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de la cooccurrence autour du mot choisi dans le discours du qui
F. Mitterrand - 13 août 1992
Interview au journal "
; _sud-ouest_" ;
Le Conseil de Sécurité des Nations-Unies en délibère aujourd'hui même et l' on devrait connaître dès ce soir la résolution qui sera adoptée .
Cette résolution autorisera l' accompagnement militaire des missions humanitaires . Elle organisera le contrôle et la visite des camps où sont détenus des prisonniers civils et militaires sur le territoire de la Bosnie .
Oui , mais ses effets seront également politiques dans la mesure où l' on peut penser que les belligérants , et particulièrement les Serbes , hésiteront à affronter une force internationale de ce type qui engagera les Nations-Unies .
Non . Le Conseil de Sécurité ne discute pas de cela . Aucun pays ne l' a proposé . Certains y sont violemment hostiles . Le Président Bush a bien évoqué récemment l' hypothèse de bombardements aériens , mais les Etats-Unis n' ont pas déposé de résolution allant dans ce sens . La Grande-Bretagne a déjà fait connaître son opposition catégorique . La Constitution de l' Allemagne Fédérale ne permet pas à ce pays de s' associer à des campagnes militaires . Je ne connais pas de pays favorable .
Nous pensons qu' il n' y a d' action possible pour elle que dans le cadre des Nations-Unies . Il ne peut être question d' une intervention isolée . J' ajoute qu' une campagne proprement militaire constituerait une épreuve redoutable . La France ne le propose pas .
Je répète que cette suggestion n' a été reprise par personne lors de la discussion du Conseil de Sécurité . Cela dit , si je comprends l' intention de ceux qui se prononcent en faveur de ces bombardements , je ne partage pas leur conviction . La nature du terrain et celle des armements employés là-bas rendraient vaine cette méthode . Je ne crois pas davantage qu' il soit bon pour le retour à la paix et au dialogue que nous devenions des belligérants . D'autant plus que cela entraînerait de facto le retrait des 15000 soldats de l' ONU et l' impossibilité de poursuivre toute action de conciliation .
Notre pays est à l' origine de la plupart des initiatives tendant au retour de la paix . Il a d'abord , avant même l' aggravation du conflit , demandé à ses partenaires européens , en même temps que la proclamation du droit à l' indépendance des républiques ex-yougoslaves , la définition d' un statut de protection des minorités dans chacune de ces républiques . A cette fin , il a préconisé une triple démarche diplomatique : une conférence de la paix propre à la Communauté européenne , la création d' une commission d' arbitrage pour la prévention et la résolution des conflits ; une conférence internationale élargie aux membres du Conseil de Sécurité et aux divers pays directement intéressés au règlement de cette crise .
Nous avons , dès l' été 1991 , voulu associer les Nations-Unies et l' UEO dans une force d' interposition , ce qui , dans un premier temps , nous a été refusé . Nous participons aux forces des Nations-Unies , les " casques bleus " . Le contingent français est le plus important du monde , 2750 de nos soldats appartiennent à ces forces . Seuls autres membres de la Communauté à y être représentés : le Danemark , la Belgique et le Luxembourg , avec respectivement 865 et 645 hommes . Le plus important contingent après le nôtre est celui du Nigeria avec 945 soldats . Le Canada est présent avec 537 des siens . Il n' y a ni Américains , ni Allemands , ni Italiens , ni Espagnols . On trouve 258 Britanniques dans les services de santé . Voilà la vérité . Elle devrait aider ceux qui prétendent , soit que la France a du retard , soit qu' elle est timorée , à approfondir leur réflexion .
En réaffirmant le droit à l' autodétermination des uns et des autres , la France savait qu' elle heurterait la Serbie . Je l' ai dit moi-même à monsieur Milosevic et à monsieur Tudjman , le Président croate , lorsqu' ils sont venus me voir à Paris à vingt-quatre heures d' intervalle .
Sans doute ai -je estimé , contrairement à beaucoup , qu' il était difficile de démêler les torts dans les affrontements séculaires que se livrent ces peuples . Le général canadien Mac Kenzie , chef des " Casques bleus " à Sarajevo a dit la même chose au terme de sa mission . Il est également vrai que je n' oublie pas les liens historiques de la Serbie et de la France , ni leur solidarité lors des deux guerres mondiales . Mais le droit est le droit , et je n' accepte pas plus des Serbes que des autres les manquements aux droits des gens , aux droits des peuples . La Bosnie , qui est le centre du débat actuel , a vu sa souveraineté reconnue par les Nations-Unies . Je condamne quiconque s' y oppose . Enfin , l' existence de camps de misère et de mort m' est insupportable .
Je suis allé à Sarajevo à des fins strictement humanitaires : tenter de forcer le blocus de cette ville , à tout instant canonnée et mourant de faimonsieur Je n' ai pas joué le rôle d' un négociateur . Mon objectif était limité , mais pas sa portée symbolique . Depuis cette date , non sans difficulté , la porte de Sarajevo est restée ouverte et l' aéroport tenu par les Nations-Unies .
Je souhaite que tout soit fait pour la réussite de la Conférence internationale que la France a proposée et qui vient d' être acceptée et organisée par la Grande-Bretagne , actuelle présidente de la Communauté des Douze . On n' a pas procédé autrement pour régler , par exemple , les guerres de Corée , d' Indochine , du Cambodge , ainsi que pour le conflit israélo-palestinien . Il y faut de la patience . Pendant que les diplomates discutent , le sang coule . L' urgence est extrême . Allons vite . Mais ajouter la guerre à la guerre ne résoudra rien .