui a eu la plus grande progression sur ce plan là .
Mais il n' en reste pas moins -je reviens toujours au même sujet-que ce n' est pas assez , parce que les gens souffrent , et moi , je ne peux pas supporter que les gens souffrent de cette rigueur sur la consommation qui fait qu' au lieu de profiter comme ils le devraient des progrès économiques de la France-qui sont réels , nous en parlons -ils sont encore en arrière de la main , beaucoup d' entre eux souffrent et je travaille pour que , dans les mois qui viennent , nous parvenions au moment où l' évolution du pouvoir d' achat des salaires et du revenu disponible soit plus heureuse qu' aujourd'hui .
Cela ira en s' améliorant tout le long de l' année .
La baisse des impôts prendra sa part à partir du moment où les Français auront à payer nettement moins d' impôts sur le revenu , à partir du moment où ils auront été libérés de ce qui pesait sur le revenu et qui était le coût de la Sécurité sociale , à partir du moment où les entreprises , les sociétés se trouvent allégées , il est évident qu' il va y avoir , si vous y ajoutez les taux d' intérêt de l' argent-c'est au cours de ces derniers jours qu' on a encore baissé d' un demi-point -il est évident qu' on va retrouver de l' oxygène .
D'ailleurs , je voudrais le montrer : vous me parliez de l' épargne , voyons ce qu' il en est de l' épargne populaire .
Cela , c' est un tableau qui représente le livret A : beaucoup de gens ont un livret A , mais le livret A a un peu pâti de la concurrence du livret rose-qui est un livret qui est encore mieux rémunéré que le livret A-mais le livret A , c' est le brave livret de la caisse d' épargne que tout le monde connaît bien .
Voyez : en 1974 , il y a eu une très forte inflation et la rémunération était de 6,3 pour le livret d' épargne , pour l' épargne populaire-c'est comme cela qu' on l' appelle , en 1981 , c' était 14 , au moment où je suis arrivé , et la rémunération était de 7,7 , aujourd'hui-et c' est la première fois depuis 12 , 13 , 14 ans , depuis que l' inflation existe , depuis la crise du pétrole et depuis la crise du dollar-aujourd'hui nous avons une rémunération de l' épargne populaire supérieure à l' inflation .
Il n' y a pas eu une perte d' épargne-comme il y a eu une perte de pouvoir d' achat-celle -ci au total , n' a pas atteint un chiffre impressionnant-et sur 4 ans on retrouve un gain .
Si vous preniez le livret rose , cela viendrait jusque -là , parce que c' est 8,1 : ceci veut dire que l' épargne populaire se porte bien .
Oui , l' endettement ! on s' aperçoit que , puisque le reste va bien , on se rabat sur l' endettement , pour dire : on a payé les dépenses sociales en s' endettant , on paie aujourd'hui ce qu' on prétend être la réanimation de notre industrie en s' endettant !
Bien sûr ! je vais vous donner le chiffre : l' endettement extérieur était de 27 milliards de dollars en 1981 , il est aujourd'hui de 54 milliards .
Exactement .
En Francs , triplé-cela dépend de la variation du dollar , mais pour l' instant , en effet , le dollar est très cher-alors , voulez -vous faire une comparaison maintenant ? Savez -vous dans quelle situation se trouve la France par-rapport aux autres pays ? Savez -vous ce qu' empruntent les autres pays ? Savez -vous que la signature de la France est aujourd'hui l' une des 3 meilleures signatures du monde ? Savez -vous que les gens se bousculent pour nous prêter de l' argent ?
Mais naturellement .
Cela représente quoi ? 5 % à peu près de nos exportations sur une année .
Ce problème doit se poser pour les Japonais , pour les Allemands , pour les Américains , pour les Anglais , pour tous , car en dehors d' un seul pays , l' endettement-moins les réserves de change-est plus lourd chez les autres que chez nous , et notre endettement intérieur est un des plus faibles .
Savez -vous , madame Ockrent-et vous , monsieur Amar qui posez une question là-dessus -ce que pense l' OCDE -la grande organisation qui représente je ne sais plus combien de pays , 23 , 24 , peut-être plus , c' est une organisation économique de l' Ouest , il faut ajouter le Japon et quelques autres , mais enfin disons le bloc des pays qui sont associés dans la conduite de leur économie-savez -vous ce que l' OCDE a écrit il n' y a pas très longtemps , en parlant de l' endettement de la France ? elle a dit : c' est modeste .
Et savez -vous ce qu' écrit l' American Express , une des rares banques à établir des bilans comparés sur l' endettement extérieur ? cette banque dit que la situation de la France est bonne .
J' ai dit tout à l' heure que si nous avions ces 54000000000 de dollars qui représentent à peu près 470000000000 de Francs-cela varie naturellement , chaque jour , selon le coût du dollar -nous avons aussi des réserves qui représentent une somme à peu près égale .
Nous avons une réserve d' or -il ne s' agit pas d' en user-mais pour quelqu'un qui prête , c' est agréable de savoir qu' il y a cela , et , surtout , nous avons nos devises qui sont considérables .
Tous les calculs faits sur l' endettement extérieur et faits par tous les spécialistes , par les institutions internationales , le sont sur la base suivante : combien d' argent a -t-on emprunté et combien a -t-on de devises ? Quand quelqu'un de l' opposition dit qu' on est endetté presque autant-pas autant mais qu' on est juste derrière-que le Brésil , on s' effraie , on se dit qu' on est près de la faillite .
Ce qu' on oublie , c' est que la situation de nos réserves est très supérieure à celle des autres .
Alors , je dis que la situation de l' endettement est parfaitement supportable et cela sert à moderniser notre industrie , ce n' est pas négligeable .
Ce n' est pas tout à fait exact .
Votre analyse se révèle juste si l' on ne prend pas la précaution , quand on a la responsabilité du pays , de faire marcher les choses de pair , c'est-à-dire si l' on ne prévoit pas les conditions d' une modernisation rapide .
Alors , entre le moment où s' effondrent et disparaissent les vieilles structures et où apparaissent les nouvelles , il y a un hiatus pendant lequel le chômage s' accroît puisque les usines se ferment et qu' il ne s' en crée pas d' autres .
On n' en est pas là .
La France a pris , selon moi , environ une dizaine d' années de retard .
Le chômage,en France , est une cruelle souffrance , ceux qui souffrent le plus , non seulement dans leurs moyens matériels mais , aussi dans leur dignité , dans leur façon de vivre , dans leur façon d' être avec leur voisinage , avec leur famille , dans leurs sentiments personnels , ce sont les chômeurs .
Je vais vous montrer une autre statistique qui est quand même très intéressante -ce sera la dernière car je ne veux pas en abuser-concernant le chômage en Europe , car c' est un phénomène européen de l' Ouest , c' est un phénomène européen .
Vous avez là , la ligne de la France .
Elle se situe environ-c'est le chiffre qui est cité-2400800 .
Le chiffre moyen de l' Europe , c'est-à-dire de nos partenaires de l' Europe , est là , il est légèrement supérieur , ce qui veut dire que la plupart de nos partenaires ont un chômage plus cruel encore que celui de la France , et que le seul qui se trouve dans une meilleure situation bien que fort difficile-c'est l' Allemagne , que vous voyez là , et qui a 120000 chômeurs de moins que nous-étant bien entendu qu' en 1979 ou 1980 , il y en avait 500000-Mais 120000 , c' est encore beaucoup trop , l' Allemagne pouvant servir de modèle .
Le Danemark a un meilleur chiffre que nous , le Luxembourg aussi .
Pour tous les autres , c' est moins bien , ce qui veut dire , non pas que cela nous exempte d' explications ni de luttes pour guérir le chômage , mais cela veut dire que c' est un phénomène européen .
Monsieur Gallard , la courbe continue de s' accroître-et je vais répondre à votre question -elle s' accroît moins vite qu' elle ne s' est accrue pendant les années qui ont précédé mon arrivée aux responsabilités , c'est-à-dire que peu à peu s' épuise , heureusement , la capacité de destruction de l' économie française .
Pourquoi ? parce que la modernisation commence de produire ses effets mais pas assez .
Nous sommes-monsieur Amar , vous m' avez posé la question au bon moment tout à l' heure-encore dans ce qu' on a appelé le fossé , c'est-à-dire entre le moment où la modernisation ne parvient pas encore à substituer de nouveaux emplois à ceux qui disparaissent , et le moment où enfin les industries nouvelles vont produire ce qu' il faut .
Quand je dis " industries nouvelles " , je veux dire aussi les industries anciennes qui ont su se moderniser .
Cela commence aujourd'hui , c' est la lutte de chaque jour .
Les pays hautement industrialisés , comme les Etats-Unis d' Amérique , comme la Suède , comme le Japon , monsieur Amar , sont des pays qui se sont très modernisés et leur chômage a baissé .
Ce n' est pas contradictoire : modernisation et chômage ne sont pas associés , sauf si l' on ne s' y prend pas à temps .
Je voudrais quand même vous dire que nous avons fait beaucoup de travail .
Nos exportations-et les exportations , lorsqu' elles sont prospères , cela prouve qu' il y a de plus en plus d' entreprises qui fabriquent des marchandises qu' elles peuvent vendre à l' étranger , et si elles les vendent à l' étranger , c' est que cela intéresse les étrangers , c' est qu' elles sont meilleures et parfois meilleur marché que les autres-nos exportations , donc , sont en constante progression , c' est tout à fait remarquable .
Cela veut dire que nous avons des exportateurs , que nous avons des chefs d' entreprise , que nous avons des salariés , des ouvriers , des employés , des cadres qui sont capables de battre les autres sur leur terrain .
Tout cela , on a l' air de l' oublier .
Savez -vous qu' à l' heure actuelle , un Français exporte plus , en moyenne naturellement , qu' un Japonais ? Cela vous surprend , cela m' a surpris aussi quand on m' a apporté la nouvelle : oui , nous exportons plus que les Japonais , avec nos 50 et quelques millions de Français , face au très grand nombre de Japonais , nous avons une exportation extrêmement compétitive , nous sommes , d'ailleurs , parmi les grands pays , le deuxième ou le troisième-selon le mode de raisonnement-exportateur au monde par habitant .
Cela prouve qu' il y a des commencements de redressement , cela prouve que le chômage est insupportable , cela prouve qu' il faut mettre un terme à cette lèpre au plus tôt , mais cela veut dire aussi que ce que nous faisons doit normalement conduire à nous guérir de cette lèpre .
C' est une conviction que j' ai l' air de vouloir transmettre à tout prix , mais je dis , moi personnellement , que cela ne se fera que si les Français , avec nous , se rendent compte que c' est en étant solides au poste , et volontaires que nous corrigerons le malheur du chômage .
Absolument .
Elles n' ont pas encore pu entrer dans les statistiques , d' une part , c' est le temps qui compte .
Beaucoup de ces mesures visent la formation des jeunes , mais la plupart de ces jeunes n' étaient pas des chômeurs , n' étaient pas encore sur le marché du travail .
Ces mesures n' interviennent donc pas encore sur les statistiques , mais je prévois , le gouvernement prévoit et met en oeuvre toute une série de mesures dont il vous parlera en temps utile , naturellement d' ici très peu de temps , si l' on veut que nous gagnions un peu sur la peine et le malheur des Français .
Moi , je suis bouleversé par ce qui se passe : qui pourrait supposer un instant que je ne suis pas resté celui qui , auprès des ouvriers français , est décidé à se battre autant qu' il le peut pour tirer la France et les travailleurs du mauvais pas où ils se trouvent , où ils se trouvent depuis 1974 , depuis le début de la crise du pétrole ? Comment croire un instant que je ne serais pas un combattant de première ligne auprès d' eux ? Mais , voilà le problème : est -ce que je dois soutenir artificiellement -je dis " je " , c' est moi qu' on interroge , c' est pour ça que je réponds ainsi-est -ce qu' on doit supporter -je dis " supporter " comme on dit dans le langage sportif-est -ce qu' on doit aider par de l' argent un certain nombre d' entreprises privées-car ce sont des entreprises privées pour la plupart-est -ce qu' on doit les soutenir lorsqu' elles n' ont pas le moyen de survivre ? Ce qui veut dire que non seulement il y a les chômeurs d' aujourd'hui mais nous condamnons tous les autres travailleurs de ces entreprises à devenir chômeurs !
C' est le cas de quelques-unes d' entre elles , en particulier pour l' instant de l' une qui pose de graves questions , celle qui a été nationalisée en 1945 , qui appartenait au secteur concurrentiel ... qui est Renault , qui pose un grave problème auquel il faudra répondre dans les jours qui viennent .
Non , nous avons prévu un énorme financement pour nos entreprises -il y a quelques 40 milliards qui ont été amassés-non ! de ce point de vue là , les financements sont très importants .
Ce que vraiment j' essaie de vous expliquer avant que nous nous séparions sur ce terrain -là , celui du chômage , c' est que nous travaillons : nous nous sommes attaqués au problème du textile , on a sauvé l' industrie textile en réduisant certaines charges sociales , en prenant les mesures qu' il fallait prendre et qu' on a prises , nous nous sommes attaqués au secteur de la machine outil , on a maintenant une industrie de la machine outil , qui est indispensable évidemment -le bois , le meuble , ça commence à marcher-maintenant on va s' attaquer-c'est une annonce que je vous fais-au problème du bâtiment et des travaux publics .
Il faut qu' un certain nombre de mesures soient prises pour ce réveil , elles le sont déjà-pour certaines d' entre elles-comme les taux d' intérêt , sur l' accession à la propriété , les déductions d' impôt .
C' est engagé , c' est le bâtiment qui est choisi comme secteur nouveau pour une reprise , qui ne peut pas être générale , on ne va pas casser notre travail qui accompagne les bons résultats déjà obtenus .
Pour le chômage , je vous ai dit , c' est un phénomène européen , cela n' excuse pas la France de ses échecs et ceux qui en sont responsables .
Secundo , j' ai dit qu' il y a une réponse économique , qu' on a à peine esquissée naturellement , on n' a pas le temps , mais enfin , ceux qui s' intéressent à ce sujet y réfléchiront .
Tertio , il y a une réponse sociale , à moitié économique , à moitié éducative , ce sont les fameux TUC , c'est-à-dire les jeunes gens qui sont 100000-j'espère qu' ils seront 200000 .
Il y a d' autres mesures sociales notamment , la durée du travail , la flexibilité , le temps partiel , et vous ne savez peut-être pas , à quel point cela intéresse certaines catégories de Français de travailleurs , en particulier les femmes , qui ont absolument besoin ...
d' harmoniser leur mode de travail avec leur mode de vie .
Nous avons pris le parti de la politique contractuelle .
Il appartient aux partenaires sociaux d' en décider : moi , je crois à leur bon sens et j' attends vraiment dans les jours , les semaines qui viennent , je dis cela sans information particulière , mais c' est parce que je connais trop bien le sens de la responsabilité de ceux dont je parle , j' attends une capacité pour eux de reprendre le dialogue : c' est nécessaire , c' est vraiment nécessaire , je le souhaite vraiment de toutes mes forces .
On peut toujours la redouter -ce serait une erreur , mais chacun est jugé naturellement de ses actes -ce que je crois , moi , c' est au bon sens des Français , surtout le bon sens des travailleurs , car je n' ai pas tout à fait fini ce que je vous disais tout à l' heure : on ne peut pas soutenir artificiellement des entreprises qui tombent d' elles-mêmes si cela nous empêche de consacrer -vous avez fait une incidente là-dessus , monsieur Gallard-cet argent à pousser en avant les industries qui gagnent .
Certes il y a les chômeurs d' aujourd'hui et il faut en réduire le nombre : on va le faire , on va le faire parce que on va continuer à lutter , parce que l' économie s' améliore , ce n' est pas un miracle , c' est parce que l' économie s' améliore .
Mais en même temps , si on fait cela , il faut penser à ceux qui travaillent aujourd'hui à ceux qui ont un emploi , et si l' on n' agit pas comme je vous le dis maintenant , cet emploi ils le perdront .
Voilà pourquoi nous ne pouvons pas nous permettre des fantaisies , nous devons être rigoureux : il n' y a pas d' autre explication .
Oui , vous avez raison , il y a un grand nombre de gens qui connaissent la misère , des pauvres .
Ils obéissent à des catégories assez connues , mais il y en a une qui est nouvelle , ce sont les travailleurs qui ont cessé de disposer d' un emploi , qui sont donc chômeurs et qui arrivent en fin de droits , comme on dit , c'est-à-dire qu' il arrive un moment où ils ne reçoivent plus rien , ou pas grand-chose , ils reçoivent des sommes vraiment très réduites .
Je l' ai déjà demandé , bien entendu , mais il faut que le gouvernement examine , au cours des temps qui viennent , particulièrement ce problème , qui exige un effort formidable de solidarité nationale .
Les chômeurs en fin de droits ? Le chiffre est plus faible que celui -là , mais de toute façon il est trop important , monsieur Gallard .
On est toujours soupçonné de je ne sais quel intérêt politique : j' ai déjà donné ...
Oui , c' est un noble terrain .
J' ai déjà donné la liberté aux radios .
Ensuite , c' est la Haute Autorité qui a géré , d'ailleurs fort intelligemment et courageusement , ce domaine des radios privées .
J' espère que , pour la télévision , il en ira de même , mais ce ne serait pas sérieux de croire que le problème se pose dans les mêmes termes , parce que les radios disposent de beaucoup de canaux , de beaucoup de moyens de diffusion : nous avons autorisé-quand je dis " nous " , ce n' est pas moi , c' est la Haute Autorité -les instances qualifiées pour cela-environ un millier de radios privées en France .
Pour les télévisions , c' est un problème physique : il faut de la place et , dans l' espace , les ondes-celles -là sont porteuses d' images et de sons-se bousculent : il n' y a pas beaucoup de place .
C' est comme si on donnait la liberté de circuler rue de Vaugirard : toutes les voitures qui veulent passer rue de Vaugirard peuvent passer rue de Vaugirard ! C' est encore plus simple pour mon raisonnement : combien peut -il passer de voitures à la fois rue de Vaugirard -je ne sais pas , je n' ai pas fait l' expérience-disons 4,5 .
Il est important que les téléspectateurs comprennent bien qu' on ne peut pas avoir des télévisions partout , parce que il n' y a pas la place , dans l' espace , pour transporter les images-j'emploie une expression un peu grossière pour me faire comprendre -Il faut que ce soit libre , et il faut qu' il y ait , comme pour toute liberté d'ailleurs , une réglementation , une organisation qui fasse que la liberté ne tue pas la liberté .
Si vous avez 40 voitures voulant avancer de front , rue de Vaugirard , vous verrez ce qui arrivera : personne ne passera ! Quels critères ? Ce n' est pas à moi de le dire , il va y avoir un rapport , celui de monsieur Bredin , qui a été pressenti par le Premier ministre , et puis , il va y avoir la haute autorité : ils vont travailler , naturellement , de conserve , ils vont bien s' entendre , je l' espère , pour définir les libertés .
Oui , il va y avoir des chaînes en plus , en plus du service public : d' autres chaînes , des chaînes verticales , de grandes chaînes nationales qui passeront des arrangements avec les chaînes locales .
Je crois que dans l' ensemble de la France , il doit y avoir place pour 80 ou 85 chaînes au total .
Ce peut-être l' anarchie , il faut l' empêcher , d' où l' importance des décisions de la Haute Autorité et du Rapport Bredin .
C' est quand même un grand progrès , il ne faudrait pas qu' on reproche à la fois le fait qu' il n' y aurait pas de liberté pour l' expression télévisée , et d' autres fois , que ce soit l' anarchie : on ne peut pas faire les 2 reproches à la fois .
C' est son droit .
Madame , je vous en prie , le général de Gaulle , en 1944 , a fait adopter une ordonnance qui décidait qu' il ne pouvait pas y avoir d' empire de presse , et qui a organisé ce qu' on appelait une transparence , c'est-à-dire qu' on savait qui dirigeait et quels capitaux faisaient marcher un journal .
Cette ordonnance a été d'abord mal appliquée , puis pas appliquée du tout mais cela part du Conseil national de la résistance et du général de Gaulle .
Nous avons eu , en effet , le gouvernement de monsieur Mauroy : il a voulu une loi qui ressemblât à celle -là , beaucoup plus timide , beaucoup plus petite .
Cela n' était pas une loi contre une personne , mais comment imaginer qu' une seule personne ou un seul groupe d' intérêts pourrait posséder 18 , 20 , 25 % de la presse française ? Ce ne serait pas la liberté .
Pour l' audiovisuel , il existe une loi américaine -je vous la cite pour mémoire , je ne savais pas que vous me parleriez de cela , de cette façon du moins-qui interdit à des journaux écrits de posséder plus de 2 , peut-être 2 , enfin qui limite la capacité de la presse écrite à posséder des postes de télévision ou de radio .
Je crois que ce serait bien que le gouvernement français s' inspire de cette règle mais ce n' est pas monsieur un tel qui est visé , c' est là qu' on mélange toujours les problèmes personnels , c' est un problème de ne pas abuser de la liberté , de faire que la liberté soit vraiment au maximum garantie .
Ce risque est évident .
Interdisez la liberté , vous être accusé de tyrannie , accordez cette liberté , et vous êtes accusé d' anarchie ! Et j' essaierai avec le maximum de bon sens-avec vous si vous voulez bien , qui êtes de la partie , et quelques autres-d'avancer entre les 2 périls : oui , à la liberté , mais à une liberté raisonnable , qui ne tue pas la liberté .
Non , non , pas du tout .
Il faut préserver le service public .
En l' état , ce n' est pas moi qui déciderai de cela .
Il existe des gens qualifiés : le gouvernement détermine la politique de la France , c' est de sa responsabilité , de celle du Premier ministre .
Mais vous me demandez mon opinion , je vous la donne : il faut préserver le service public , qui est la meilleure garantie de la qualité .
monsieur Bredin a 3 mois pour soumettre son rapport , et moi je souhaite que ce soit fait tout de suite .
Non , ce n' est pas un voeu pieux , c' est un voeu que je ressens profondément moi-même .
Je suis comme les autres , je vieillis , donc j' acquiers quelques degrés sur le chemin de la sagesse et puis , je suis responsable de notre pays , et j' aime notre pays , comme vous l' aimez vous-même , je cherche donc à harmoniser , à réduire les passions , les rivalités , les antagonismes , je le cherche mais je ne le cherche pas au détriment de la démocratie .
Les élections sont une période où il est bien naturel que les formations politiques rivales s' affrontent .
Je souhaiterais quelquefois qu' elles puissent garder un certain ton : enfin ! on ne peut pas , en effet , un jour promettre la haute cour et le lendemain demander l' union sacrée ! Il faut s' entendre sur une façon de faire .
Mais enfin , je crois à la tolérance .
J' ai tout à l' heure esquissé -je dis cela pour conclure-une sorte de présentation en disant : je suis resté fidèle à moi-même -je le crois , en tout cas , je m' y efforce -je crois que c' est une vertu nécessaire , la fidélité aux choix de sa vie .
J' ai acquis un message merveilleux , admirable ! vous imaginez ce qui arrive à un homme lorsqu' il a un pays comme la France , des gens comme les Français , et c' est lui qui est le premier responsable , c' est lui qui doit veiller : c' est formidable et passionnant ! Mais moi , je ne voudrais pas que les Français obéissent trop à leur péché mignon historique , qui consiste toujours à être un peu trop espagnols , ou un peu trop anglais , comme on l' était au temps des guerres de religion ! Il faut qu' ils sentent surtout l' unité profonde de la Patrie .
C' est dans ce sens que j' ai travaillé , mais quelquefois j' ai des déceptions , je peux vous en faire la confidence .
Je ne dirai pas que je me sens un peu seul , car j' ai autour de moi le Premier ministre , des ministres , des amis , et plus beaucoup d' autres .
J' ai conclu , monsieur Du Roy , sur une citation que j' ai paraphrasée .
Je disais : au lieu de toujours demander à votre pays , à la France , ce qu' elle fera pour vous , pensez donc un peu à ce que vous pouvez faire pour elle , et je parlais de la tolérance .
Le premier cadeau à faire à la France , c' est d' apporter la tolérance , c'est-à-dire le respect de l' autre , c' est de renoncer , lorsqu' on a un privilège , à certains avantages pour que joue la solidarité , c' est de mettre la main dans la main pour que les Français gagnent les batailles que la dureté des temps leur propose .
Voilà ! je ne fais pas d' autre conclusion , sinon que je crois à la France , aux autres Français tout autant qu' à moi .
Ils ont su se battre et vaincre sur des champs de bataille autrement plus dangereux et terribles ! qu' ils gagnent donc la bataille de leur économie ! Cela exigera simplement cette toute simple vertu qu' on appelle le courage , lequel , dans les tranchées , autrefois-et j' arrête là la comparaison-exigeait aussi quelque tolérance entre ceux qui se trouvaient dans le même camp .