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de la cooccurrence autour du mot choisi dans le discours du qui
V. Giscard d'Estaing - 28 février 1981
Interview dans la presse ( le figaro-magazine )
L' un des grands intérêts de la fonction que j' exerce est de raisonner dans la durée . L' année dernière , j' ai rendu visite à deux grandes civilisations mondiales , en me rendant en Inde , en début d' année , et en Chine , à l' automne . Durant toute l' année , j' ai lu des ouvrages relatifs à l' histoire de ces civilisations depuis leurs origines . Lorsqu' on occupe de hautes responsabilités à la tête de l' Etat , on ne doit pas vivre dans la myopie du quotidien . Il faut savoir si , dans la période où l' on vit , quelque chose se crée , si une société se défait ou se perd , ou si , au contraire , elle progresse .
Mon grand espoir est de faire en sorte que la société française voie jaillir la lueur d' une nouvelle civilisation . Certains signes me semblent encourageants . Je pense d' abord au signe que constitue le renouveau spirituel et culturel . Je sais , certes qu' il y a une baisse de fréquentation des pratiques religieuses en France , mais il est indéniable que ceux qui continuent à pratiquer connaissent une intensification de leur croyance . De même , le voyage qu' a accompli , au printemps dernier , le pape dans notre pays représente un signe positif , non par le succès de curiosité qu' il a suscité , mais parce que les Français ont senti qu' il apportait une possibilité de renouveau de la croyance spirituelle . L' intensité spirituelle se retrouve également au - sein des églises protestantes .
L' autre signe est la vitalité démographique et biologique qui s' affirme dans la jeunesse française . Vous avez sans doute tous été frappés par la vivacité des jeunes enfants de 5 à 10 ans , ils sont étonnamment éveillés , vivants , gais . Cela exprime certainement quelque chose . Les jeunes qui sont au travail ou qui étudient sont ouverts sur le monde , conscients de la dimension internationale des problèmes , prêts à s' engager pour une cause qui ne soit pas matérialiste . De même , nous assistons actuellement à un redressement de la courbe démographique . C' est l' indice d' un profond mouvement qui s' amorce et s' anime dans notre société . Rien ne serait plus heureux pour moi bien plus que n' importe quel résultat électoral que l' apparition de cette lueur positive en France . Une nouvelle civilisation , qui rassemblerait les Français et les rendrait heureux de vivre ensemble .
Intentionnellement . C' est une clé de notre avenir : vivre , et agir ensemble .
Le patriotisme français présente un caractère particulier : il s' agit de ce que j' appellerai un patriotisme des frontières , qui se manifeste lorsque nos concitoyens sentent qu' une menace pèse sur eux , sur leur identité nationale , sur leurs frontières . Pendant l' hiver 1944 1945 , alors que beaucoup de personnages dont certains sont encore aujourd'hui des dirigeants politiques discutaient entre eux à Paris , des jeunes gens , dont moi - même , se battaient aux frontières pour libérer des provinces encore occupées par l' ennemi . Car des provinces encore occupées , cela nous était , d' instinct , insupportable .
Actuellement , aucune menace ne pèse directement sur nos frontières , les Français ne se sentent pas attaqués , c' est pourquoi le patriotisme ne trouve pas matière à s' exprimer . Il faut développer le sentiment commun des Français , faire que dans le monde qui vient ils aiment vivre ensemble , se sentir côte à côte , en poursuivant des objectifs communs .
Aucun projet d' envergure ne sortira jamais à cet égard des sphères politiques . Lorsque les politiciens l' évoquent , il ne s' agit que d' un attrape - nigaud , car ils n' y voient qu' un gadget susceptible de le Actuellement , elle est insuffisante en France . Dans notre pays , il s' est souvent agi d' une croyance collective de survie : elle est forte dans les temps de guerre , d' invasion , d' occupation .
Oui . Le sentiment patriotique français reste fort et je suis persuadé , malgré certains sondages , que , si l' on faisait appel à lui , en cas de nécessité , il saurait se manifester .
-En revanche , dans la vie courante , la croyance collective des Français est malheureusement faible . La preuve en est que l' on constate des oppositions , non seulement entre les familles politiques , mais également des affrontements à l' intérieur de ces familles . C' est bien la seule . La question est de savoir si elle est solide . Il n' existe entre la désorganisation politique de la France et la situation actuelle que le mince rempart des institutions . J' ai longtemps cru qu' il pouvait y avoir aussi celui de quelques hommes mais , à force d' écouter leurs déclarations et d' observer leur comportement , je le crois plus . Nous verrons si ce rempart est suffisamment efficace .
Le débat est ouvert sur cette question , qui mérite une réflexion approfondie , car elle comporte des éléments contradictoires . Il est d' abord indéniable qu' une longue durée est nécessaire , même 7 ans ne suffisent pas pour voir aboutir des actions que l' on a engagées . Tel sera le cas du programme relatif à la fusée à têtes multiples , ou celui de l' équipement électronucléaire de la France . En revanche , il est tout aussi indéniable qu' un besoin de renouvellement de la société se manifeste constamment dans de nombreux domaines . Cela dit , plusieurs questions sont posées .
Il faut , par exemple , examiner si la même personne peut être réélue indéfiniment , ou s' il est sage de limiter le nombre de mandats . En raccourcissant la durée du mandat , il faut savoir qu' on oriente le pays vers une présidentialisation certaine du système politique . Dans le cas où la France connaîtrait une élection présidentielle tous les 5 ans , il est évident que le seul personnage qui influerait sur la vie politique française serait alors le président de la République .
Les arguments sur le sujet sont contradictoires , mais , je le répète , la réflexion reste ouverte . J' observe d' ailleurs que ceux qui prônent , aujourd'hui , le raccourcissement du mandat présidentiel sont les mêmes qui ont voté contre , lorsqu' un gouvernement , dont je faisais partie , l' a proposé en 1972 . Singulière logique .
Je n' aime pas l' expression parti de l' étranger , il n' existe pas un tel parti . En revanche , il y a des hommes qui ont , en effet , des réflexes anti-France , et qui pratiquent le dénigrement systématique de toute action conduite au nom de notre pays . Je ne sais si cela procède chez eux d' une vieille hostilité contre le pouvoir qui se serait dévoyée , ou si cette attitude découle du souvenir de la période où la France était tellement puissante que l' on pouvait se permettre d' agir ainsi sans conséquences . Chacun d' entre vous peut vérifier l' existence de tels comportements .
Lorsqu' un désaccord nous oppose à un autre pays , certains déclarent ou écrivent aussitôt : La France n' a pas réussi à faire prévaloir son point de vue , ou encore : Les Moldaves n' approuvent pas la position de la France . Ils pourraient au contraire écrire : La France n' approuve pas la position de la Moldavie .
Lorsque apparaissaient certaines divergences entre la France et les Etats-Unis , les mêmes personnes indiquaient automatiquement que les Américains étaient déçus de l' attitude de la France . Il serait pourtant tout aussi simple de dire que la France était déçue par l' attitude des Etats-Unis . Vous les reconnaissez à leurs réactions : ce sont les hommes de l' anti-France .
Il s' agit de tout autre chose . Il convient de distinguer l' opposition à l' Etat dans un pays où le pouvoir est ancien et très centralisé ce qui ne constitue nullement une faute nationale et l' attitude antifrançaise qui correspond au slogan : C' est mon pays , donc il a tort .
Elle n' a pas changé . Il faut dire que je la connaissais avant . Je l' avais vue exercer par le général de Gaulle et le président Pompidou .
Non .
Certainement oui . Il est impossible d' exercer quelque fonction que ce soit pendant 7 ans sans en subir l' influence . J' ai d' abord constaté qu' il fallait du temps pour apprendre . deux ou trois années sont nécessaires pour assimiler le fonctionnement de tous les rouages . Il faut tout avoir fait au moins une fois pour commencer à dominer le sujet .
J' ai ensuite relevé l' importance des rapports avec les hommes , et les jugements qu' il convenait de porter sur eux . Je vous laisse imaginer ce que j' ai parfois ressenti à cet égard .
Malheureusement pas aujourd'hui . Il est nécessaire de ne pas oublier , tout au long de cet entretien , que nous vivons dans une période de crise économique et sociale grave . Celle - ci frappe nombre de situations , et elle influence profondément les esprits . C' est ainsi que la construction européenne a rencontré de sérieuses difficultés .
Je ne le crois pas , mais il s' agit d' un problème de culture . L' identité européenne naîtra grâce à la culture , et non par de vagues combinaisons de lois électorales ou des discussions sur des budgets communautaires .
En - matière militaire puisque c' est de cela qu' il s' agissait l' information me semble bien assurée , notamment grâce à la télévision . Lorsque j' ai été élu Président de la République , je vous rappelle qu' il existait des comités de soldats dans l' armée et qu' on distribuait des tracts antimilitaristes aux permissionnaires dans les gares parisiennes . Nous avons pris les mesures nécessaires , et il n' y en a plus aujourd'hui . C' est heureux , car il ne saurait y avoir d' armée apte au combat avec des comités de soldats en son sein .
Tout le monde a également eu connaissance des décisions que j' ai prises en faveur de l' armement stratégique que constitue la fusée M4 à têtes multiples . La décision de fabrication a été arrêtée il y a plusieurs années , et elle concerne des programmes qui mettent 10 ans à être réalisés .
Je suis très préoccupé de cette évolution . L' une des plus mauvaises impressions que j' ai retirées du dernier Conseil européen est d' avoir entendu exposer des thèses neutralistes par certain chef de gouvernement .
Elle ne s' en fait pas faute . Dans ce vaste pays que représente la république fédérale d' Allemagne , il existe une opinion publique nombreuse , au - sein de laquelle cohabitent divers courants dont celui que vous avez mentionné . Je suis convaincu que la grande majorité de la population allemande n' est pas neutraliste . Et nous l' avons vérifié avec le chancelier fédéral , lors du dernier sommet franco-allemand . En revanche , je reconnais que des dirigeants d' autres pays européens tiennent des propos neutralistes .
Il fallait d' abord que la France ait une défense forte . Or , elle aura , en 1981 , et plus encore en 1985 , la puissance militaire la plus forte , et de loin , de son histoire . Nous sommes en train d' expérimenter une fusée M4 à têtes multiples pour les sous-marins stratégiques . La France possédera , en 1985 , la plus forte puissance militaire qu' elle ait jamais eue .
Pourtant je le dis . Nous avons décidé de nous doter des armes les plus modernes , nous avons mené toutes les expérimentations nécessaires . Cela a été dit et publié . Certes , nous savons que notre sécurité repose sur une alliance dont nous sommes un partenaire à part entière , et non pas un simple sujet . Nous avons d' ailleurs pu vérifier les conditions de son fonctionnement dans plusieurs situations de crise . La France veut être et doit être un interlocuteur de la paix . Je sais que lorsqu' on emploie le mot paix , certains l' assimilent en se référant à des expériences telles que celle de Munich aux notions de résignation ou d' abandon national . Mais il ne s' agit pas de cela . La - recherche de la paix consiste à étudier toutes les possibilités de règlement des problèmes avant que leur solution ne devienne catastrophique . S' il faut se défendre , nous le ferons , mais , auparavant , nous devons tout faire pour explorer les autres possibilités .
Vous savez bien , puisque vous les avez interrogés , que les dirigeants américains emploient , à propos de la politique que la France a menée au - cours de ces dernières années , le mot de virilité . C' est le seul pays du monde à l' égard duquel ils utilisent ce terme . Chez nous , certains croient que la fermeté consiste à taper d' un petit poing rageur sur la table du Café du commerce . Pour quoi faire ? Pour effrayer qui ? La fermeté consiste à mener une politique à un haut niveau , en définissant clairement ses objectifs , et en se dotant des moyens d' action appropriés .
Je ne suis pas sûr que ce soit là la plus grande crainte des Français . Leur première crainte , c' est la guerre et la destruction . Si une guerre se déclenche dans le monde , elle se déroulera , une fois de plus , en Europe occidentale , où l' accumulation et la concentration des armements sont telles que ce serait la fin de l' Europe occidentale , une fin plus ou moins glorieuse , mais la fin tout de même .
Je n' aime pas le mot finlandisation , que les Finlandais eux - mêmes détestent . Ils se trouvent dans une situation géographique et diplomatique difficile et ils sont parvenus à concilier une authentique indépendance nationale avec les données de leur voisinage . Les Finlandais ressentent le mot finlandisation comme une insulte .
Il s' est élargi et consolidé . Voyez vos enfants ou ceux de vos amis , et leurs camarades . La jeunesse française est plus homogène que la jeunesse des générations précédentes , qu' il s' agisse du cadre de vie ou de la manière de vivre quotidienne .
Considérez deux exemples . En 1974 , on construisait une maison individuelle pour trois logements , on en construit deux sur trois en 1980 . Leurs propriétaires entrent dans le groupe central . J' ai aussi réussi à faire passer , au - prix d' un effort tenace , une loi relative à la distribution gratuite d' actions aux salariés . Elle intéresse un million de personnes qui appartiendront progressivement au groupe central . Ce groupe n' a pas encore acquis son identité culturelle , sociale ou politique mais , sociologiquement , il est en voie de formation . Beaucoup de vos lecteurs entrent certainement dans cette catégorie .
Deux éléments : la profondeur de ses divisions , l' excès des querelles et des rivalités de personnes .
Oui . Mais lorsque la France était une super-puissance , elle pouvait se payer ce luxe . Quand on est une puissance qui doit s' imposer , il en va autrement .
Malheureusement , elle a augmenté . Nous assistons à la lutte permanente des partis contre les institutions politiques . Ces partis sont peu représentatifs , si vous considérez leurs effectifs , mais ils sont aussi les seuls à s' exprimer dans des organes nationaux , dans les médias , les seuls à tenir des congrès . On entend qu' eux . Et pourtant , chaque fois que la France subit une grande épreuve nationale , les partis disparaissent . En 1939 1940 , leur naufrage fut total . Au lendemain de 1958 , ils ont disparu devant le problème de l' Algérie et la crise des institutions . Ils ont complètement disparu également au lendemain de 1968 .
Dans une période calme , les partis manœuvrent vers le pouvoir Elle a changé . En bien , d' abord , elle a mis de l' ordre chez elle : dans son système éducatif : dans son armée , dans ses grandes institutions nationales , dans son économie . La France est plus solide qu' elle ne l' était et elle a commencé , depuis trois ou 4 ans , une préparation intense et sérieuse de son avenir dans bien des domaines . Elle a donc évolué , et positivement évolué . Cependant , elle reste fragile politiquement . Voilà un sujet de grande préoccupation pour moi . Dans les mois à venir , la France pourrait jouer un grand rôle sur le plan international . Elle est l' interlocuteur désigné , pour l' instant , des deux grandes superpuissances , les Etats-Unis et l' Union soviétique les raisons en sont d' ailleurs différentes . Interlocuteur des Etats-Unis , nous l' avons vu avec l' entretien téléphonique du président Reagan la semaine dernière , de l' Union soviétique aussi , j' ai eu l' occasion d' en témoigner .
Cette question s' adresserait à un candidat . Sur le plan social , je citerai la transformation de la situation des personnes âgées et , sur le plan économique , la création des conditions de l' indépendance énergétique de la France .
D' abord , il est faux que , dans les démocraties occidentales , la France soit une nation particulièrement inégalitaire . En réalité , la France se trouve dans une situation moyenne . Ailleurs , dans d' autres pays , il existe de bien plus grandes fortunes qu' en France , et aussi des familles bien plus pauvres , y compris aux Etats-Unis . Chacun le sait .
Second aspect de la question : s' il faut réduire les inégalités excessives , je n' ai jamais été partisan d' une société égalitarienne , nivelant les conditions de vie . Ce serait absurde .
De la social-démocratie scandinave . Pour moi , non . J' ai toujours pris soin de dire qu' il faut réduire les inégalités excessives , celles qui ne trouvent pas leur justification dans un effort particulier de l' individu , dans ses aptitudes à créer , à inventer . Or , il est important de noter que de 1974 à 1979 les inégalités excessives les plus importantes dans la vie sociale se sont réduites , celles qui touchaient les personnes âgées , les travailleurs à bas salaires , les femmes seules . Tel est le sens de l' évolution .
Au - cours de la période antérieure , notamment durant la période d' enrichissement de la France , les inégalités s' étaient au contraire accentuées , ce qui fut à l' origine de la situation de 1968 , qui ne s' est pas reproduite de mon temps . Depuis 1974 , il y a eu réduction des inégalités excessives . C' est un fait vérifiable .
Le libéralisme avancé se distingue fondamentalement de la social-démocratie , car son objectif principal n' est pas le même . Pour le libéralisme avancé , l' objectif fondamental , c' est la liberté dans tous les domaines . Tandis que le but de la social-démocratie est une organisation semi-collectiviste de la société . Entre une société orientée vers la social-démocratie et une société orientée vers le libéralisme avancé , il peut y avoir des points communs , mais les différences sont considérables .
Sachez que la France est considérée dans le monde comme un exemple de liberté . Nous pouvons développer ce point si vous voulez . Dans notre pays , la liberté d' expression est totale , et je suis bien placé pour le savoir . Aucun journaliste , aucun homme politique n' a jamais été écouté depuis 7 ans . Nos adversaires s' abstiennent soigneusement de le dire .
En matière économique , la décision la plus importante prise depuis 1945 a consisté à décider la liberté des prix . Toutes les autres décisions étaient moins essentielles . En décidant la liberté des prix , au printemps de 1978 , nous sommes passés , en vérité , d' un système économique à un autre .
A très court terme , il est également possible de réduire le chômage en accroissant l' inflation . En Grande-Bretagne , les travaillistes ont suscité une demande artificielle pendant quelques mois , mais en augmentant l' inflation . Ils ont créé une activité économique provisoire , mais sans régler au bout du compte aucun problème d' emploi . Bien au contraire . La France a choisi , elle , la - recherche d' une solution équilibrée : le maintien de l' activité et de l' emploi , et donc la diminution du chômage , en même temps que la réduction progressive de l' inflation . Cette solution , elle était en voie de l' obtenir : considérez la situation à mi 1978 . L' inflation était tombée au - dessous de 10 % . L' accroissement du nombre des demandeurs d' emplois , sur une année , était pratiquement nul .
Mais les hausses répétées du prix du pétrole 7 depuis le début 1980 se sont produites . Ce n' est pas la seule cause de l' inflation bien sûr , mais cette cause a agi sur des organismes déjà minés par la crise : d' où une recrudescence de l' inflation , et du chômage . Elle a joué dans tous les pays et souvent plus que dans le nôtre . Mais il est vrai que l' opinion française l' a ressentie en profondeur .
Aujourd'hui une action combinée est nécessaire sur les deux éléments , chômage et inflation . Nous n' avons pas suivi la politique extrême qui eût consisté à casser l' inflation à n' importe quel coût social . Je le répète .
Car la politique du freinage brutal , c' est l' antichambre du Front populaire , ou l' antichambre du programme commun effectivement appliqué . Nous devons maintenir au tout premier rang le rétablissement de la situation de l' emploi , la réduction du nombre des chômeurs . Cette action comporte une série d' initiatives . J' ai demandé au Premier ministre de les préparer . Il vient d' annoncer , mercredi , un ensemble important de mesures . Ce n' est qu' une première étape .
Si l' on considère les jugements que les Français portent sur la politique suivie au - cours des dernières années , on est conduit à formuler deux observations frappantes . D' abord les Français approuvent presque toutes les politiques suivies , par exemple la politique énergétique , la politique de défense , l' action en faveur des personnes âgées ou la réduction des inégalités , entre autres .
Mais il y adieux exceptions de taille : l' inflation la hausse des prix en langage courant et le chômage . Le public ne condamne pas les politiques suivies il en approuve au contraire les orientations mais il manifeste son mécontentement devant deux situations : la hausse des prix et le chômage .
A cet égard , une querelle est inutile : celle qui consiste à savoir quel phénomène , du chômage ou de l' inflation , est la cause de l' autre , à Byzance , on se demandait déjà si les prêtres devaient ou non porter la barbe . En fait , les deux éléments sont indissociables . Il est toujours possible de réduire l' un en accroissant l' autre . Par exemple , on pourrait réduire massivement le taux d' inflation , mais en acceptant 500000 chômeurs de plus . Une politique monétaire restrictive pourrait aboutir à ce résultat .
Non . Absolument pas . Jusqu' à présent , la pré-campagne se déroule à volets fermés . Comme si le monde extérieur n' existait pas , avec ses menaces et ses risques considérables . Comme si notre vie quotidienne n' était pas affectée par divers événements , eux - mêmes très largement déterminés de l' extérieur . Pour les Français , il n' est pas possible dans ces conditions de faire le choix essentiel . Or , il s' agit d' élire le président de la République , et non de discuter tel ou tel point de notre législation en ignorant les données fondamentales de notre situation intérieure et du monde extérieur .
Au - cours de cette pré-campagne un risque et une tentation sont apparus . Le risque consiste dans le retour à l' instabilité politique . Il consiste à croire que des décisions purement politiques , des changements de personne ou d' équipe , suffiraient à régler les problèmes de fond ou à répondre aux aspirations de telle ou telle catégorie . Le risque , c' est aussi celui du désordre . Pendant 7 ans , je me suis efforcé de maintenir la France dans l' ordre . Il n' y aura pas eu de mai 1978 . Toutes les élections ont eu lieu à leur échéance normale : pas de dissolution . En 7 ans , il n' y eut qu' un seul changement de Premier ministre , en dépit des difficultés politiques et économiques .
Or , il existe des choix qui entraîneraient un désordre dans la vie quotidienne , dans la vie politique , dans l' économie , dans les entreprises . La tentation consiste à s' imaginer que , dans ce désordre , telle ou telle catégorie pourrait espérer trouver un avantage particulier ou catégoriel .
En un mot , voici ma conviction : si la France cède à la tentation de l' instabilité politique ou si elle prend le risque du désordre , elle est perdue .