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Qui utilise le plus le mot «irakiennes» ?
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Les thèmes autour du mot «irakiennes»
Analyse multi-couches
de la cooccurrence autour du mot choisi dans le discours du qui
F. Mitterrand - 24 février 1991
Interview sur 4 chaînes de télévision
Je ne peux rien vous dire , vous le comprenez très aisément j' en suis sûr , qui pourrait nuire aux secrets nécessaires à une avance militaire sur le terrain face à l' adversaire que nous informerions . Cependant je peux confirmer les propos qui ont été tenus aux téléspectateurs par le Général Roquejoffre qui commande l' opération française là-bas , l' opération Daguet , et qui de son côté indiquait que l' avance française était d' au moins 50 kilomètres sur ce territoire où il se trouve , et que l' ensemble des autres forces , spécialement celles que se trouvent au sud , s' étaient dirigées vers Koweït City , la capitale du Koweït , avaient dépassé par sa rapidité les prévisions , c'est-à-dire qu' elles se trouvent en bonne position pour les heures et les jours qui suivent .
Mieux que prévu , mieux que prévu puisque cela va plus vite et avec moins d' obstacles que nous ne l' imaginions , ce qui ne préjuge pas bien entendu l' avenir des prochains jours .
Agréablement n' est peut-être pas l' adverbe le mieux choisi , mais c' est vrai qu' au vu de cette journée , un blessé léger par le fait d' une mine qui a explosé , c' est un résultat inespéré car , dans une opération de cette rudesse et de cette cruauté , on pourrait craindre d' autres pertes . Tout cela . je le répète , sans préjuger la suite à laquelle il faut se préparer .
Là , vous m' en demandez trop . Mais si elles étaient dans la ville de Koweït , on le saurait , vous le sauriez déjà .
Cela doit être le résultat du mois qui a précédé les événements d' aujourd'hui , c'est-à-dire l' action aérienne . Peut-être est -ce aussi une baisse du moral de la troupe adverse . Les soldats irakiens sont des gens courageux et exercés-rien ne doit être dit qui puisse laisser penser qu' ils auraient été en la circonstance de mauvais soldats-mais ils sont coupés de leurs bases , leurs liaisons sont mauvaises et ils n' ont pas toujours le ravitaillement qui convient , grâce au travail de ces dernières semaines . De ce fait , on peut comprendre qu' ils soient peut-être un peu , voire très désorganisés .
Pas encore . Elle ne se trouve pas située dans la zone où , pendant les premiers jours de combat , se déroule l' action .
Il y a un objectif , il n' y en a pas deux . C' est de pénétrer sur le territoire du Koweït , et naturellement , de toutes les manières , de front et par des manœuvres enveloppantes , ce qui exige que l' on passe par le territoire irakien , comme le font certaines troupes . Et non pas dans l' objectif d' attaquer l' Irak . Il y a la nécessité d' atteindre les troupes irakiennes qui se trouvent au Koweït ou celles qui , en Irak , se dirigeaient pour porter secours à leurs camarades de combat .
Vous ne m' avez pas posé cette question là .
Elles pourraient y être amenées , mais telle n' est pas I'intention de la France , de ses alliées , et tel n' est pas le mandat des Nations-Unies .
Je croyais avoir dit le contraire . Il y a des troupes qui sont à l' heure actuelle en Irak pour la lutte contre les armées irakiennes qui protègent ou bien qui vont et viennent afin d' assurer la bataille . Cela est nécessaire et chacun le comprend . Si l' on veut tourner le dispositif le plus fort et le plus dangereux pour nos troupes c' est bien de passer à côté . Mais l' objectif n' est pas du tout le territoire irakien . L' objectif n' est pas Bagdad , pour parler simplement .
Je vous répète que l' ordre donné aux armées c' est de libérer le Koweït . Le Koweït n' est pas dans la direction de Bagdad .
L' opinion est libre . Et tout ce qu' a accompli Saddam Hussein au cours de ces années , et surtout au cours de ces derniers mois , laisse beaucoup d' inquiétude . On ne voit pas comment il se corrigerait . Mais , je le répète , notre objectif est simple , je ne vais le répéter , tout le monde l' a compris . Seulement , il faut bien comprendre qu' une guerre perdue , des pertes très lourdes , une destruction de fait , des réserves , des communications , des moyens militaires de l' Irak dans cette bataille voulue par Saddam Hussein-car après tout le Koweït il n' était pas obligé d' aller le conquérir-c'est cela , l' objet même du litige , cela dure depuis le deux août de l' année dernière . Je pense que cette situation -là créerait des rapports de forces nouveaux à l' intérieur de ce pays , et que l' autorité politique , morale n' en parlons pas , et militaire de Saddam Hussein serait gravement atteinte . Mais c' est un effet induit . c' est un effet indirect de la bataille que nous menons .
C' est une question , en effet , qui exige une réponse . Parce que l' opinion publique internationale fait bien de s' interroger là dessus . Voyez -vous , l' Union soviétique a voté avec nous , depuis le deux août , toutes les résolutions du Conseil de sécurité des Nations-Unies . Douze résolutions , nous avons donc été en harmonie constante , rien ne nous a séparés . Certes nous avons adopté , nous , une attitude active . Nous sommes dans le combat militaire , l' Union Soviétique n' y est pas . Et cela ne suppose pas forcément une divergence d' appréciation . J' ai entretenu avec monsieur Gorbatchev des relations permanentes depuis le deux août . Hier encore nous avons parlé ensemble trois-quarts d' heure au téléphone , vers treize heures . On ne peut donc pas dire qu' il y a différend ou qu' il y a eu différend entre nous , là dessus . Il a estimé nécessaire , et sur ce plan là je ne peux que l' approuver , de chercher une autre chance pour éviter la guerre , et d' user de l' influence dont il peut disposer auprès des autorités irakiennes pour les amener sur un plan qui serait plus acceptable que les propositions dont vous vous souvenez à quel point elles étaient insensées . J' ai approuvé cette démarche , je l' en ai remercié . C' est un plan qui nous a été soumis et sur lequel je lui ai fait remarquer , mais je n' ai pas été le seul , d' autres Chefs d' Etat ont été mêlés à cette discussion , qu' il n' était pas assez précis sur quelques points , mais sur quelques points majeurs . Tenez , je vais simplement vous donner un exemple : le délai d' évacuation du Koweït , pour peu que monsieur Saddam Hussein en fut d'accord , en combien de temps les troupes irakiennes évacueraient -elles le Koweït ? Je le répète , discussion majeure , à l' origine certains coalisés disaient 4 jours , la France a proposé une semaine .
Il faut le dire , une semaine qu' est -ce que cela représente ? Les Irakiens sont venus et ont conquis le Koweït en deux jours , ils pourraient rentrer en deux jours . Ils y ont fait des travaux , ils ont emmené un matériel plus lourd , bien que nous ne soyons pas tenus d' avoir pour eux tant de délicatesse . Mais en fait , après avoir consulté tous nos experts et les chefs militaires français et étrangers les plus compétents , 7 jours permettaient sans aucun doute aux troupes irakiennes d' évacuer le Koweït . Tout ce qui serait allé au-delà , comme la dernière proposition de monsieur Gorbatchev et de monsieur Tarek Aziz , c'est-à-dire , le cas échéant , trois semaines , tout cela nous reportait vers la fin du mois de mars , le retour de la saison chaude , un péril supplémentaire pour nos soldats . Or , ce problème , il est posé depuis quand ? Il est posé depuis le deux août , c'est-à-dire bientôt depuis 7 mois .
L' ultimatum pour la guerre , celui qui a marqué la date du 15 janvier , il date du 29 novembre , c'est-à-dire que depuis le deux août , après les premières résolutions du Conseil de sécurité lui demandant de partir , le 29 novembre , fixant un ultimatum au 15 janvier , puis depuis le 15 janvier il y a eu une guerre aérienne de 5 semaines , on a vu ce qui s' est passé . Vraiment , Saddam Hussein a eu tout le temps , des délais , qui rendaient cette guerre menaçante sans qu' elle éclatât , puis réelle , sanglante , destructrice . Voilà des troupes qui sont placées et qui attendent l' heure . Nos soldats vont risquer leur propre vie , et on va faire durer cela ? Non c' était trop tard , nous l' avons dit . Nous avons dit voilà les trois points les plus sensibles . C' est la durée du délai : une semaine , c' est raisonnable . C' est le fait aussi que le cessez-le-feu ne peut pas avoir lieu avant toute autre opération , mais après ou pendant , avant c' est abandonner les moyens dont nous disposons . Et enfin demander que les résolutions des Nations-Unies fussent abolies , effacées , avant même toute autre discussion et tout autre événement , alors que seul le Conseil de sécurité peut dire que ces résolutions ne sont plus valables . Tout cela montre bien que nous avions le devoir moral , politique et militaire d' arrêter là et de dire : si dans les heures prochaines nous n' avons pas de réponse qui convient du dirigeant irakien , alors c' est le dernier ultimatum , nous nous réservons le droit d' entrer en action quand nous le déciderons
Pourquoi les Etats Unis ? Il y a aussi vingt-huit autres nations qui sont associées aux Etats Unis dans cette action , même si les Etats Unis représentent la force principale dans cette circonstance . Il y a bien des conflits moins importants , mais cependant redoutables . Dans d' autres circonstances , au Tchad , qui était là pour soutenir l' indépendance du Tchad en face de son adversaire , sinon la France ? Personne n' est venu l' aider . Personne n' est venu l' aider militairement , j' entends , sauf le Zaïre et c' est tout . En la circonstance les Etats Unis remplissent le rôle principal , et nous l' avons admis . Nous avons fait infléchir certaines décisions . Nous avons lutté pour la paix jusqu' au 15 janvier au soir , à la veille de la guerre . Cela dit , maintenant , lorsque le Conseil de sécurité se réunit et il était réuni depuis déjà huit jours en permanence , il travaille à huis clos c' est peut-être pour cela qu' on en a moins parlé , mais le Conseil de sécurité est convoqué , il peut s' exprimer .
Je crois qu' on ne peut pas se servir de cet argument pour penser que nous avons voulu brusquer les choses . Mais nous ne pouvions pas remettre cette date constamment , alors que la vie et la sécurité de nos soldats sont en cause . Nous ne pouvions pas constamment retarder , retarder jusqu' au jour qui conviendrait à monsieur Saddam Hussein . Nous n' avions pas de raison de nous laisser conduire jusqu' à ce piège .
Allons , voyons , monsieur Bromberger , exercé comme vous l' êtes aux travaux diplomatiques , vous pouvez me poser cette question ? Mais enfin , la paix dépendait de l' acceptation par l' Irak des conditions posées par la déclaration commune des pays coalisés ! Celle qui comportait notamment ce délai de 7 jours . Cette déclaration là , elle ne comportait pas d' équivoque , c'est-à-dire que , si Saddam Hussein disait " je l' accepte " , c' était la paix . Et si c' était la paix , dans l' heure qui suivait nous indiquions à nos chefs militaires qui sont sur place qu' il convenait d' interrompre toute manœuvre militaire qui aurait conduit dans les heures suivantes à l' attaque . Mais si c' était la guerre , cela devait se préparer . Vous n' imaginez pas que nous allions improviser entre 18 h 00 , heure française , hier soir , et deux h 00 du matin , que nous allions improviser des plans de bataille ! Oui , nous étions quelques-uns à savoir que si rien ne s' arrangeait , si toutes les tentatives de conciliation échouaient , si en même temps Saddam Hussein refusait obstinément comme il l' a fait , de respecter les décisions des Nations-Unies , oui , nous savions qu' à cette date , pas exactement à quelle heure , le combat s' engagerait . C' est ce qui s' est produit . Mais comment n' aurions -nous pas préparé la guerre ? C' est une affaire sérieuse .
Mais , monsieur Bortoli , on a lu assez d' articles , on a entendu assez de déclarations déplorant que la France faisait cavalier seul ou affirmait sa différence ? Je ne vais pas vous l' apprendre . Et c' est vrai que la France a affirmé sa différence , et elle a eu raison . Elle affirmait sa différence , notamment lors de son plan de paix du 15 janvier , mais en bien d' autres circonstances . Mais pendant le combat , alors que les soldats sont là ensemble , fraternellement , qu' ils luttent pour la même cause , que la sécurité de l' un commande la sécurité de l' autre , nous allons nous permettre de servir , je ne sais quel jeu de divergence ou d' opposition ? Oui , nous sommes liés , nous sommes alliés , nous respectons nos alliés et nous entendons faire ce que nous nous sommes engagés à faire , comme eux-mêmes l' accomplissent . Après , c'est-à-dire pour le débat de la paix , nous avons déjà dit ce que nous souhaitions , mais nous serons croyez -le , ce que nous sommes , comme nous l' avons toujours été dans notre Histoire . Comme nous l' avons marqué depuis la fin de la dernière guerre mondiale , eh bien nous affirmerons les objectifs qui nous paraîtront les plus justes , et personne ne nous donnera de consigne .
Mais bien entendu , et si j' ose dire , cette guerre a été rendue nécessaire , et pas par nous . Le Président irakien a choisi un mode de suicide politique et militaire il n' a saisi aucune occasion , elles ont été multiples en 6 et 7 mois . Mais dès que nous en aurons fini je l' espère , j' espère vite , il faudra bien parler de l' Irak , il faudra bien que l' Irak vive , il faudra bien qu' il vive en paix , il faudra parler du Koweït , il faudra réparer le mal , il faudra parler du Moyen Orient , il faudra parler des autres conflits , parler du conflit israélo-arabe , il faudra parler du conflit ou plutôt de la situation du Liban , il faudra parler de tout ce qui touche à la paix dans cette région du monde et partout ailleurs . Eh bien , nous le ferons , et la France ne manquera pas de trouver dans sa tradition des propositions riches d' avenir qui montreront bien qu' elle n' a fait la guerre ni contre l' Islam ni contre les Arabes .
Nous sommes d'ailleurs associés , je l' ai dit la première fois , avec beaucoup de pays musulmans et arabes dans cette guerre , et nous montrerons aussi que nous savons être logiques et qu' on ne peut pas réserver à un pays particulier en l' occurrence l' Irak , un traitement aussi dur que celui qu' il subit en oubliant d' agir avec équité lorsque d' autres conflits se proposeront à la négociation .
Je voudrais vous dire un mot pour terminer , et je suis sûr que j' exprime votre pensée , j' exprime celle de tous ceux qui nous écoutent , une pensée pour nos soldats . Au fond , nous les aimons , nous les soutenons , je crois pouvoir dire que nous avons confiance . Dans bien des foyers français il y a des pères , des mères , des femmes , des enfants qui tremblent , qui s' inquiètent . Alors , que l' on sache que le Président de la République pense à eux , les aide , les aidera et entend bien mobiliser la nation , pour que chacun sache qu' au moins nos soldats se sentent appuyés par la France .